Le procès concernant l’ « effondrement d’une dalle à l’université de Koudougou », prévu ce 21 juin, est reporté en octobre. Les parents des victimes, malgré la longue attente, font preuve de compréhension. Sortis massivement pour assister à ce procès, les étudiants, par contre, affirment leur mécontentement.
Le 31 août 2021, la toile s’emflamme. L’université Norbert Zongo de Koudougou est en deuil. Elle a perdu trois de ses étudiants. Ils étaient en stage pratique au niveau de l’université. Ce jour fatidique, une dalle, en décoffrage, tombe sur eux. Leurs camarades ne les oublient pas. Le justice ne les oublie pas non plus.
Ce 21 juin 2023, jour du procès tant attendu, les étudiants de l’université Norbert Zongo de Koudougou sortent massivement. A 8 heures déjà, la salle d’audience du tribunal de grande instance de Koudougou refuse du monde. Tant bien que mal, les uns essaient de se coincer sur les bancs. Les autres sont arrêtés, bras croisés, suivant attentivement à la porte de la salle.
Quand la présidente du tribunal décide du renvoi, la salle commence à se vider. Les étudiants commencent à sortir. Le mécontentement se lit sur les visages. Le bruit de ceux qui sont sortis emplit la salle. Les paroles de la présidente deviennent inaudibles. Un garde de sécurité pénitentiaire impose le silence aux révoltés.
A la fin de la décision, la salle se vide carrément. Les parents des victimes sont déçus. « Nous sommes déjà éprouvés par ce long temps d’attente. Bientôt deux ans et nous attendons en vain que le dossier avance. Nous avions espoir qu’aujourd’hui, le procès se tiendrait » déclare Hamado Nana, parent d’une victime.
Malgré leur douleur, ils sont compréhensifs. « ll faut prendre le mal en patience. Nous restons déterminés pour que la lumière soit faite afin que nous puissions faire le deuil de nos enfants et aller de l’avant », déclare-t-il, la voix basse.
Manque de sérieux
Les étudiants murmurent en groupe ou seuls. Ils ne sont visiblement pas contents. « Depuis 2021, ils ne sont toujours pas prêts. Nous aurions aimé que le dossier soit jugé bien avant aujourd’hui. Ils se disent professionnels, mais il y a un manque de sérieux », tempête Hamidou Sawadogo, membre de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB). « On reste vigilant, on ne va pas se laisser faire » déclare le délégué général de l’IUT.
« Notre lueur d’espoir, c’était aujourd’hui. On a trop attendu. Ça fait 21 mois. Il ya des avocats qui sont absents. Pour nous, ces absences veulent dire qu’ils n’ont pas pris cela au sérieux », déclare Abdoul-Aziz Zongo, membre du collectif des délégués.
Il respecte la compréhension des parents des victimes mais « à notre niveau, on a soif. Si cette audience avait eu lieu depuis longtemps, que les responsabilités avaient été situées, certains drames survenus sur d’autres chantiers au Burkina auraient pu être évités », indique-t-il.
Très révolté, Abdoul Aziz Zongo demande à ses camarades de rester mobilisés et souhaite le soutien de l’opinion publique, pour que justice soit faite pour leurs camarades.