L’ex-ministre des Transports, de la Sécurité routière et de la Mobilité urbaine, Vincent Dabilgou, est enfin à la barre. Il est accusé de « détournement de deniers publics, abus de fonction, financement occulte de parti politique ». Il a plaidé non coupable.
C’est enfin le moment pour l’ex-ministre des Transports, de la Sécurité routière et de la Mobilité urbaine de se défendre à la barre du tribunal de grande instance Ouaga 1. Ne reconnaissant pas les faits, il a été invité par le président du tribunal à s’expliquer. « Ce que je sais, c’est que le DAF (Jean-Gabriel Seré – NDLR) est membre du bureau exécutif du parti. Il était en tête de liste de sa région. Chacun se bat pour trouver les moyens nécessaires pour son élection. Je reconnais que j’ai remis de l’argent à DG SOPAFER-B qui était en tête de liste du Kadiogo. Nous voulions des places au niveau du Kadiogo. Je lui ai remis 10 millions, mais cet argent provient du financement de l’Alliance des partis de la mouvance présidentielle (APMP) », a déclaré Vincent Dabilgou.
Affaire Vincent Dabilgou : « je n’ai pas pris le soin de lire le contrat avant de le signer » (ex-DG de la SOPAFER-B)
Ousmane Sigué, comptable-matière du ministère au moment des faits, avait déclaré que deux millions ont été retirés des caisses du ministère afin d’acheter des meubles pour le compte de l’ex-ministre. Sur ce point, Vincent Dabilgou s’explique : « Quand j’ai pris fonction, je n’ai pas emménagé dans les villas réservés pour les ministres. Ils ont trouvé qu’ils pouvaient m’acheter des meubles parce que je suis chez moi ».
Concernant le contrat fictif signé entre la SOPAFER-B et la société Green Énergy, le ministre Dabilgou est formel : « je n’étais pas au courant ». Une déclaration qui fait hausser le ton au procureur : « Vous l’avez (Malick Kouanda – NDLR) nommé DG et il est membre exécutif du parti. Le minimum voudrait qu’il vous informe au moins de ce contrat qu’il a défini comme étant un don offert par le ministère », affirme le procureur. L’ex-ministre reste cependant ferme : « c’est lui qui dit que c’est un don, moi, je ne sais pas qui lui a dit que c’est un don. Je n’étais pas informé de ce contrat ».
Une histoire de motos qui divise
« Connaissez-vous Saïdou Compaoré ? ». A cette question du procureur, Vincent Dabilgou, visiblement serein, déclare : « Non, je ne le connais pas ». Le procureur prend alors la parole et s’adresse au tribunal : « lorsque les réquisitions ont été faites, il y a effectivement eu des contacts entre Saïdou Compaoré et l’ex-ministre. Des conversations relatives à l’acquisition de motos pour le compte du NTD pour la campagne présidentielle (de 2020 – NDLR). Nous y reviendrons ».
Malgré cette déclaration, Vincent Dabilgou reste droit dans ses bottes : « je ne le connais pas ». Une sérénité qui met hors de lui le procureur. Il lit un message WhatsApp entre l’ex-ministre et Saïdou Compaoré, retranscrit et versé au dossier. Le message dit ceci : « bonsoir excellence. Je m’excuse, votre stock de motos commandé est prêt. Nous pouvons les livrer demain ».
Affaire Vincent Dabilgou : « 80 motos ont été achetées pour le compte du NTD avec l’argent du ministère » (Jean-Gabriel Seré)
Après lecture, le procureur continue : « Dire que vous ne connaissiez pas ce monsieur vous engage et nous en tirerons les conséquences ». Rien à faire, l’ex-ministre ne démord pas. Tout au long de son audition, il reste statique : « je ne me rappelle pas avoir commandé des motos avec lui. Je ne l’ai pas vu. En politique, c’est un rendez-vous avec l’histoire. Ce n’est pas un rendez-vous avec des motos ».
Financement de parti politique
Lors de son audition, Vincent Dabilgou a déclaré avoir reçu de l’argent de certains opérateurs économiques pour le financement de son parti afin de mener à bien la campagne présidentielle. Le procureur le charge : » vous avez cité des opérateurs économiques qui vous ont donné des sommes faramineuses pour le financement des activités pendant la campagne. Ils ont tous démenti ».
L’ex-ministre répond : « En ma qualité, je ne peux pas mentir sur eux. C’est la première fois que des personnes privées sont interrogées pour savoir si elles ont financé un parti politique. Généralement, elles ne veulent pas que l’on sache qu’elles ont financé un tel parti. Je ne sais pas pourquoi elles se comportent comme ça, mais je ne peux pas mentir sur eux« .
Le procureur continue ses questions : « vous avez affirmé avoir reçu 80 millions de l’APMP (Alliance des partis de la majorité présidentielle – NDLR). Votre trésorière a affirmé avoir reçu 5 millions. Comment expliquez-vous cela ? ». Après un sourire, Vincent Dabilgou parle : « je souhaite, monsieur le procureur, que vous soyez à la tête d’un parti politique un jour, ce n’est pas comme ça que les choses se passent« .
Le procès continue au tribunal de grande instance Ouaga 1.
Mon chère ex-ministre, c’est pas facile hein,tu as l’impression que tout le monde est contre toi, mais c’est pas vrai.Il faut relaté les faits on va quitter ici