Le Rédacteur en chef de Radio Oméga, Abdoul Fhatave Tiemtoré, auteur de l’interview qui a valu la suspension des programmes de la radio, a été convoqué à la Sûreté de l’État le 11 août. La direction de la Radio, qui annonce aujourd’hui la nouvelle, dit avoir saisi le Conseil d’État à propos de la suspension de ses programmes.
«Dans l’après-midi du jeudi 10 août, deux éléments de la police nationale, dont l’un se nomme Ousmane Ouédraogo, sont venus en tenue civile dans les locaux de Oméga pour convoquer verbalement le journaliste Tiemtoré à la direction de la Sûreté de l’Etat « pour affaire le concernant », indique le communiqué.
Et ce nest pas tout. Dans la soirée du jeudi 10 août, Radio Oméga affirme avoir reçu «un appel téléphonique de la part du Secrétaire général du ministère de la Communication, Fidèle Tamini, pour demander de couper l’antenne». Après la première convocation verbale, deux policiers, Ousmane Ouédraogo et Cheick Ouattara, se sont présentés, le 11 août, à Oméga avec une convocation écrite et l’intention d’amener Abdoul Fhatave Tiemtoré. « Je ne suis pas venu plus tôt parce qu’après la suspension de la radio, nous avons eu beaucoup à faire, mais je m’apprêtais à vous rejoindre. Donc je peux vous suivre avec mon Directeur des rédactions », a déclaré le journaliste en affichant la volonté de les suivre.
Une fois à la direction générale de la sûreté de l’Etat, le Rédacteur en chef de Radio Oméga sera auditionné par le lieutenant de police Cheick Ouattara. «Les questions portaient sur la manière dont le journaliste a connu l’homme politique nigérien, comment il est entré en contact avec lui, s’il sait où se trouve l’intéressé, pourquoi l’avoir interviewé», précise le média. Des éléments auxquels le journaliste a apporté des réponses.
A l’issue de l’audition, un procès-verbal a été dressé. «Avant sa signature, le policier Cheick Ouattara a dit avoir rendu compte à la hiérarchie et qu’il attendait son retour pour permettre ou non au journaliste de quitter les lieux (…) C’est aux environs de 16h50 que le policier Cheick Ouattara dira au journaliste qu’il pouvait repartir, sans faire mention du procès-verbal, qui n’a finalement pas été signé», relate Radio Oméga.
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La Radio conteste la suspension de ses programmes par le gouvernement. Il dit d’ailleurs avoir saisi le Conseil d’État. «Comme elle l’avait annoncé dans son premier communiqué, Oméga Médias a saisi le Conseil d’Etat en vue d’user de tous ses droits de recours face à cette décision (…) Au regard des textes, le gouvernement n’a pas le droit de suspendre une radio. Cette prérogative relève du Conseil Supérieur de la Communication (CSC)», affirme la direction de la Radio.
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Elle dénonce par ailleurs la convocation et l’audition de son journaliste. Et rappelle que la dépénalisation des délits de presse est consacrée par une loi en vigueur depuis 2015.