L’ONG Human Rights Watch (HRW) s’est prononcé, ce 27 février, concernant des “enlèvements” de citoyens au Burkina Faso. Elle lance ainsi un appel au gouvernement afin que des enquêtes soient diligentées “de manière impartiale”. L’ONG plaide également pour que “les personnes enlevées soient mises en liberté”.
Selon HRW, le gouvernement de Transition “procède de plus en plus à des enlèvements d’activistes de la société civile et d’opposants politiques”.
“Depuis fin novembre 2023, des hommes non identifiés ont enlevé au moins six activistes et membres de partis d’opposition dans la capitale, Ouagadougou, dans ce qui semble constituer des disparitions forcées”, a-t-elle indiqué.
Les autorités burkinabè devraient, selon cette ONG, prendre, de toute urgence, des mesures efficaces pour localiser les personnes portées disparues ou victimes de disparitions forcées. Elles devraient également, dit-elle, mettre fin aux réquisitions abusives et traduire en justice les auteurs de ces réquisitions.
“Les autorités burkinabè ont recours à des méthodes de plus en plus brutales pour punir et réduire au silence les personnes perçues comme des détracteurs et des opposants”, déclare Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel à Human Rights Watch.
Selon elle, les autorités du Burkina devraient enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur tous les enlèvements et les disparitions forcées. Également concernant les “réquisitions abusives”. Et remettre en liberté “les personnes injustement détenues”.
Dans sa déclaration, HRW cite des exemples. Il s’agit, entre autres, de Rasmane Zinaba et Bassirou Badjo, tous membres du mouvement “Le Balai citoyen”. Ces deux acteurs de la Société civile burkinabè ont été interpellés respectivement les 20 et 21 février derniers, dans des circonstances non encore élucidées. Ils ont été conduits vers une destination inconnue de leurs proches.
“Les familles de ces hommes et Le Balai citoyen ont porté plainte auprès de la police, mais il n’y a pas eu de suite”, informe HRW.
Autre cas d’“enlèvement” : Guy Hervé Kam. Cet avocat et coordinateur du mouvement politique Servir et non se servir (SENS), a été interpellé dans la nuit du 24 au 25 janvier, à l’aéroport de Ouagadougou. Il avait alors été conduit, par des hommes en civil se présentant comme des membres des services nationaux de renseignement, vers “ une destination inconnue”.
Ablassé Ouédraogo, président du parti “Le Faso autrement” et Moussa Diallo, Secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) sont également mentionnés. Ainsi que Lamine Ouattara, un membre du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP).
HRW revient également sur des vidéos publiées le 18 février dernier, dans lesquelles on aperçoit Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo en “tenue de camouflage militaire, munis de fusils d’assaut Kalachnikov et participant à des exercices militaires. Probablement dans une zone de conflit”.
Selon Human Rights Watch, les autorités n’ont jamais fourni la moindre information à propos du lieu où se trouvent Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo, ou à propos des autres personnes récemment enlevées.
Réquisitions
L’ONG HRW s’est également prononcée sur les réquisitions. Une loi portant « mobilisation générale » a été votée, à ce sujet, le 13 avril 2023.
“Si le gouvernement est effectivement habilité à réquisitionner des membres de la population civile âgés de plus 18 ans à des fins de défense nationale, la réquisition ne devrait avoir lieu que si elle a été dûment autorisée et est conforme à la loi nationale”, indique l’ONG.
Selon elle, la loi sur la mobilisation générale “doit respecter des normes d’équité dans la répartition de la charge du service militaire”.
Elle doit également être appliquée de manière à ce que la personne réquisitionnée soit informée de la durée du service militaire. Et qu’elle ait ainsi la possibilité de contester l’obligation de servir.
“La réquisition doit aussi être effectuée selon des normes conformes aux principes de non-discrimination et d’égalité devant la loi”.
Des acteurs des droits humains et des journalistes ont, selon HRW, déclaré qu’ils évitaient de s’exprimer publiquement sur le gouvernement de Transition, de peur d’être enrôlés.
Le Burkina Faso est un État partie à la Convention internationale pour la protection des personnes contre les disparitions forcées.
Selon cette convention, un État commet un acte de disparition forcée lorsque les autorités gouvernementales ou leurs agents détiennent une personne tout en refusant de reconnaître la privation de liberté ou en dissimulant le sort de la personne ou le lieu où elle se trouve; ce qui la soustrait à la protection de la loi.
“Les personnes disparues de force font face à un risque accru de torture et d’exécution extrajudiciaire. Les familles vivent dans l’incertitude, ne sachant pas si leurs proches sont vivants ou morts, et dans l’inquiétude au sujet de leur traitement en captivité”, déplore HRW.
“Les réquisitions abusives auxquelles procèdent les autorités burkinabè sont des enlèvements qui peuvent constituer des disparitions forcées et elles doivent cesser », affirme Ilaria Allegrozzi.
Selon elle, le recours à la réquisition pour réprimer les détracteurs et les dissidents n’est pas seulement illégal. Cette méthode, dit-elle, sape les efforts de lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.
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