La Boucle du Mouhoun est l’une des régions les plus touchées par le terrorisme. Si la ville de Dédougou, chef-lieu de la région, est épargnée par les attaques, la vie devient cependant de plus en plus compliquée dans cette localité. En effet, depuis quelques semaines, une pénurie de carburant s’installe et les habitants nourrissent des inquiétudes face à ce nouveau phénomène.
En matière de carburant, Dédougou tend à être comme Dori. Selon des habitants de la ville de Dédougou, les stations-services ne fonctionnent plus comme d’habitude. La ville est confrontée à une pénurie de carburant. « C’est la semaine passée que le problème a commencé. Le stock des stations a baissé. Plusieurs points de vente ont dû fermer« , explique Badolo, un habitant de la ville. Selon lui, l’insécurité est la raison de ce problème. « Comme la région n’est pas trop stable d’un point de vue sécuritaire, c’est compréhensible« , justifie-t-il.
Fonctionnaire à Dédougou, Issa, lui, trouve que ce problème est très inquiétant. « J’avoue que je nourris des inquiétudes. Il n’y a que quelques stations qui ont des réserves de carburant. Souvent, on ne peut pas trouver la quantité qu’on désire. Nous sommes obligés de nous en tenir à ce qu’on nous sert. Mais deux jours après, nous sommes confrontés aux mêmes problèmes« , dit-il.
« La région risque d’être paralysée »
Selon lui, il est impératif de trouver une solution. « Nous espérons que les autorités trouveront rapidement une solution, sinon ce n’est pas facile. C’est une grande ville et beaucoup d’activités marchent grâce au carburant. La région risque d’être paralysée si la pénurie de carburant s’installe définitivement à Dédougou« , affirme Issa.
Étudiant depuis deux ans dans cette ville, Arnaud confie également que le problème est réel. Mais selon lui, cette pénurie n’aura pas d’incidence majeure sur ses activités. « On constate effectivement une pénurie depuis quelques jours. Beaucoup de stations ont fermé. Si le problème persiste, nous allons déposer nos motos pour aller à l’école à pied. D’ailleurs, mon domicile n’est pas très loin de là« , précise le jeune Arnaud. Il ajoute que même si la pénurie existe, les prix à la pompe sont les mêmes. Cependant, il émet des doutes quant au respect de ces prix si le phénomène doit s’étendre sur une longue durée. Il appelle ainsi les autorités de la Transition à se pencher sur le problème.
Des solutions en cours
Au niveau de la mairie de Dédougou, les autorités s’expliquent. « La zone de Dédougou n’est pas stable, côté sécurité. Ces dernières semaines, des citernes transportant du carburant ont été détournées. Elles étaient sur le point de ravitailler les stations-service comme d’habitude. Après ces événements malheureux, beaucoup de fournisseurs ont décidé de suspendre le trafic sur cet axe routier. Ils observent en attendant que la situation se calme. Nous n’avions jamais vécu ce problème« , explique l’un des responsables de la mairie. Selon lui, seules quelques citernes s’engagent sur la route malgré le risque d’être détournés par des terroristes.
Les stations sont ainsi prises « d’assaut » par les habitants. Selon plusieurs sources, la pénurie s’est installée car « certaines personnes ont aussitôt paniqué et ont commencé à faire le plein de carburant dès les premiers instants« . Les responsables communaux rassurent cependant que des concertations ont été engagées avec les plus hautes autorités du pays afin de sécuriser davantage les voies et permettre aux citernes de reprendre le ravitaillement de la ville.