L’activiste d’origine béninoise Kemi Seba a été interpellé à Paris, hier, par des agents de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Dans un communiqué daté de ce 15 octobre, son organisation, l’ONG Urgences panafricanistes, donne de la voix. “Disposant d’un visa de type D permettant de circuler sur l’ensemble de l’espace Schengen, Kemi Seba était présent à Paris afin de rencontrer des opposants politiques béninois et de visiter un proche souffrant”, affirme-t-elle.
Selon cette organisation, Kemi Seba a été interpellé avec l’un de ses proches, Hery Djehuty.
“Les chefs d’inculpations retenus contre eux seront communiqués lors de la conférence de presse qui sera organisée dans les prochaines heures”, annonce l’ONG. Qui ajoute que Kemi Seba, dans le cadre de ses activités politiques, a débuté une “tournée de sensibilisation des diasporas africaines sur la nécessité de soutenir et d’accompagner les processus souverainistes des peuples afro-descendants partout dans le monde”. Dans ce sens, il a été invité, selon elle, en Turquie pour une série d’interviews, puis au Congrès anticolonialiste de Baku en Azerbaïdjan.
“Ces deux dernières semaines, Kemi Seba a également effectué diverses rencontres avec des organisations de la société civile et des médias, notamment en Espagne et en Belgique. Cette campagne devait se clôturer par une prise de parole au Conseil des droits humains à Genève”, indique l’ONG.
Déchu de sa nationalité française le 9 juillet dernier, le conseiller spécial du président nigérien Abdourahamane Tiani dispose d’un passeport diplomatique nigérien depuis août 2024. Et c’est ce document d’identité qu’il aurait utilisé pour son entrée en France. Il a brûlé son passeport français en mars dernier bien avant la déchéance de sa nationalité française.
De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kemi Seba se revendique d’un panafricanisme radical et affirme, lors de ses sorties, combattre “l’impérialisme et le néocolonialisme”.
Ce n’est pas une première. Il a été plusieurs fois interpellé. Par exemple au Bénin, son pays d’origine, le 15 septembre 2023 avant d’être libéré le lendemain.
En mars 2019, il a été expulsé de la Côte d’Ivoire où il devait animer une conférence contre le néocolonialisme.
Pendant les mois qui ont précédé cette expulsion, il avait violemment critiqué le Président Alassane Ouattara parce qu’il défendait le franc CFA.
En décembre de la même année, il a été condamné par le Tribunal de grande instance de Ouagadougou à deux mois de prison avec sursis pour outrage au chef de l’État burkinabè d’alors, Roch Marc Christian Kaboré.
En octobre 2021, alors qu’il était en tournée internationale pour des conférences et des mobilisations contre le néocolonialisme, il avait été arrêté puis expulsé du Burkina Faso.
Il avait à l’époque saisi la Cour de justice de la CEDEAO aux fins de condamner le Burkina Faso pour « détention arbitraire, atteinte à la liberté de circulation, à la liberté d’expression, au droit à la défense et à la dignité humaine ».
Kemi Seba a été expulsé de plusieurs autres pays dont le Sénégal et la Guinée.
C’est d’ailleurs ce qui lui a valu le qualificatif « Kemi Seba le polémiste ».