L’épisode des poissons morts se poursuit au Burkina Faso, cette fois avec le fleuve Mouhoun. Depuis le 12 février 2023, une forte mortalité du poisson a été constatée dans ledit fleuve, situé dans la région de la Boucle du Mouhoun. « Des investigations sont en cours pour déterminer les causes de cette mortalité », selon un communiqué du Président de la délégation spéciale de la commune de Poura. La Volta noire fait-elle face à une nouvelle pollution de ses eaux ?
On se souvient qu’en juillet 2021, les eaux du fleuve Mouhoun avaient été polluées, causant la mort de plusieurs tonnes de poissons sur les bords du cours d’eau. Au niveau de la rivière de la commune de Siby, en plus des poissons, les bêtes qui s’étaient abreuvées à cette source sont mortes. Les produits chimiques utilisées dans les activités minières étaient soupçonnés d’être le facteur polluant.
À l’issue de l’analyse chimique des eaux, le ministère de l’Eau et de l’assainissement avait indiqué que les résultats ont montré « une augmentation de la turbidité de l’eau qui est passée de 100 UTN à 2.000 » et qu’il n’y avait aucune présence de produits chimiques dans l’eau. Les techniques culturales (remuer le sol) en étaient la principale cause. Selon le ministère, l’augmentation de la turbidité de l’eau est un phénomène qui est observé chaque année sur certains tronçons du fleuve Mouhoun.
En mai 2020, des centaines de tilapias ont été retrouvés morts dans le barrage de Guitti dans la commune de Séguénega (région du Nord). Des centaines de poissons en putréfaction ont été repêchés de l’eau. Selon les hypothèses avancées par le ministère de l’Eau, il s’agit de la baisse de la qualité de l’eau, de la fragilité de l’espèce du poisson et la rémanence des pesticides qui interviennent dans les travaux maraîchers et d’orpaillages.
L’incrimination de l’utilisation des pesticides dans l’hypothèse d’une pollution des ressources halieutiques interroge sur la rigueur dans le contrôle des produits phytosanitaires au Burkina Faso et sur la plus-value de son utilisation. Ne serait-il pas temps d’opter résolument pour des produits bio afin de sauvegarder et de protéger le biotope naturel ?
Pour l’heure, il est formellement déconseillé de consommer les poissons issus du fleuve Mouhoun pour éviter des intoxications alimentaires pouvant entrainer la mort.