
Des vidéos de tortures ont circulé ces derniers jours. Selon leurs auteurs, il s’agit d’exactions des forces combattantes contre des civils, notamment dans la région de la Boucle du Mouhoun. Devant la Représentation nationale, le Chef du gouvernement Jean Emmanuel Ouédraogo a été invité à se prononcer sur le sujet. Et il s’est voulu catégorique : “Ce sont des actions de manipulation qui visent à remettre en cause les actions des Forces combattantes”. Il a ainsi invité les membres de l’Assemblée législative de transition (ALT) à ne pas céder à la manipulation.
“Vous remarquerez une chose : chaque fois que l’armée marche sur l’ennemi, il y a beaucoup de manipulations. C’est l’occasion d’attirer votre attention sur ces actions de manipulation”, alerte le Chef du gouvernement.
Selon lui, les informations relatives à de supposées exactions “ont pour seul objectif de décourager, de distraire. Et surtout de remettre en cause les acquis significatifs de cette marche pour la reconquête de l’intégrité du territoire”. De grandes opérations de lutte contre le terrorisme sont actuellement en cours, dit-il. “Ce sont des opérations audacieuses, de grande envergure, dans des zones stratégiques. Le rouleau compresseur de l’armée est en train d’écraser l’ennemi dans ces zones. La guerre de haute intensité est effective dans ces zones”, a-t-il lancé. Invitant les membres de l’Assemblée à rendre hommage à “nos héros”.
“Chantons les louanges de nos forces combattantes qui, à l’heure où nous sommes en train de sacrifier à cette obligation, sont en train, au prix de leur vie, d’amplifier la dynamique de reconquête du territoire”.

Et il insiste en affirmant ceci : “Il ne faut pas céder à la manipulation. De toute façon, les auteurs de ces manipulations sont toujours les mêmes. Ce sont les mêmes qui dépriment chaque fois que nos forces combattantes infligent des défaites cuisantes à l’ennemi”.
Selon lui, ces “ennemis de la Nation ne cachent pas de se réjouir ou d’afficher leur satisfaction quand les populations civiles innocentes sont attaquées, quand nos forces de défense et de sécurité sont lâchement attaquées”. Ces manipulations sont, dit-il, le fait d’individus et de (leurs) relais à travers un certain nombre de “médias mensonges qui ont été démasqués et fermés au Burkina et dans tout le Sahel”.
Concilier respect des droits humains et reconquête du territoire
À plusieurs reprises, les Forces de défense et de sécurité ont été pointées du doigt et accusées d’être à l’origine d’exactions contre des civils. On note, à titre d’exemple, la mort de 147 civils à Karma, dans la région du Nord, en 2023. Les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ne sont pas non plus épargnés concernant ces allégations. Les supplétifs de l’armée avaient été accusés en 2023, d’être à l’origine du massacre de 28 personnes à Nouna, dans la province de la Kossi. L’enquête annoncée par le gouvernement à cette époque “pour élucider les circonstances du drame et situer toutes les responsabilités” n’a pas encore livré ses secrets.
Le Premier ministre mentionne une batterie de mesures prises par le gouvernement afin de permettre aux forces combattantes de travailler dans la sérénité.
Le gouvernement a élaboré, dit-il, un plan concerté de formation des Forces combattantes sur la prise en compte des droits humains et du droit international humanitaire dans les opérations de sécurisation du territoire.
La mise en œuvre de ce plan a permis de former en 2024, 627 coordonnateurs et formateurs de VDP et de sensibiliser plus de 32 000 VDP au respect des droits humains.
Par ailleurs, un guide illustré sur la prise en compte des droits humains à l’usage des VDP a été élaboré. Et sera mis à leur disposition. Il a été également institué la judiciarisation des opérations de sécurisation du territoire à travers le déploiement, aux côtés des forces engagées dans la lutte contre le terrorisme, d’unités prévotales chargées de constater toute violation des droits humains. Et ce n’est pas tout. Il est institué au sein de chaque État-Major tactique, un conseiller juridique, explique le Premier ministre.
“Afin de concilier l’impératif du respect des droits humains et la reconquête du territoire, la formation initiale des Forces de défense et de sécurité intègre les droits humains et les droits internationaux humanitaires”, précise-t-il. Autre mesure : création le 24 août 2024, du cadre de concertation de suivi et d’alerte précoce en cas d’allégations de violation et d’abus des droits humains.
Le gouvernement a créé, selon le Premier ministre, un groupe de travail interministériel de veille et d’alerte afin de suivre le traitement des violations des droits humains rapportées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
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