C’est désormais une réalité avec laquelle l’Occident et les États-Unis doivent composer. L’hégémonie occidentale et américaine traverse une période trouble en Afrique. Notamment en Afrique subsaharienne. Il ne faut pas se voiler la face : l’offensive asiatique monte en puissance depuis l’avènement au pouvoir des régimes militaires. D’abord au Mali en 2020. Puis au Burkina en 2022. Et enfin au Niger en juillet dernier. Outre la Russie, considérée par ces dirigeants militaires comme un “partenaire stratégique digne de confiance”, la Chine s’est également invitée sur la scène. Les trois États, en quête de souveraineté et acculés par les groupes armés terroristes, affirment rejeter le “modèle occidental”. Au Mali, au Niger tout comme au Burkina, la Chine a multiplié ces derniers jours, ses actions diplomatiques.
La Chine entend conquérir les cœurs des États du Sahel. Elle a ainsi lancé une offensive diplomatique. Avec pour objectif de renforcer sa présence dans ces trois pays, liés par la Charte du Liptako-Gourma.
Au Niger, le Premier ministre Lamine Zeine a reçu, ce 20 mars, le Représentant spécial du gouvernement chinois pour les Affaires africaines, Liu Yuxi.
À l’ordre du jour : coopération bilatérale. Pékin entend poursuivre ses “projets de développement”.
A l’issue de l’audience, Liu Yuxi s’est félicité de la “qualité des relations entre les deux pays. Et des efforts déployés par les autorités nigériennes”. Il évoque par ailleurs une volonté commune des deux pays de raffermir davantage les liens d’amitié. Et de poursuivre les chantiers de coopération “répondant aux intérêts des deux peuples”.
Cette visite, selon Niamey, témoigne de l’importance accordée par Pékin au dialogue et au renforcement des relations avec les partenaires africains, en particulier le Niger.
“ Les deux parties sont déterminées à approfondir leur coopération dans un esprit de bénéfices mutuels et de respect des intérêts réciproques”, indique un communiqué du gouvernement nigérien.
Le diplomate chinois a, par ailleurs, invité le Niger au prochain Sommet de la Coopération Chine-Afrique. Cette rencontre est prévue en août 2024.
Liu Yuxi a poursuivi son voyage au Sahel hier. Destination : Bamako.
Là également, le diplomate chinois et le Chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, ont passé en revue “les axes stratégiques de la coopération bilatérale”. Notamment dans ses dimensions politique, militaire, économique et énergétique.
“Ils ont insisté sur l’urgence de la mise en œuvre des projets de développement convenus dans ces domaines prioritaires”, indique un communiqué de la diplomatie malienne. Bamako et Pékin saluent un partenariat “sincère et stratégique marqué par un soutien mutuel et une coopération dynamique et diversifiée”.
Ils soulignent cependant la “nécessité d’œuvrer davantage à la consolidation des relations d’amitié et à la promotion des liens bilatéraux à la hauteur des potentialités des deux pays. Et ce, conformément aux ambitions des plus hautes autorités et aux aspirations des populations respectives”.
Dans le cadre du renforcement de ses liens avec les trois pays qui composent l’Alliance des États du Sahel (AES), la Chine a offert, hier, 81 véhicules et des moyens de communication au Burkina. Ce don, dont le coût n’a pas été dévoilé, constitue, selon la partie chinoise, la matérialisation de l’amitié entre la Chine et le “Pays des Hommes intègres”.
Cette offensive diplomatique lancée par Pékin intervient quelques jours après que le Niger a dénoncé l’accord relatif au statut du personnel militaire des États-Unis et des employés civils du département américain de la défense sur le territoire nigérien.
L’espace AES est-il une nouvelle zone de confrontation de ces grandes puissances ? C’est du reste l’avis de plusieurs observateurs qui estiment que la Russie a balisé le terrain pour ensuite inviter ses amis.
“La coopération entre ces deux nations autoritaires (Chine et Russie, NDLR) nous place dans un environnement de sécurité différent. L’évolution des relations entre Pékin et Moscou est, en grande partie, ce qui fait de l’environnement actuel “le plus dangereux” que j’ai vu depuis 40 ans ”, a déclaré le commandant des Forces américaines dans l’Indo-Pacifique, l’amiral John Aquilino, lors d’une audience mercredi à Washington.
Des responsables militaires et de la défense des USA disent avoir, de plus en plus, de craintes à mesure que la Chine et la Russie forgent des liens plus étroits.
Ces deux États “tentent de remettre en question l’unité occidentale et, à terme, de modifier l’équilibre des pouvoirs sur la scène mondiale”, ont-ils relevé.
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