Le Comité inter-Etat de lutte contre la sécheresse au Sahel a fait le point de la situation alimentaire en Afrique de l’Ouest, spécifiquement dans les pays du Sahel. Selon ce rapport rendu public le 16 juin, 3,4 millions de Burkinabè, soit 15% de la population, feront probablement face à une crise alimentaire durant la période de soudure, entre juin et août 2023. Les principales raisons invoquées sont la crise sécuritaire et l’inflation dans le pays.
Malgré la campagne céréalière nationale assez satisfaisante, estimée à 5 179 059 tonnes, le Burkina Faso pourrait être confronté, durant la période de soudure, à une crise alimentaire. Si rien n’est fait, plus de 40 mille Burkinabè seront en phase 5, donc en situation de famine.
Cela s’explique par les difficultés d’approvisionnement des denrées alimentaires, conséquences de la crise sécuritaire. « Les marchés agricoles connaissent un dysfonctionnement dans les régions à fort défis sécuritaire, avec une tendance à la baisse des disponibilités liée aux difficultés d’approvisionnement dans ces régions », précise le rapport. Par conséquent, les prix connaîtront une hausse, particulièrement dans la zone sahélienne du pays. Ces tendances inflationnistes risquent de s’exacerber durant la période de soudure à cause de la forte demande durant cette période.
Selon le rapport, les déplacements massifs des populations dans des zones plus favorables accentuent la crise. Elles n’ont pas en effet toutes la possibilité d’exploiter les terres dans leurs localités d’accueil.
Le Burkina se retrouve ainsi deuxième ex-aequo dans le classement des pays ouest-africains traversant une crise alimentaire, à côté du Niger. Le Nigéria est en tête avec environ 24,8 millions de personnes en situation de risque d’insécurité alimentaire.
Les zones où la crise sera plus accrue sont le Loroum, l’Oudalan, le Séno, le Soum, le Sourou, la Yagha et la Komondjari.
Il ressort également de ce document que 2,2 millions de Burkinabè ont été confrontés à la crise alimentaire entre mars et mai 2023, soit 9,8% de la population.
Il est prévu un cumul pluviométrique excédentaire sur la quasi-totalité du territoire burkinabè pour la période de juin à août. En d’autres termes, selon les prévisions, la pluviométrie de cette campagne agricole devrait être suffisante dans la majeure partie du territoire. Il est de ce fait attendu une bonne campagne agricole. De longues pauses pluviométriques sont annoncées dans la partie sud du pays en début et fin de saison pluvieuse.
Pour remonter la pente, le CILSS recommande aux autorités burkinabè d’apporter une assistance alimentaire immédiate dans les localités en situation de crise alimentaire aiguë. Et d’assurer également une meilleure coordination de la réponse en faveur des populations vulnérables. Afin de disposer de données précises sur les zones difficiles d’accès, il suggère au gouvernement d’initier et de conduire des enquêtes rapides. Ce qui permettrait une meilleure prise en charge des populations vulnérables par l’Etat et ses partenaires techniques et financiers.