Le sélectionneur des Étalons du Burkina, Hubert Velud, a publié ce 20 décembre, une liste de 27 joueurs convoqués pour la 34e Coupe d’Afrique des Nations (CAN) prévue en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024. Des journalistes présents à la conférence de presse analysent la sélection du coach et les possibilités pour les Étalons de remporter, pour la première fois, le trophée continental.
La liste du coach Hubert Velud n’a pas surpris les journalistes présents à la conférence. Pour certains d’entre eux, le sélectionneur des Étalons n’a pas changé le groupe avec lequel il travaille depuis plusieurs mois.
«Il n’ y a aucun étonnement, aucune surprise par rapport à cette liste. On ne pouvait pas s’attendre à mieux que cela de la part du coach Hubert Velud parce que c’est un groupe. Il nous l’a toujours dit à chaque conférence de presse : il ne changera pas le groupe avec lequel il travaille depuis plusieurs mois. Il n’y a pas de surprise à mon avis”, déclare Moussavou Billa, journaliste sportif pour Canal+Info.
Selon lui, il y a quelques points de satisfaction.
“ Là où je suis un peu content, c’est la présence de Mamadi Bandé. C’est un jeune qui a besoin d’apprendre encore le football africain, qui a besoin de se frotter à ses coéquipiers en sélection. Il pourra nous aider dans l’avenir pour d’autres échéances continentales”, relève-t-il.
Ce journaliste burkinabè affirme cependant ne pas comprendre la convocation des quatre gardiens de but.
“Je suis un peu chagriné de voir 4 gardiens de buts. Je ne sais pas trop à quoi ça rime; trois gardiens auraient pu faire l’affaire et on pouvait ajouter un milieu de terrain qui aurait aidé. Mais le coach semble être confiant (…) Je crois que c’est une liste qui répond aux ambitions du coach. Maintenant, sur le terrain, il faut donner la réponse”, prévient-il.
Pour Madi Zongo, journaliste sportif à la télévision BF1, cette liste est classique mais se justifie.
“C’est rare de voir un entraîneur bouleverser son groupe. Il y a souvent des invités surprises; on peut par exemple prendre un jeune ou un joueur du championnat local. Mais cette fois-ci, les circonstances ne lui permettent pas de faire cela. Je pense que c’est une liste classique et il n’y a pratiquement pas de surprise”, conclut-il.
Abdoulaye Bandaogo, journaliste sportif à Oméga Médias, lui, a des interrogations.
“Nous avons des interrogations par rapport à certains joueurs, notamment la présence de certains attaquants. Si l’on prend la ligne offensive, la plupart de nos attaquants ne sont pas titulaires en club et ils sont en manque de jeu; ils ne sont pas en forme; la plupart d’entre eux ne scorent pas. En milieu de terrain, il y a aussi des interrogations (…) C’est vrai que la CAN est tactico-technique mais je pense que ça va se jouer au niveau du mental”, alerte-t-il.
Au niveau de la défense, il dit être confiant.
“Je pense que si le coach analyse bien, surtout le match face au Maroc, il peut se réinventer en mettant Edmond Tapsoba en 6, Adamo Nagalo dans l’axe, pourquoi pas Valentin Nouma du côté latéral parce qu’on a un sérieux problème, surtout pendant l’animation du jeu”, déclare-il.
Il estime tout de même que ces lacunes pourraient être corrigées lors du stage de préparation.
Mahamad Sangaré, journaliste à Burkina Info TV, lui, s’attendait à une surprise.
“On aurait aimé quand-même voir une petite surprise comme c’était le cas lors de la dernière CAN où, à la dernière conférence, on nous avait montré l’arrivée de Dango Ouattara au sein de l’équipe. Cette année, on espérait voir Régis N’do qui a à peu près le même style que Dango Ouattara. Surtout que l’attaque burkinabè est en méforme actuellement; on aurait voulu voir ce jeune. C’est peut-être la déception de cette conférence de presse. Il y a aussi l’absence de Trova Boni”, déplore-t-il.
Ce dernier, précise-t-il, aurait pu beaucoup aider cette équipe nationale, car, dit-il, dans cette CAN, toutes les équipes participantes ont déjà joué une CAN et ce sera l’une des CAN les plus rêvées de l’histoire de cette compétition.
