Les élections législatives et régionales au Togo, initialement prévues le 20 avril prochain, n’auront pas lieu à cette date. L’annonce a été faite par la Présidence du Togo ce 3 avril. Cela à l’issue d’une entrevue entre le Président Faure Essozimna Gnassingbé et le Bureau de l’Assemblée nationale. Le projet de réforme constitutionnelle, adopté fin mars, a été vigoureusement critiqué. Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, entend mener un “dialogue constructif” en vue de “tenir compte de toutes les contributions tendant à enrichir la Constitution ».
Les électeurs avaient été convoqués aux urnes dans moins de trois semaines. “Le gouvernement procédera à un léger réaménagement du calendrier des élections législatives et régionales initialement prévues le 20 avril 2024”, indique un communiqué de la Présidence du Togo.
Aucune date n’a été cependant communiquée concernant ces élections. L’Exécutif togolais envisage de “procéder à une deuxième lecture de la loi de révision constitutionnelle” votée le 25 mars dernier. Cela en vue d’une nouvelle délibération de l’Assemblée nationale.
“Le Président de la République, attentif à l’intérêt manifesté par les populations à l’endroit de cette importante réforme, et dans un esprit d’ouverture et de dialogue constructif, a encouragé les députés à rester à l’écoute de tous les acteurs concernés. Dans l’optique de tenir compte de toutes les contributions tendant à enrichir notre Constitution”, argumente le gouvernement.
De son côté, le Bureau de l’Assemblée nationale souhaite “disposer de quelques jours pour engager de larges consultations avec toutes les parties prenantes de la vie nationale”. Le gouvernement procédera à “un léger réaménagement du calendrier des élections législatives et régionales”.
La nouvelle Constitution, adoptée la semaine dernière, devrait faire passer ce pays d’Afrique de l’ouest d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. En clair, avec la nouvelle Constitution, le choix du Président de la République revient au Parlement. Cela pour un mandat de 6 ans.
La réforme n’a pas eu l’assentiment de tous les Togolais. Notamment de l’opposition qui l’a vivement contestée. Elle y voit une manœuvre de l’actuel Président pour se maintenir au pouvoir.
Le couac semble cependant porté plus sur le poste de « président du conseil des ministres ». Une sorte de Premier ministre « désigné » par les députés, en charge des fonctions régaliennes. Son mandat doit être de six ans, sans qu’il soit précisé s’il sera renouvelable ou non.
L’opposition dit être inquiète sur les motivations réelles du Président Gnassingbé. Elle craint que ce dernier ne soit désigné à cette fonction, assurant son maintien au pouvoir pour une durée indéfinie.
La Conférence des Évêques du Togo, elle, s’interroge sur l’opportunité de cette réforme. Les leaders de l’Église catholique ont appelé le président à « surseoir la promulgation de la nouvelle Constitution et à engager un dialogue politique inclusif après les résultats des prochaines élections législatives et régionales ».
Les contestations avaient poussé le chef de l’Etat à demander un nouveau vote des députés, le 29 mars dernier.
« Toute chose étant perfectible, et au regard de l’intérêt suscité au sein de la population par le texte depuis son adoption, le Président de la République a demandé ce jour à la présidente de l’Assemblée nationale de faire procéder à une deuxième lecture de la loi adoptée », avait annoncé le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Yawa Kouigan, à la télévision d’Etat.