La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé, le 30 décembre, être préoccupée par la « détérioration de la situation sécuritaire” au Burkina. L’instance régionale a aussi jugé la procédure de réquisitions de citoyens pour le front «illégale et arbitraire, destinée à réprimer toute liberté d’expression dans le pays ». La réponse de Ouagadougou ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié ce 2 janvier, le gouvernement burkinabè dénonce une “appréciation infondée”.
Le gouvernement exprime “son étonnement et son incompréhension” face à une lecture de la situation sécuritaire qu’il juge biaisée.
“Pendant que les forces combattantes burkinabè engrangent des victoires incontestables dans les opérations de reconquête du territoire national, tandis que les Forces de défense et de sécurité ainsi que les Volontaires pour la défense de la Patrie traquent, sans relâche, les hordes de terroristes aux abois, l’organisation communautaire porte apparemment des œillères qui masquent sa vue sur cette réalité des faits”, indique le communiqué.
Le gouvernement déplore également l’appréciation de la Cédéao concernant les réquisitions. Il la juge “infondée, inconséquente et incongrue”.
“C’est en toute responsabilité que le Burkina Faso, dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le terrorisme, s’est doté d’un dispositif juridique relatif à « la mobilisation générale » et à « la mise en garde » pour faciliter la sécurisation du territoire”, rappelle-t-il.
Selon Ouagadougou, les réquisitions respectent la procédure prescrite par les dispositions légales et réglementaires.
Le gouvernement estime également que la Cédéao a été silencieuse sur “les enjeux majeurs de la lutte contre le terrorisme dans notre espace”.
À titre d’exemple, des paiements de rançons sont faits et concourent, dit-il, au financement du terrorisme.
“L’organisation est étrangement aphone en dépit des massacres et des assassinats perpétrés contre des citoyens de la Cédéao par des barbares assoiffés de sang. Elle observe la même attitude complaisante à l’égard des pays qui protègent, ravitaillent et facilitent les mouvements des terroristes”, protestent les autorités burkinabè.
Pour elles, au lieu de s’intéresser à ces questions, la Cédéao préfère s’investir dans « la recherche de solutions » aux problèmes “accessoires” ou “inexistants”.
“Le gouvernement de Transition n’entend pas se laisser divertir par des communications du genre de celle portée par la Commission de la CEDEAO qui procèdent d’un imaginaire débordant et totalement tronqué sur la situation réelle de la lutte de notre peuple”. Il “rappelle la Commission à l’exigence de discernement dans la conduite de sa mission”, martèle le communiqué.
Il y a des “doutes persistants”, dit-il, sur une “volonté toujours réaffirmée” de la Cédéao « à accompagner les autorités burkinabè dans leurs efforts pour ramener la paix et la sécurité ».
Il en appelle donc au respect “des choix opérés par les autorités et le peuple burkinabè”.
Ces choix, précise t-il, sont fondés sur la solide volonté d’apporter des solutions endogènes pour la restauration de l’intégrité territoriale.
“Encore ce tournant crucial de l’histoire du Burkina Faso, le gouvernement précise que ses priorités restent focalisées sur les énormes enjeux sécuritaires et humanitaires”, indique le communiqué.
Il invite donc la Commission de la Cédéao à s’inscrire dans cette logique.
Lire aussi | Burkina Faso/Réquisitions pour le front : La Cédéao dénonce une “procédure illégale et arbitraire”