En mai 2015, plus de 27 ans après leur assassinat, le corps de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons sont exhumés dans le cadre de la procédure judiciaire contre leurs présumés assassins. Huit ans plus tard, les restes des défunts sont ré-inhumés, dans la matinée de ce jeudi 23 février 2023, sous le regard de familles, proches et amies. La cérémonie a connu la présence de personnalités telles que le Premier ministre Me Kyelem de Tambèla et le président de l’Assemblée législative de transition Ousmane Bougma.
Entre soulagement et tristesse. Tels sont les sentiments des proches des victimes du 15 octobre 1987. Thomas Isidore Noël Sankara, Paulin Babou Bamouni, Emmanuel Bationo, Bonaventure Kompaoré, Abdoulaye Gouem, Frédéric Gannoaga Kiemdé, Wallilaye Ouédraogo, Christophe Saba, Hamado Savadogo, Noufou Sawadogo, Der Jean André Somda, Paténéma Soré et Patrice Sibiri Zagré reposent désormais sur le site du Mémorial Thomas Sankara, ex-Conseil de l’Entente.
Le seul rescapé de ce 15 octobre 1987, Alouna Traoré, présent ce jour-là avec Sankara, se sent soulagé, car il n’espérait pas que justice soit faite pour ses compagnons, encore moins qu’ils soient ré-inhumés de manière aussi honorable. « L’histoire nous a remis au bon endroit. Donc gloire à Dieu. (…) Thomas et ses compagnons ont été érigés à l’immortalité. Gloire soit également rendue à Dieu. J’ai ressenti de très fortes émotions durant cette cérémonie. Je ne peux pas vous l’exprimer verbalement. Mais elles étaient très fortes ».
Le frère de Thomas Sankara, Valentin Sankara, a aussi exprimé sa gratitude à toutes les personnes présentes, mais n’a pas voulu en dire plus. Quant au compagnon du père de la révolution, Jean Hubert Bazié, il estime que Sankara et ses compagnons vivront toujours dans le cœur des Burkinabè. « Sankara n’est pas mort. Lui et ses compagnons luttent toujours pour la cause commune. Leurs corps ne sont plus là, mais leurs esprits continuent de vivre parmi nous », dit-il.
Me Bénéwendé Sankara a également pris part à la cérémonie. Il dit avoir été animé par un sentiment de devoir accompli. La procédure judiciaire qui a duré près de sept ans est pour lui un ouf de soulagement. Après s’être battu pour que justice soit rendue aux disparus, il est venu faire ses adieux aux « héros nationaux » tombés le 15 octobre 1987.
« C’est un combat qu’il a mené et nous constatons que ce combat n’a pas été vain grâce à la présence des familles éplorées d’abord, la présence des plus hautes autorités, celle des militants et méconnus venus accompagnés le Président Sankara et ses compagnons à leur dernière demeure », affirme-t-il.
En rappel, il est prévu une cérémonie d’hommage aux défunts le 15 octobre 2023 au Mémorial Thomas Sankara.