Le Chef du gouvernement, Apollinaire Kyelem de Tambèla, procède, ce 15 février, à l’évaluation, au titre de l’année 2023, de la mise en œuvre des contrats d’objectifs des ministres. Celui de la Fonction publique, Bassolma Bazié, a été le premier à se prêter à l’exercice. “En 2022, nous étions à un taux d’exécution de 61,64%. Aujourd’hui, nous sommes à un taux global de 81,85%”, a-t-il confié au sortir des échanges avec le Premier ministre.
Selon Bassolma Bazié, le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale constitue un “grand rond-point” de l’administration publique. “Ce n’est pas du tout simple; le Premier ministre l’a reconnu ce matin”, a-t-il lâché.
31 objectifs au départ, 26 exécutés, selon le ministre, “de façon très satisfaisante”.
Les objectifs n’ayant pas franchi la barre des 50% de taux d’exécution sont au nombre de 5.
L’ancien Secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) estime que cela se justifie. Il cite par exemple la question de l’organisation des concours de la Fonction publique. À ce niveau, pour avoir le taux de 100%, l’ensemble des résultats des concours doit être proclamé au plus tard le 30 septembre.
Cela suppose, selon Bassolma Bazié, que le Conseil des ministres valide l’autorisation de recrutement à partir du mois de décembre.
“Cependant, depuis décembre jusqu’à ce jour, nous sommes dans les discussions sur l’autorisation de recrutement pour 2024; cela fait déjà trois mois de retard. Après l’autorisation et le processus de recrutement engagé, nous sommes obligés de rattraper le temps restant afin d’avoir le maximum de résultats publiés à la date précise. Ce n’est pas la faute du ministre”, a-t-il conclu.
Un autre objectif non atteint : la rencontre avec les partenaires sociaux. Lorsque cette rencontre est tenue, le taux est de 100%, et si elle n’est pas tenue, le taux est de 0%, explique-t-il.
La rencontre gouvernement/syndicats, initialement prévue le 7 novembre 2023, a été reportée à la demande des structures syndicales. Elles l’ont souhaité la veille. Raison invoquée : le contexte marqué par des « atteintes » à la liberté d’expression n’est pas favorable à une telle rencontre.
Le ministre Bazié déclare ne pas être responsable de la non tenue de cette rencontre.
Toutefois, dit-il, le dialogue entre le gouvernement et les syndicats n’est pas rompu.
“Nous sommes toujours à l’écoute. Nous sommes dans une période nationale où il faut s’écouter, dialoguer. Même si la rencontre gouvernement/syndicats n’a pas eu lieu, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de dialogue entre le gouvernement et les syndicats. Ce report ne signifie pas non plus que les revendications ou doléances n’ont pas été mises en œuvre. Ce matin, j’ai reçu une correspondance de l’Unité d’action syndicale (UAS). Nous sommes en contact permanent. Le dialogue n’est pas rompu”, a-t-il rassuré.
Le ministre d’État relève également “une tension budgétaire”, qui, dit-il, ne permet pas une exécution des objectifs dans la sérénité.
“Nous sommes dans une situation de crise, une situation de guerre. Lorsque vous n’avez pas encore utilisé un budget pour exécuter un objectif, cet argent ne vous appartient pas pour le moment. En voulant faire le retrait, on peut vous dire que ce budget a été réorienté sur un point plus urgent et que, par conséquent, vous devrez attendre. Si l’argent ne revient pas, l’objectif reste à un point mort”, a-t-il indiqué.
Selon Bassolma Bazié, ces éléments constituent des contraintes dans l’exécution des objectifs qui lui ont été assignés.
Suggestions
Dans son rapport, le ministre de la Fonction publique fait également des suggestions. Il juge nécessaire que les critères de nomination soient renforcés. Il met en avant l’efficacité et le côté moral des personnes nommées aux postes de responsabilité.
“Si on n’arrive pas à opérationnaliser, pour le moment, la loi sur la méritocratie, il faut prendre un autre décret qui va imposer l’atteinte des objectifs aux Directeurs généraux à 80%. Ainsi, quelle que soit la personne qui vous a désigné, si vous n’atteignez pas le taux de 80%, on vous change”, insiste t-il.
Il ne faudrait pas, ajoute-t-il, qu’on nomme quelqu’un et que le lendemain, il y ait des bisbilles. “Nous sommes dans une période où nous sommes en train de chercher à redresser le pays. Cela ne devrait pas se faire avec un état d’âme. Ce sont des plaies qu’on doit soigner sans regarder les visages”, a-t-il conclu.
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