Dans une lettre datée du 7 mai, les Secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes s’adressent au Premier ministre, Apollinaire Kyélem de Tambela. Ils dénoncent une “volonté manifeste du gouvernement de bâillonner les organisations démocratiques dont l’Unité d’action syndicale (UAS)”.
Selon l’UAS, il y a une rupture de fait du dialogue social au Burkina. Pour preuve, la non tenue de la rencontre gouvernement/syndicats depuis 2022. Le gouvernement a par ailleurs fait le choix de “ne pas répondre à nos correspondances, notamment celles qui l’interpellent sur un certain nombre de préoccupations”.
Et ce n’est pas tout. “La répression engagée par le gouvernement contre le Secrétaire général confédéral de la CGT-B et les péripéties autour de la commémoration du 1er mai 2024 illustrent la volonté du gouvernement de bâillonner le mouvement syndical”, peut-on lire dans la déclaration.
Concernant la commémoration du 1er-Mai cette année, l’UAS a annoncé une marche suivie de meeting. Les travailleurs voulaient, à travers cette marche, remettre leur “plate-forme revendicative” au gouvernement. Finalement, seul le meeting a eu lieu. L’Exécutif burkinabè et le Président de la délégation spéciale (PDS) de Ouagadougou ont opposé un refus catégorique à la tenue de la marche.
“La réaction des différentes autorités manquent de cohérence et traduisent une machination contre l’UAS”, indique le document.
Selon l’Unité d’action syndicale, les raisons avancées par le PDS ne sont pas fondées. Ce dernier, pour interdire la marche, a invoqué le communiqué N°3 du MPSR 2 daté du 30 septembre 2022, suspendant les activités des partis politiques et des organisations de la société civile (OSC). L’UAS relève, à travers ce communiqué, une confusion entre les OSC et les organisations syndicales.
Le motif de la situation sécuritaire évoqué par le Président de la Délégation spéciale pour interdire la marche de l’UAS, ne passe pas non plus. Selon cette dernière, d’autres structures, notamment celles qui soutiennent le pouvoir, organisent dans le même contexte, des manifestations publiques sans restriction.
“Pendant que la marche du 1er mai était interdite à Ouagadougou, la Semaine nationale de la culture (SNC) battait son plein à Bobo-Dioulasso en drainant des milliers de participants”, déplore-t-elle.
A Ouagadougou, des organisations soutenant le régime de la transition ont également organisé un défilé de motos et un sit-in devant l’ambassade des Etats-Unis avec un encadrement rapproché des forces de sécurité.
“Votre gouvernement affiche, depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques dont l’UAS. Nous estimons qu’il faut donner un sens au rétablissement de la Constitution et au serment prêté par le Président de la transition de respecter et de faire respecter la loi fondamentale”, indique la faîtière des structures syndicales.
Elle interpelle également le Premier ministre sur “la nécessité” pour le gouvernement de respecter et de faire respecter les décisions de justice.
À ce sujet, plusieurs décisions rendues n’ont pas été exécutées par le gouvernement. Par exemple, le Tribunal administratif a ordonné, le 7 mars dernier, la libération de Me Guy Hervé Kam, détenu depuis janvier dernier dans le cadre d’une affaire présumée d’atteinte à la sûreté de l’État. Décision jusque-là sans suite.
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