L’accès aux infrastructures sanitaires de base reste un défi dans certaines localités du Burkina. À Koulwoko et Guib-Tanghin, deux villages de la province du Zoundwéogo (région du Centre-Sud), les populations doivent parcourir plusieurs kilomètres pour accéder à un centre de santé. Selon des habitants, plusieurs décès ont été enregistrés, faute de soins. Des femmes sont parfois obligées de donner naissance à domicile. Notamment pendant la saison pluvieuse où les routes conduisant au centre de santé sont impraticables. Avec tous les risques que cela comporte. Dans ces deux localités, le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) a permis la construction de deux centres de santé au profit des populations. Mais ces infrastructures ne sont pas encore véritablement fonctionnelles. Les habitants espèrent voir ces centres de santé pleinement opérationnels.
Koulwoko est un village de la commune de Béré, dans la province du Zoundwéogo. Ici, il faut parcourir 30 km pour accéder à un centre de santé.
“Le CSPS est loin de notre village. L’accès à un centre de santé est un problème pour nous. Le CSPS que nous fréquentons est situé à 30 km d’ici, c’est à Sondré”, explique Issa Gueswendé Bembamba, un habitant du village.
Pour s’y rendre, il faut traverser plusieurs marigots. Mais pendant la saison de pluies, ils sont pratiquement infranchissables.
“Quand il pleut, on ne peut pas aller se soigner. Après les pluies, il faut attendre que l’eau diminue complètement pour pouvoir traverser les marigots. Si vous avez un cas urgent de maladie pendant la saison pluvieuse ici, le malade pourrait mourir, faute de soin”, relate Gueswendé Bembamba. Tout comme les autres habitants du village, il attend impatiemment l’ouverture du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) construit par le PRISE.
“Ce CSPS revêt une très grande importance pour nous. Aujourd’hui, lorsque nous entendons le bruit d’un véhicule, les gens sont fiers, se disant que ce sont les agents de santé qui arrivent avec du matériel pour l’ouverture du CSPS”, confie un autre habitant, Amadou Bemwidi.
Les infrastructures réalisées par le PRISE sont composées, entre autres, d’un dispensaire, d’une maternité, d’une pharmacie et d’un château d’eau. Des logements pour le personnel soignant ont également été construits.
Le matériel médico-technique a été livré, selon les responsables du PRISE.
Un système solaire photovoltaïque devrait également être installé dans les “prochains jours” par l’entreprise en charge des travaux.
Ce matériel, selon les responsables du PRISE, devait arriver dans la semaine du 22 au 28 avril 2024. Mais l’entreprise a été confrontée à des difficultés.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le village a reçu le matériel, le 11 mai dernier. Le personnel soignant est également sur place.
“Nous sommes conscients de la situation du CSPS de Koulwoko. Ce village est très difficile d’accès du fait de l’état de la voie. Beaucoup de gens ont perdu la vie ici parce qu’ils sont tombés malades pendant la saison pluvieuse et il n’y a pas de route pour se rendre à Béré, situé à 35 kilomètres”, relate Mohamadi Koanda, ingénieur civil, responsable des infrastructures du PRISE que nous avons pu contacter.
Selon cet agent, le PRISE a demandé à l’entreprise en charge des travaux, de prioriser l’approvisionnement en matériel médico-technique de ce CSPS. Cela pour que la saison pluvieuse ne constitue pas, par la suite, un frein pour l’acheminement du matériel.
Actuellement, il ne reste que l’installation du système d’électricité pour que le village profite de ce joyau qui, sans doute, va constituer un soulagement pour les populations.
“Nous allons tout faire pour que les choses rentrent dans l’ordre. Et que le CSPS soit fonctionnel d’ici fin mai 2024”, rassurent les responsables du PRISE.
En attendant, les populations sont impatientes.
Certains ont des propositions pour un bon fonctionnement du futur centre de santé.
Issa Gueswende Bembamba plaide pour que le CSPS soit doté, à temps, de produits pharmaceutiques en quantité suffisante. Selon lui, vu l’état de la route, la livraison des produits pourrait être difficile pendant la saison de pluies qui se profile à l’horizon.
Plaidoyer également pour la réfection de la voie. Selon cet habitant, le village a besoin d’ouvrages de franchissement, communément appelés « des ponts ». Cela permettra, dit-il, au village de Koulwoko de rester connecté aux villages voisins, même pendant la saison de pluies.
