Le Burkina Faso tient, du 1er au 9 décembre, la 18e édition des “Journées nationales du refus de la Corruption” (JNRC). Pour cette édition, le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) met au centre du débat public, la problématique du blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Objectif : contribuer au renforcement des actions citoyennes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au Burkina. Les organisateurs ont tenu à ce sujet, ce 1er décembre à Ouagadougou, une conférence de presse.
« Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme : quelle contribution citoyenne ? ». C’est le thème de la 18e édition des JNRC.
Pour le REN-LAC, ce thème se justifie par le contexte national qui, malgré les efforts des Forces de défense et de sécurité, est caractérisé par la persistance des attaques terroristes et leurs lots de victimes civiles et militaires. En plus, la corruption continue de sévir.
Situation de la corruption au Burkina
Selon l’Indice de perception de la corruption de Transparency international, cité par le REN-LAC, le niveau de corruption est resté préoccupant en 2022. Le Burkina a obtenu une note de 42 points sur 100, la même qu’en 2021.
Cette note s’est améliorée par rapport à 2020. Elle était alors de 40/100. Le REN-LAC note cependant que le pays “est toujours loin de la moyenne de 50 points sur 100”.
Par ailleurs, le rapport 2021 sur l’état de la corruption, réalisé par le REN-LAC et publié en décembre 2022, indique un accroissement continu du phénomène de la corruption dans notre pays sur les six dernières années.
Autre source citée : l’Indice synthétique de perception de la corruption (ISPC). Cette étude mesure la perception des Burkinabè sur la fréquence et l’évolution du phénomène.
“Le niveau de corruption a connu une hausse substantielle de 30 points, passant de 41 points en 2016 à 71 points en 2021”, relève le REN-LAC.
Rapport entre corruption et blanchiment de capitaux
Il existe, selon le REN-LAC, une corrélation entre le niveau de corruption d’un pays et son niveau d’exposition au risque de blanchiment d’argent.
“Le blanchiment de capitaux peut se définir comme étant le fait de donner une apparence licite à des capitaux illicites provenant, entre autres, de la corruption, des détournements de deniers publics et des fraudes fiscales”, précise le REN-LAC.
Il cite, à ce sujet, le rapport 2023 de l’Indice de Bâle (Suisse) sur le blanchiment d’argent. Selon ce rapport, les pays les plus touchés par le phénomène de la corruption sont aussi les plus exposés au risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
Le Burkina y est classé 34e sur 152 avec un indice de 6,48 sur 10 en 2023.
Sur la base de ces chiffres, analyse le REN-LAC, le Burkina Faso est “un pays où le risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme est très élevé”.
Lorganisation évoque également les résultats de l’Évaluation nationale des risques (ENR) de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, réalisée en 2019. Des secteurs tels que l’immobilier, le transport, les banques, les jeux de hasard et les transferts d’argent présentent un niveau de risque élevé, indique le document.
De même, le rapport diagnostic « Menaces et vulnérabilités » de l’Évaluation nationale des risques de financement du terrorisme, publié en janvier 2023, indique un niveau très élevé du financement du terrorisme dans notre pays.
Actions
Pour le REN-LAC, les débats devraient permettre de pointer du doigt le niveau du phénomène dans le pays, d’en détecter les causes plausibles, d’évaluer les conséquences. Et surtout d’identifier, dit-il, des actions concrètes à mener pour une lutte plus efficace contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Pour cette 18ème édition des JNRC, le REN-LAC annonce la tenue d’activités à Ouagadougou et dans les Comités régionaux anti-corruption (CRAC) des Hauts-Bassins, du Centre-Ouest, du Nord, de l’Est, et du Sud-Ouest.
Activité phare : panel sur le thème de l’édition, le 8 décembre, à partir de 14h00 au Conseil burkinabè des Chargeurs (CBC).
En plus de ce panel, le REN-LAC prévoit des émissions radio-télé et des conférences publiques à Ouagadougou (région du Plateau central) et dans d’autres régions du pays.
Ces différentes activités visent, selon le REN-LAC, une meilleure appropriation de la thématique par le citoyen lambda dont l’action de veille demeure un véritable rempart contre la corruption et les infractions assimilées qui favorisent le financement du terrorisme.
“Sans l’assainissement de la gouvernance administrative et financière, il nous paraît difficile de gagner le combat engagé contre le terrorisme”, alerte le REN-LAC.
“Nous demeurons convaincus qu’une lutte implacable contre la corruption et ses infractions assimilées rendra plus efficaces les efforts militaires consentis dans la lutte contre le terrorisme”, conclut-il.
Cette édition devrait permettre d’analyser le lien de causalité entre corruption et terrorisme en d’envisager des solutions efficaces et efficients.