Le journaliste Mahamad Sangaré estime aussi que quatre gardiens de but, c’est trop pour une compétition qui ne dure qu’un mois, sept matchs au maximum si on joue la finale.
Remporter la CAN 2023: réalités et espérances
Le Burkina Faso peut-il remporter la 34e CAN ? À cette question, les avis sont divergents.
Mahamad Sangaré se veut réaliste : le Burkina n’a pas une équipe qui puisse remporter la CAN.
“Pour être franc, ça va être difficile. C’est vrai qu’on aime bien cette formation, on veut bien remporter la CAN, mais c’est une équipe qui est moins en forme que celle de la dernière CAN jouée au Cameroun en 2022”, relève-t-il.
Ce dernier fonde son argumentaire sur la forme physique des joueurs.
Selon lui, la plupart des attaquants ne jouent pas dans leurs clubs, citant les cas du capitaine Bertrand Traoré qui est blessé et Dango Ouattara qui ne joue pas assez souvent.
En milieu de terrain, ajoute-t-il, on a des joueurs qui ne sont pas trop en forme; c’est un milieu assez vieillissant, avec Adama Guira, Blati Touré un peu fatigués, qui n’ont pas assez de temps de jeu. Il y a aussi Gustavo Sangaré qui n’est plus en forme comme celui qu’on a connu lors de la dernière CAN.
Mahamad Sangaré pense cependant qu’il est possible de compter sur les circonstances après les matchs de groupes.
“On peut compter sur les circonstances car la chance compte aussi dans la compétition; on peut tomber sur des adversaires moins puissants. Après les matchs de groupes, il faut prendre match par match”, préconise-t-il.
Moussavou Billa, lui, estime que l’équipe burkinabè est favorite. Cependant, dit-il, la vérité sera connue sur le terrain.
“Le Burkina va avec un statut de favori parce qu’on a fini 4e lors de la dernière CAN. Pour cette CAN, on s’est qualifié deux journées avant la fin. Ce sont deux signaux forts. Il faut aller avec le statut de favori mais tout se joue sur le terrain. Sentimentalement, j’espère que les Etalons remportent cette CAN. Mais objectivement, il faut jouer sur le terrain, la vérité c’est sur le terrain”, conclut-il.
Même son de cloche du côté de Madi Zongo. Selon lui, si le Burkina s’est qualifié pour la CAN avec ces joueurs, on ne peut pas aller chercher d’autres joueurs pour jouer la phase finale.
Il estime aussi que la phase finale d’une compétition comme la CAN peut donner lieu à des surprises.
“Une phase finale, c’est totalement différent; cela n’a rien à voir avec les éliminatoires. J’ai vu un joueur comme Gustavo Sangaré qui s’est révélé au Cameroun lors de la dernière CAN alors que personne ne le connaissait. La phase finale peut sublimer certains comme elle peut inhiber d’autres. Il faut attendre les matchs pour voir”, affirme-t-il.
Abdoulaye Bandaogo, lui, est confiant : les Etalons ont leur mot à dire dans cette CAN.
Ce journaliste, également consultant sportif, a des conseils à l’endroit des joueurs.
Il relève un problème au sein de l’équipe lors du démarrage des matchs. Il faut, dit-il, beaucoup de concentration, de sérieux et surtout d’application au niveau du staff technique par rapport à l’utilisation des joueurs.
Il faut aussi mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut; il faut se réinventer, dit-il.
“On peut mourir avec ses idées, mais quand on voit que ses idées ne fonctionnent pas comme on le souhaite, il faut se réinventer. Quand on positionne le 11 de départ et on observe chaque fois les mêmes lacunes, pourquoi ne pas mettre en place un autre schéma de jeu? On a des hommes pour cette CAN. C’est vrai que nous sommes des outsiders, on le sait, on est unanime qu’on n’est pas favori, mais tout se jouera sur le terrain”, indique-t-il. .
Abdoulaye Bandaogo pense qu’en 2013, le Burkina était parti comme outsider mais il a joué la finale ; idem en 2022 où l’équipe a terminé à la 4e place.
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