Autre doléance : construction d’un collège d’enseignement général (CEG) ou d’un lycée.
Le village ne dispose que d’une école primaire. Après le Certificat d’étude primaire (CEP), les enfants sont obligés de se déplacer à 30 km du village pour le collège.
Les parents sont alors obligés de leur louer une maison dans la localité abritant le collège. La gestion de la situation des garçons est encore plus facile que celle des filles, explique un parent d’élève.
Selon lui, les filles, lorsqu’elles logent seules loin des parents, sont exposées à certains fléaux. Notamment les grossesses précoces.
Doléance partagée par Noufou Nana, un autre habitant de Koulwoko. Pour ce dernier, les enfants d’aujourd’hui réussissent au CEP très jeunes. Et ne peuvent pas pédaler un vélo pour rejoindre l’école lorsqu’elle est éloignée.
Guib-Tanghin entre joie et impatience
À Guib-Tanghin, dans la commune de Guiba, le PRISE a également réalisé un CSPS au profit des populations. Là également, un dispensaire, une maternité, un poste d’eau autonome, un dépôt pharmaceutique et des logements pour les agents ont été construits.
L’infrastructure constitue une lueur d’espoir pour les populations.
“Nous apprécions ces réalisations. Le PRISE est venu pour nous sauver”, lâche Saïdou Sedego, président du Comité villageois de développement (CVD) de Guib-Tanghin. Actuellement, l’accès à un centre de santé constitue, dit-il, un parcours du combattant pour les habitants du village. “Il faut aller très loin pour avoir un dispensaire afin de se soigner. Les femmes enceintes en souffrent”, a-t-il expliqué.
Le CSPS le plus proche se trouve à sept kilomètres du village. Si les populations manifestent leur joie concernant la construction du centre de santé, elles sont impatientes car il n’est pas encore fonctionnel.
Elles espèrent que l’ouverture soit faite dans les “plus brefs délais”.
“Nous prions pour que l’ouverture puisse se faire très vite. Les gens nous demandent souvent quand le CSPS sera ouvert”, confie Saïdou Sedego.
L’ouverture et le fonctionnement de ce CSPS sera, selon lui, un soulagement pour les habitants de Guib-Tanghin. Il plaide ainsi auprès des responsables du PRISE afin que l’ouverture se fasse très bientôt.
Tout est fin prêt, le matériel médico-technique est disponible, selon le PRISE. Il ne reste que l’installation du système solaire photovoltaïque. Une condition nécessaire avant que le médecin-chef de district de Manga affecte le personnel soignant.
L’entreprise a, au total, 12 CSPS à doter en installation solaire. 9 en ont déjà été dotés. “Le reste ne saurait tarder ; le travail a déjà commencé”, rassurent les responsables du PRISE.
Encadré :
Des CSPS réalisés et équipés mais pas fonctionnels : Les populations interpellent le ministère de la Santé
Le Programme de réalisation des infrastructures socio-économique (PRISE) a réalisé plusieurs Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) dans différentes localités du pays. Si plusieurs infrastructures sont fonctionnelles au grand bonheur des populations, certaines, bien qu’équipées, ne sont toujours pas fonctionnelles. Dans les localités concernées, les populations demandent au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique de faire diligence pour que ces CSPS soient « opérationnels ».
À titre d’exemple, le CSPS de Lanfiera-Missidougou, dans la commune de Peni (province du Houet) et celui de Tangaye dans la commune de Gourcy, dans le Zondoma, ont été construits et équipés depuis 2021. Mais jusqu’aujourd’hui, ils ne sont pas fonctionnels.
Ces infrastructures sont exposées aux intempéries et peuvent donc se dégrader.
Le matériel médico-technique par exemple pourrait être abîmé, donc inutilisable. Surtout dans un domaine aussi sensible que la Santé.
Les populations des zones concernées, qui considéraient ces infrastructures comme une bouffée d’oxygène, se demandent ce qui justifie un tel retard.
L’ouverture des CSPS construits par le PRISE fait partie des prérogatives du ministère de la Santé. Ce ministère est chargé, entre autres, d’y affecter des agents de santé.
Selon un rapport du PRISE que nous avons pu consulter, au total 14 CSPS sont dans cette situation. Le ministère de la Santé est donc interpellé afin que ces infrastructures soient mises en valeur au profit des populations.
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