L’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) a commémoré, ce 20 mai, le 34e anniversaire de l’assassinat de Dabo Boukary. Elle a organisé un meeting à l’université Joseph Ki-Zerbo, à Ouagadougou. Elle a ainsi abordé ce qu’elle appelle une “remise en cause des libertés” au Burkina Faso. Mentionnant des cas d’enrôlement forcés présentés cependant comme “Volontaires pour la Défense de la patrie (VDP)”. La séquestration également de certains étudiants. L’UGEB affirme tenir le gouvernement de Transition pour “unique responsable de ces actes”. Ainsi que tout autre traitement qui enfreint les droits et libertés des étudiants.
“A ce jour, les camarades Damiba Paul, Sawadogo Hamidou, Sidibé Alain Ouédraogo, Hien Biba, Tou Ousmane, Nacoulma Alexis, Ouédraogo Issaka et Sawadogo Saïdou sont séquestrés”, déclare le président de l’UGEB, Fousseni Sourabié.
Selon lui, ces arrestations font suite à une lutte engagée par l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) section Ouaga contre l’application du nouveau régime des études à l’Unité de formation et de recherche en sciences de la vie et de la terre (UFR/SVT).
En effet, dit-il, l’application du nouveau régime des études est à l’origine du durcissement des conditions de passage en classe supérieure.
Ce régime fixe la note éliminatoire à 7/20. Et n’admet pas de redoublement en licence dans les filières dites professionnelles.
La note de passage, elle, est fixée à 12/20, toujours dans les mêmes filières. Conséquence : “un taux de succès souvent estimé à 0%”, dit-il.
C’est le cas, selon lui, de la promotion 2020-2021 de Master 1 en mathématiques lors de la première session du semestre 2.
Le nouveau régime d’évaluation remet en cause le principe du système académique Licence/Master/Doctorat ( LMD), affirme l’UGEB.
Ce principe autorise, selon cette organisation estudiantine, tout étudiant disposant de 75% de crédits de s’inscrire dans le niveau supérieur. Et revenir rattraper ses crédits. Mais l’administration s’oppose à cela, selon le président de l’UGEB.
“C’est pour demander la suspension de cette mesure que certains étudiants ont été enlevés et séquestrés”, indique l’UGEB.
Il y a eu bien avant, une intervention de la police sur le campus afin de réprimer les étudiants. Selon les responsables de l’UGEB, certains étudiants ont été par la suite “poursuivis, enlevés et conduits à des destinations tenues secrètes”. Il s’agit notamment des délégués de promotion des classes de Master.
Jusqu’aujourd’hui, aucune information n’a été communiquée par les autorités sur ces enlèvements et séquestrations, selon l’UGEB.
La journée de ce 20 mai rend hommage à Boukary Dabo, étudiant en 7e année de médecine, assassiné le 19 mai 1990, suite à une grève au cours de laquelle les étudiants réclamaient de meilleures conditions de vie et d’études.
En septembre 2022, le procès sur la mort de cet étudiant a rendu son verdict. Le Général Gilbert Diendéré et le Lieutenant-colonel Mamadou Bemba, reconnus coupables de complicité d’arrestation illégale, de séquestration aggravée et de recel de cadavres, ont été condamnés respectivement à 20 et 10 ans de prison ferme.
Arnaud Fidèle Yameogo