La saison des pluies s’annonce très difficile pour certains groupes de personnes déplacées internes. Ils ont trouvé refuge dans certains quartiers de Ouagadougou et prient ciel et terre à l’annonce d’un orage. Après la forte pluie dans la matinée du 5 juin, 24heures.bf a constaté des dégâts sur certains sites. Les PDI sont dans le désespoir.
Diallo Haoua est son identité. Elle est arrivée à Kalgondin, un quartier de Ouagadougou, il y a environ 8 mois après avoir fui les exactions terroristes à Arbinda, dans la région du Sahel. Veuve et mère de cinq enfants dont un bébé, elle confie avoir le cœur qui bat quand elle voit des nuages se former. « Je me retrouve seule à m’occuper de mes 5 enfants devenus orphelins. La première a environ 20 ans et se débrouille seule avec son mari depuis notre arrivée. Mais les quatre autres sont sous ma charge. A notre réveil, nous étions tous trempés. La pluie d’hier soir était très forte. Celle du matin l’était encore plus », arffirme-t-elle.
Après chaque pluie, les PDI doivent faire sécher leurs affaires et trouver un mécanisme pour éviter d’être inondés la prochaine fois. Certains amassent du sable et aménagent leurs maisonnettes de manière à élever le niveau du sol pour éviter que l’eau coule à l’intérieur. D’autres vont à la recherche de sachets étanches et un peu usés dans les rues de Ouagadougou pour recouvrir leurs huttes afin d’éviter que le toit ne fuite. Lessive matinale par ci, ramassage de terre par là, tout le monde s’affaire pour réduire les dégâts causés par la pluie.
Haoua, elle, n’a pas la force pour ce remue-ménage. Elle se contente de faire sécher les effets mouillés par la pluie et espère un lendemain meilleur. « J’ai un mal de pieds qui me tourmente. La plante de mes pieds me fait mal au point que je n’arrive plus à aller mendier pour mes enfants. C’est eux qui le font pour moi », dit-elle, le regard figé sur le sol.
Dans cette petite hutte, vivent cinq personnes. Une mère et ses quatre enfants. Haoua appréhende déjà le mois d’août. Elle est consciente qu’il lui donnera du fil à retordre. Elle espère néanmoins que d’ici là, sa situation va nettement s’améliorer.
Un site propice aux inondations
Le site sur lequel se sont installées ces personnes déplacées internes est une zone propice aux inondations. Ce lieu servait de décharge pour les riverains. A leur arrivée, les PDI ont aménagé le site et ont raclé toutes les ordures pour les mettre de côté. Cela n’a pas été sans conséquences car le site est finalement devenu une sorte de bas-fonds. Ainsi, toutes les maisonnettes situées sur le passage des eaux de pluie ne sont pas épargnées.
Les eaux de ruissellement ne sont pas le véritable problème. En effet, l’eau qui coule à travers le toit fait plus de dégâts que l’eau de ruissellement. Les maisons n’ont aucun dispositif d’étanchéité par manque de moyens. En plus, il faut noter que ces huttes sont loin d’être solides. Elles sont construites avec des matériaux de fortune. La base est faite avec des branches d’arbres ou d’arbustes qu’ils achètent à 2000 francs les 15 tiges. Ces branches servent de charpentes aux maisonnettes. Ils les recouvrent ensuite avec des morceaux de pagnes, des nattes usées, des morceaux de cartons, bref tout ce qui leur tombe sous la main et qui peut servir à recouvrir une maison.
« Notre plus grande peur, ce sont les tornades. Le type de vent auquel nous avons eu droit hier, nous fait très peur. Il pourrait décoiffer ou même, pire, emporter nos maisons », raconte un voisin, occupé à réaménager sa maisonnette.
Le toit de la maison de Haoua a connu une fuite d’eau durant la nuit dernière et dans la matinée. Cela était prévisible car il n’est recouvert que de morceaux de pagnes et de carton. Un système qui marche durant la saison sèche, mais qui est un handicap pendant la période des pluies.
« Nous sollicitons du matériel d’étanchéité «
A notre arrivée, beaucoup croyaient que nous étions une équipe de l’action sociale venue leur offrir du matériel d’étanchéité. En cette saison pluvieuse, leur cri de cœur se résume à un seul mot: une bâche. Ils en ont tous besoin. Outre le besoin d’assistance alimentaire criard, ces Burkinabè lancent un appel aux bonnes volontés et aux autorités. « Nous demandons aux autorités et aux bonnes volontés de nous venir en aide. Nous sollicitons du matériel d’étanchéité. Ce n’est pas facile de se réveiller trempé, avec des enfants qui peuvent tomber malade à tout moment. Nous espérons qu’ils laisseront parler leur coeur », espère Haoua, toute émue.
Pendant que beaucoup se réjouissent à l’annonce d’une pluie, eux prient, en implorant Allah de les épargner. Qu’en sera-t-il pendant les fortes pluies, en juillet et août ?