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Burkina Faso : “Le panier de la ménagère ne tiendra pas longtemps si les prix continuent d’augmenter” (Amina Yanogo, vendeuse de légumes)

Des consommateurs burkinabè se plaignent des prix de certains produits alimentaires, notamment le riz, l’huile et le sucre. Selon certains, la situation des prix des produits de grande consommation a atteint un “niveau inquiétant”. “Le panier de la ménagère ne tiendra pas longtemps si ça continue ainsi”, déclare Amina Yanogo. Selon cette vendeuse de légumes au marché de Dassasgho, un quartier de la capitale, la ménagère risque de déposer définitivement son panier si la situation ne s’améliore pas. Les revendeurs, pointés du doigt, accusent, à leur tour, les grossistes. 24heures.bf s’est rendu dans des marchés de la ville de Ouagadougou. Constat. 

Mathieu Kaboré est un commerçant “demi-grossiste” au marché de Dassasgho (secteur 28 de Ouagadougou). Le prix du bidon d’huile de 20 litres s’élève actuellement, dit-il, à 19 750 FCFA chez les grossistes. Il coûtait 15 000 FCFA avant de passer à 15 500 FCFA en avril dernier, déplore Mathieu Kaboré.

“Si nous achetons le bidon de 20 litres à 19 750 FCFA actuellement chez les grossistes, nous sommes obligés de le revendre à 20 000 F CFA”, explique-t-il. Selon lui, « le commerçant détaillant qui achète le bidon de 20 litres à ce prix est contraint de vendre le litre à 1000 FCFA, voire plus, s’il veut avoir du bénéfice”.

C’est d’ailleurs au prix de 1000 FCFA que Paul Laguware, commerçant détaillant au marché de Saaba, vend le litre d’huile. Avant l’augmentation du prix, il achetait le bidon de 20 litres d’huile à 15 750 F CFA ou à 16 000 FCFA maximum. En ce moment, le litre d’huile était vendu à 800 F CFA. Selon lui, cette hausse est intervenue au cours de la semaine passée, juste avant la fête de Tabaski. “Le samedi, nous avons appris que le prix du bidon de 20 litres a augmenté de 500 FCFA. Dès le lendemain, c’est passé à 1000 francs”, dit-il.

Des sachets d’huile à 50 F l’unité/@AT

Au marché de Bendogo (secteur 27 de Ouagadougou), c’est le même constat. A Dassasgho par contre, le litre d’huile se vend aujourd’hui à 1 100 FCFA contre 800 francs auparavant, dans les boutiques que nous avons visitées. Un prix jugé “trop élevé” par les consommateurs. Des “boutiquiers” de Bendogo, tout comme les autres commerçants détaillants interrogés déplorent une augmentation venant des grossistes.

Paul Laguware, “commerçant détaillant” souligne que l’an dernier, même dans le pire des cas, le prix du litre d’huile n’a jamais excédé 1 000 FCFA à Ouagadougou. Une augmentation du prix de l’huile est intervenue au cours de la semaine dernière, selon les informations des commerçants interrogés.

Le sac de 25kg de riz vendu à 11 000 FCFA il y a quelques mois est passé à 12 500 FCFA, confie Mathieu Kaboré. Pour celui de 50 kg, il faut débourser la somme de 25 000 FCFA. Il coûtait pourtant 21 000 francs.

Le sucre, lui, se vend actuellement à 750 FCFA le kg. 20 500 FCFA le carton chez les demi-grossistes.

Le kilogramme de sucre est ainsi passé de 600 FCFA à 750 francs. Les changements au niveau du riz et du sucre ont été observés depuis près de quatre mois, selon les commerçants. Par contre, l’augmentation du prix de l’huile est très récente, disent-ils.

Comparativement à l’année dernière à cette période, les commerçants, tout comme les consommateurs, trouvent que les prix de ces produits sont à la hausse. Cette flambée des prix se ressent chez le consommateur. Et le panier de la ménagère semble payer le plus lourd tribut.

Landry Kiema venu acheter de l’huile au marché de Saaba (est de Ouagadougou), exprime son amertume. “On ne peut s’en sortir”, dit-il en brandissant son sachet d’huile. S’il faut dépenser 200 FCFA dans l’achat d’huile, avec quoi je vais acheter le riz et les condiments alors que tout est cher?”, s’interroge-t-il.

Landry Kiéma, consommateur

Ce consommateur confie avoir accueilli, à Ouagadougou, sa famille ayant fui l’insécurité le jour de la fête de l’Aïd El Kébir (Tabaski). Désormais, il doit dépenser plus que d’habitude “alors que je n’ai même pas un travail fixe”, dit-il.

Amina Yanogo, vendeuse de légumes au marché de Dassasgho dit être dépassée par la situation. “Il n’y a plus rien dans le panier de la ménagère”, dit-elle d’un ton ironique. “Le jour de la Tabaski, je suis allée à la boutique pour acheter de l’huile et on m’a dit que le litre coûte 1100 FCFA. Et quand je suis venue au marché, j’ai constaté qu’il y avait une promotion; le bidon de trois litres d’huile était vendu à 2000 FCFA. J’en ai acheté”, relate Amina Yanogo. Avant de demander à son voisin commerçant de confirmer ses propos. “Jusqu’aujourd’hui, le litre d’huile se vend à 1100 FCFA”, dit-elle. A côté, le commerçant affiche un air approbateur.

A qui la faute ?

Les consommateurs accusent les détaillants qui, eux, tiennent pour responsable les demi-grossistes. Ces derniers, à leur tour, renvoient la balle aux grossistes. Le prochain indexé après les grossistes, c’est l’État burkinabè.

Selon Mathieu Kaboré, demi-grossiste, la question des frais de douane est évoquée par les grossistes pour justifier l’augmentation des prix. “Pourtant, la douane affirme n’avoir rien augmenté”, relève Mathieu Kaboré, tout intrigué.

Les commerçants et les consommateurs que nous avons interrogés sont tous d’accord que les prix de l’huile, du riz et du sucre sont nettement au-dessus des prix observés l’année dernière à cette période. A l’unanimité, ils souhaitent la prise de mesures pour, disent-ils, soulager les populations.

@DR

Selon eux, si en plus de la situation sécuritaire, le prix des produits alimentaires continue de croître, les populations ne vont pas tenir. Ils souhaitent donc le retour de la paix au Burkina. La montée des prix des produits est, selon Amina Yanogo, liée à la situation sécuritaire du pays. “ Une fois que cette situation sera résolue, les prix des produits vont baisser”, conclut-elle, avec espérance.

Le ministère du Commerce, à travers la Brigade mobile de contrôle économique et de répression des fraudes (BMCRF), a effectué le 12 juin dernier, des visites inopinées dans plusieurs régions du pays. L’objectif, selon le ministère, est de s’assurer du respect du poids et du prix du riz. Et ainsi endiguer une éventuelle hausse des prix, du fait de la fête de Tabaski qui se profitait.

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