Niamey accueille ce 6 juillet le premier sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES). Le Chef de l’État burkinabè, le Capitaine Ibrahim Traoré, est revenu, à cette occasion, sur le contexte de création de cette Alliance. Les populations des trois pays ont souffert, dit-il, des actions de ceux qu’ils appellent “les impérialistes et leurs valets locaux”. “Voilà pourquoi nous avons décidé de nous révolter et de prendre le destin de nos pays en main”, a-t-il lancé. Le sommet devrait permettre, selon lui, “de prolonger et d’agrandir l’architecture de l’AES”.
L’AES a été créée dans “une architecture de défense mutuelle”. Mais elle s’étendra sur d’autres domaines. Foi du Capitaine Ibrahim Traoré.
“Ce qui nous rassemble aujourd’hui doit nous permettre d’aller sur d’autres terrains en plus de la défense. Notamment les finances et l’économie, les infrastructures, la santé et l’éducation”, a-t-il expliqué.
Il a ainsi souhaité que les participants à ce sommet aient à l’esprit une chose : “l’intérêt suprême de nos populations”.
De son côté, le Colonel Assimi Goïta salue des résultats historiques qui, dit-il, ont été engrangés par l’Alliance. “Les résultats ont été visibles sur le terrain. Notre Alliance a très tôt su traduire en action l’architecture de défense collective et d’assistance mutuelle, mise en place pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, et contre la criminalité organisée dans notre espace commun. Je tiens à insister sur la notion d’espace commun”, a-t-il déclaré.
Il salue ici “la clairvoyance” de ses homologues burkinabè et nigérien qui, dit-il, a consisté en la prise de mesures nécessaires pour autoriser les droits de poursuite sur leurs territoires respectifs. Cela a permis de “traquer efficacement les groupes armés terroristes sans contrainte liée aux frontières nationales”.
Selon lui, la dimension sécuritaire à l’origine de la création de l’AES est parfaitement prise en charge par les Forces de défense et de sécurité des trois pays.
Elles opèrent, dit-il, en totale complémentarité face aux attaques terroristes.
“Nos forces se projettent désormais en posture offensive pour neutraliser ces groupes sans foi ni loi. L’engagement et la détermination de nos hommes et femmes au combat forcent notre fierté, notamment au vu du recul indéniable de l’insécurité dans l’espace AES”, se réjouit-il.
La meilleure illustration de cette avancée sécuritaire “est le retour de l’Etat, des administrations et des populations dans des localités longtemps, bien trop longtemps occupées par les groupes armés terroristes, appuyés par leurs sponsors extérieurs”, a-t-il expliqué.
“Aujourd’hui, il est évident que l’affaire a changé de camp”. Pour preuve, il mentionne des “actes de reddition d’éléments terroristes qui déposent les armes devant nos armées nationales”.
La mise en place de la Force conjointe des États du Sahel en mars 2024 est, selon le Colonel Goïta, le symbole de l’unité d’action de l’AES et de détermination à protéger ensemble ses populations et à préserver sa souveraineté.
D’autres domaines de collaboration sont alors envisagés. La libre circulation des personnes et des biens constitue, selon le Colonel Goïta, l’un des autres aspects essentiels de l’AES.
“Trop souvent, les populations de nos États respectifs ont entendu prôner le principe de cette libre circulation sans qu’il ne soit une réalité vécue”.
Il déplore ainsi les tracasseries administratives et routières. Mais il rassure : “Je sais qu’avec mes frères, les présidents Tiani et Traoré, nous ne dirons bientôt plus les populations respectives de nos pays, mais plutôt nos populations AES. Car l’AES que nous sommes en train de mettre en place est d’abord et avant tout l’AES des peuples”.
Ainsi, le Chef de l’Etat malien souhaite “une AES dans laquelle les Burkinabè et les Nigériens seront chez eux au Mali et inversement, sans aucune forme de barrière bureaucratique”.
Cette liberté de circulation sera “sous-tendue”, dit-il, par une accélération des investissements dans le domaine des infrastructures routières, ferroviaires et aériennes. Mais également dans celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Cela catalysera, dit-il, l’approfondissement des investissements dans le domaine de la production agricole et dans celui des industries de transformation. Profitant ainsi de la complémentarité des économies des trois pays.
“Il nous appartient désormais de renforcer ce lien stratégique entre nos trois Etats pour surmonter ensemble les défis auxquels nous faisons face”, indique le Président malien. Réitérant sa “ferme détermination à faire de l’Alliance des Etats du Sahel un modèle de coopération régionale, de solidarité, de développement. Mais également un modèle d’intégration sous-régionale conformément aux principes de la Charte du Liptako-Gourma”.
Selon le Général Tiani, ce sommet constitue une étape importante dans la consolidation des liens séculaires, géographiques et culturels qui unissent les populations des trois pays.
“L’approbation formelle du traité portant création de la “Confédération Alliance des États du Sahel”, consacrera ainsi l’aboutissement des aspirations de nos populations à sceller sur le socle de notre espace sahélien, une union d’États partageant les mêmes défis et les mêmes ambitions. En un mot, le même destin”, a-t-il affirmé.
Selon lui, le volet défense-sécurité de l’AES connaît déjà des avancées significatives. Notamment avec la mise en place de la force conjointe des États du Sahel.
Il est donc nécessaire, poursuit-il, dans le contexte géopolitique actuel, de coordonner nos actions diplomatiques tant au plan bilatéral qu’au sein des organisations multilatérales. Et d’harmoniser les politiques extérieures pour garantir au mieux les intérêts de la Confédération-AES dans l’arène internationale.
Un développement commun…
Le Général Tiani estime qu’il est urgent de créer les conditions d’une véritable sécurité alimentaire dans les pays de l’Alliance. En mettant en place des dispositifs économiques, financiers et monétaires nécessaires au financement du développement et à l’investissement productif dans l’espace des États de l’Alliance.
“Le sort économique de nos États réside également dans l’industrialisation en vue de la transformation sur place de nos produits et de nos richesses en ressources naturelles. De même que la solidité de notre Confédération repose sur notre capacité à édifier les infrastructures d’interconnexion des routes, compagnies aériennes, réseaux ferroviaires ainsi que des projets structurants dans le domaine de l’agroalimentaire des industries extractives et de l’énergie”, a-t-il expliqué.
Les délibérations de ce sommet permettront d’adopter l’armature juridique et institutionnelle permettant de donner corps et identité à la Confédération Alliance des États du Sahel, a-t-il affirmé.
“Nos peuples ont irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO. Il nous appartient aujourd’hui de faire de la Confédération Alliance des États du Sahel, une alternative”. Parole du Général Tiani.
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