Selon la Charte de la Transition, adoptée le 14 octobre 2022 suite au coup d’Etat conduit par le Capitaine Ibrahim Traoré, la période de Transition “court jusqu’au 1er juillet 2024”. La fin de la Transition, selon cette charte, est donc proche. Ainsi, le gouvernement organise les 25 et 26 mai prochains, des assises nationales, à Ouagadougou. L’objectif de cette activité, selon le ministère de l’Administration territoriale, est de permettre aux représentants des forces vives de la nation de “délibérer sur la suite à donner à la Transition”. 24heures.bf a recueilli les avis de certains leaders d’OSC et de citoyens sur ce sujet. Ils expriment leurs attentes concernant ces assises. Mais également sur l’organisation des élections prévues par la Charte, ainsi que le processus et le niveau de récupération des zones sous contrôle terroriste.
Ablassé Ilboudo est le coordonnateur du Mouvement uni pour la patrie (MUP). Il dit s’attendre à ce que le Capitaine Ibrahim Traoré soit maintenu à la tête du pays “pour au moins 5 ans”. Il considère ces assises comme une occasion pour “se dire la vérité”.
”On entend dire que si tu dis la vérité, tu iras au front. Mais ces assises, c’est vraiment l’occasion de dire la vérité directement au Président de la Transition. Il ne faut pas seulement jeter des fleurs à cette transition. Il y a des choses à recadrer, des directives à suivre”, affirme-t-il.
Certains mouvements de soutien à la transition doivent être, selon lui, “recadrés”. Parce qu’ils “en font trop”.
Il fait ici référence à un incident survenu lors des dernières assises, en octobre 2022. Le leader du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo, avait été pris à partie par des manifestants se réclamant “soutiens de la Transition”.
Ablassé Ilboudo relève également des “appels au meurtre” émis par de soit-disant soutiens de la Transition contre certains citoyens.
Interrogés sur les assises, Souleymane Nabolé et Monique Nikiema, habitants de la ville de Ouagadougou, espèrent que les acteurs s’accordent pour que règne la paix. “La vie est chère, les gens souffrent”, disent-ils.
Ils espèrent voir les acteurs de la société civile et du gouvernement “unis” pour sortir le pays de la crise sécuritaire et humanitaire.
La question de l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives ne fait pas bon écho chez nos intervenants.
A ce propos, le coordonnateur du MUP pose une question rhétorique : “Dites-moi franchement, les élections sont pour tous les Burkinabè ou pour une partie ?”
“Le Burkina Faso, c’est y compris le Sahel, le Nord, le Centre-Nord, la Boucle du Mouhoun, toute la région de l’Est, etc. Il n’est pas possible d’envisager de réunir toutes les populations de ces localités pour des élections actuellement. Même avec la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS), ce serait leur faire courir le risque d’être attaqués ”, explique-t-il.
Souleymane Nabolé et Monique Nikiema se veulent clairs : il n’est pas question de penser à des élections actuellement.
Pour ces citoyens, “ceux qui parlent d’élections ne veulent pas le bien du pays. Les gens continuent de mourir; nos FDS souffrent, les gens ont faim. Tout ce que nous voulons, c’est la paix d’abord”.
Concernant le processus de récupération du territoire national, M. Ilboudo se dit “peu satisfait”. Il y a, dit-il, beaucoup de zones qui ont été libérées mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt : “Le niveau est passable. Un peu satisfaisant”.
Il rappelle aussi des propos du Capitaine Ibrahim Traoré à ses premières heures au pouvoir. “Il a demandé aux hommes politiques lors d’une rencontre : “Est-ce que vous savez que notre pays est presque pris ? Est-ce que vous savez qu’on l’a presque perdu ?”
Selon Ablassé Ilboudo, certaines zones ont été libérées. Il cite par exemple Solenzo, capitale de la province des Banwa (Boucle du Mouhoun). “Plusieurs zones ont été libérées. Des populations sont réinstallées mais il reste des poches de résistance qui échappent au contrôle de notre armée”, relève-t-il.
D’autres citoyens, interrogés à ce sujet, se disent “fiers des réalisations en termes de récupération du territoire”.
Mme Nikiema, par exemple, affirme être soulagée. “J’ai une famille qui avait fui mais aujourd’hui, ils sont répartis dans leur village. Ils sont à Bogandé”, confie-t-elle.
“Nous avons tous quelqu’un que nous connaissons qui a été chassé de son village. Mais les militaires travaillent avec tout leur coeur. Nous avons donc confiance qu’on en finira avec le terrorisme.”
Même son de cloche chez Souleymane Nabolé. Les actions de récupération du territoire national menées par le gouvernement de Transition sont “une fierté”, dit-il.
Antoinette Tapsoba