Bobo-Dioulasso : Idrissa Malo Traoré dit « Saboteur » a supervisé la construction de sa tombe

C’est un fait inhabituel pour le commun des Burkinabè. Mais pas du tout surprenant pour les connaisseurs de feu Idrissa Malo dit saboteur. Connu pour sa rigueur au travail et pour son élan pour les détails et la précision, l’homme du ballon rond a tenu à être acteur de ses derniers instants sur terre. Ainsi, il a lui même supervisé et financé la construction du caveau qui va le recevoir.

L’histoire commence par un coup de fil un soir d’octobre 2023. Idrissa Malo Traoré dit Saboteur, entraîneur de renommée, lance un appel, pas pour dénicher un talent comme il savait le faire. Mais pour donner rendez-vous à un maçon, spécialiste des tombes qu’il a connu à Bolomakoté, son vieux quartier, et vu à l’oeuvre au cimetière municipal de Sikasso sira, un vieux quartier de Bobo-Dioulasso.

L’instant, sans être trop froid, a été rapide selon Ardiouma Sanou, qui a gardé tous les détails de ses dernières conversations avec « Saboteur ». Droit au but comme un Marseillais, il dira au maçon de lui délivrer une facture proforma pour la construction de son caveau à lui, le lieu programmé pour le recevoir pour toujours. Séance tenante, il va remettre un million 500 milles FCFA au maçon pour entamer les travaux.
Ce dernier, éberlué, a effectivement constaté un changement corporel chez son « oncle ».

A la question de savoir si tout allait bien, Saboteur a évoqué brièvement un léger soucis de santé et les conséquences d’une intervention chirurgicale qu’il a subie à Tunis.

En contact pour le financement et la construction du caveau, les deux ont gardé intact leur secret. Se retrouvant de temps en temps au lieu indiqué pour voir l’avancement des travaux.

Très réconforté par la présence de sa benjamine début novembre, Saboteur a appelé son dernier maçon, pour lui signaler les bonnes nouvelles.

A travers un audio, il laissera entendre que l’horizon est joyeux, qu’il a eu de très bons médicaments avec sa fille et qu’il commence à prendre du poids. Avant de raccrocher le téléphone, il demande une nouvelle fois l’état de sa « dernière maison » le 14 novembre 2023.

C’était hélas le dernier coup de fil, le dernier coup de maître de l’entraîneur de foot le plus emblématique du Burkina Faso. Il a aimé les details, il aimait la perfection, il est resté le « coach » éternel. L’inhumation est prévue ce 14 décembre.

Ousséni Bancé

24heures.bf