Le 7 février 2023, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a publié son dernier rapport sur l’extrémisme violent en Afrique subsaharienne. Intitulé « Sur les chemins de l’extrémisme en Afrique : les voies du recrutement et du désengagement », ce rapport dresse la liste des raisons qui entrainent les populations locales à rejoindre les rangs de l’ennemi.
Le rapport révèle que, sur près de 2 200 personnes interrogées dans huit pays différents, dont le Burkina Faso, 1 000 personnes sont d’anciens membres des groupes armés terroristes. Pour 50 % de ces anciennes recrues, « l’élément déclencheur » de ralliement aux groupes terroristes est, à 71 %, la violation des droits de l’homme par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). « Ce non-respect des droits de l’Homme a conduit beaucoup de jeunes à se révolter et à prendre les armes contre leurs compatriotes« .
Vient ensuite la question du chômage. En effet, beaucoup rejoignent les rangs des hommes armés non identifiés par manque d’activités rémunératrices pour subvenir à leurs besoins. Au Burkina Faso, le constat est que le taux de chômage dans les zones rurales est de plus en plus croissant chaque jour.
D’après le programme onusien, les facteurs religieux qui ont été autrefois les principales motivations pour s’engager dans l’extrémisme violent sont à la troisième place dans ce classement. Inspirée d’un rapport publié en 2017, l’étude « Sur les chemins de l’extrémisme en Afrique : moteurs, dynamiques et éléments déclencheurs » indique que la religion constitue 17 % des causes d’adhésion aux groupes terroristes contre 71 % en 2017. Mais selon cette étude, les anciennes recrues ayant déserté les rangs des terroristes, sont moins susceptibles de les rejoindre à nouveau ou d’inciter d’autres personnes à y adhérer.
Pour une meilleure stratégie de lutte contre le terrorisme, le rapport préconise de maximiser les efforts pour améliorer les services sociaux et les conditions de vie des populations. Ainsi, la protection de l’enfance, l’éducation, la création d’emplois assez rémunérateurs et le renforcement des capacités des hommes et des femmes, surtout dans les milieux ruraux, sont les domaines dans lesquels les gouvernements des pays à forts taux d’insécurité doivent intervenir pour vaincre plus efficacement le terrorisme.
Lire aussi | Burkina Faso : le douloureux périple d’une femme déplacée interne
« L’Afrique subsaharienne est devenue le nouvel épicentre mondial de l’extrémisme violent, enregistrant 48 % des décès dus au terrorisme dans le monde en 2021. Cette poussée de l’extrémisme violent a non seulement un impact négatif sur la vie, la sécurité et la paix, mais aussi risque d’annihiler les gains en matière de développement durement acquis pour les générations à venir. Les réponses antiterroristes axées sur la sécurité sont souvent coûteuses et peu efficaces. Malheureusement, les investissements dans des approches préventives de l’extrémisme violent sont terriblement insuffisants. Le contrat social entre les États et leurs citoyens mérite d’être redynamisé pour s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent », indique Achim Steiner, administrateur du PNUD.
« Trouver un cadre de dialogue et de réinsertion communautaire pour les anciennes recrues repenties » est, selon le PNUD, un autre moyen aussi efficace que les moyens militaires, pour venir à bout du terrorisme en Afrique.