Le mouvement “Servir et non se servir” a annoncé, le 9 avril, un sit-in devant la Direction de la sûreté nationale. Cette organisation politique entendait par cette manifestation, “exiger la libération de Me Guy Hervé Kam”. Ainsi que “tous les compatriotes arrêtés arbitrairement et séquestrés”. Le sit-in n’aura finalement pas lieu ce vendredi. Le mouvement SENS l’a annoncé ce 11 avril. Et pour cause, la Délégation spéciale de la commune de Ouagadougou s’oppose à la manifestation.
Ce sit-in avait été projeté ce vendredi entre 9h et 10h. Il s’agit, selon le mouvement SENS, de “dénoncer le non-respect de la décision du Tribunal administratif qui a ordonné le 7 mars la libération immédiate et sans condition de Me Guy Hervé Kam”.
Le Coordonnateur national de ce mouvement a été arrêté en janvier dernier pour des faits d’“atteinte à la sûreté de l’État” selon l’Agent judiciaire de l’État (AJE). Cependant, aucune procédure judiciaire n’avait été engagée contre lui.
“En réponse à notre lettre d’information, la Délégation spéciale de Ouagadougou, en date du 11 avril, nous a adressé un courrier dans lequel elle estime que notre activité lui paraît inopportune. Cela au regard du communiqué n°03 en date du 30 septembre 2022 du MPSR II suspendant les activités des OSC et des partis. Ainsi que celles des formations politiques”, relate le mouvement SENS.
Cette mesure, selon l’autorité communale, est toujours en vigueur. Elle estime également que le site choisi pour la manifestation est “sensible”.
Elle invite, par conséquent, le mouvement à “utiliser d’autres canaux pour la transmission de (ses) doléances”.
Le Mouvement SENS dit être étonné par “la légèreté des arguments avancés par la Délégation spéciale de Ouagadougou”.
En effet, dit-il, de nombreuses manifestations publiques à caractère politique sont organisées quasiment chaque semaine par des organisations proches du régime. Sans que la Délégation spéciale ne daigne leur opposer le fameux communiqué du MPSR II, déplore le mouvement SENS.
“Pire, ces organisations et leurs membres profèrent quotidiennement des menaces de mort contre d’autres citoyens, en aiguisant des machettes et autres armes blanches au vu et au su des autorités, sinon sous le regard bienveillant de ces dernières”, poursuit-il.
“Face à un tel laxisme, le Mouvement SENS craint que la Délégation spéciale de Ouagadougou ne contribue à discréditer son autorité”.
L’espace public ne saurait être, dit-il, le monopole d’un seul groupe politique ou social et interdit à tous les autres qui ne chantent pas les louanges d’un pouvoir. De surcroît issu d’un putsch, donc “illégal”.
Il consent cependant à surseoir à sa manifestation.
“Dans le souci de permettre à la Délégation spéciale de revoir sa politique de gouvernance de l’espace public municipal dans l’intérêt général, le mouvement SENS a décidé de surseoir à son sit-in prévu pour ce vendredi 12 avril 2024”, annonce-t-il.
Il invite cependant ses militants à “rester mobilisés” et à « garder foi en la Justice et à l’Etat de droit”.
“Nous appelons les militants, sympathisants et tous les Burkinabè épris de justice et de paix à rester mobilisés pour le prochain mot d’ordre car nous ne pouvons pas renoncer à nos droits constitutionnels arrachés de haute lutte par notre peuple”, dit-il.
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