La nouvelle charte de transition au Gabon, adoptée le 2 septembre, définit le cadre des institutions politiques pour la période de transition. Si elle n’autorise pas explicitement le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), à se présenter à la prochaine élection présidentielle, elle ne l’interdit pas non plus.
Bien que l’article 40 de la charte stipule que le vice-président de transition ne peut pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, aucune disposition n’interdit au président de transition lui-même de briguer le plus haut mandat de l’Etat. « Le Président de la Transition peut être assisté d’un Vice-Président de la Transition. Le Vice-Président de la Transition est nommé par le Président de la Transition qui met fin à ses fonctions. Le Vice-Président de la Transition n’est pas éligible à l’élection présidentielle qui sera organisée pour marquer la fin de la Transition. La présente disposition n’est pas susceptible de révision », précise l’article 40 de la charte.
Il est donc possible que le nouvel homme fort du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, arrivé au pouvoir par un coup de force le 30 août dernier, se porte candidat à la fin de la transition. D’autant que la charte accorde au président de transition des prérogatives étendues. Il nomme ainsi le Premier ministre, les membres du gouvernement et les membres du Parlement.
La charte ne fixe pas non plus la durée de la transition, se contentant d’indiquer que le mandat du président de transition s’achève après l’investiture du président élu. En organisant rapidement l’élection, le Général Oligui Nguema pourrait donc légitimer son pouvoir actuel et se donner les moyens de rester au pouvoir. « Le Président de la Transition remplit les fonctions de Chef de l’Etat. Il est le Ministre de la Défense et de la Sécurité. Il veille au respect de la Constitution et de la Charte de la Transition. Il est choisi par un collège de désignation mis en place par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions. », stipule l’article 35.
Et ce n’est pas tout. Le Général Oligui Nguema pourrait répondre pratiquement à tous les critères d’éligibilité du prochain chef de l’État, consignés dans la nouvelle charte. « Être une personnalité civile ou militaire; être de nationalité gabonaise d’origine au sens du Titre I du Code de nationalité ; être âgé de 35 ans au moins et de 70 ans au plus ; être intègre, de bonne moralité et impartial; être une personnalité de notoriété publique ; jouir de ses capacités physique et mentale ; n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation pénale pour crime; être reconnu pour son engagement dans la défense des intérêts nationaux », telles sont les dispositions de l’article 38.
Aucun membre du gouvernement de transition n’est éligible à la prochaine présidentielle
Le Général Oligui Nguema, à la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), a nommé le 7 septembre Raymond Ndong Sima, ancien opposant d’Ali Bongo, chef du gouvernement. Dans les jours à venir, le Président procédera à la nomination des différents ministres sur propositions du Premier ministre Raymond Ndong Sima. Bien évidemment, ce dernier ne pourra pas se présenter aux prochaines élections. L’article 44 de la présente charte est formel. « Les membres du Gouvernement de la Transition ne sont pas éligibles à l’élection présidentielle qui sera organisée pour marquer la fin de la Transition. Les officiers supérieurs des Forces de Défense et de Sécurité, nommés membres du Gouvernement, réintègrent leurs corps d’origine à la cessation de leurs fonctions ministérielles ».
Aussi, cette charte instaure un gouvernement de transition dirigé par un Premier ministre nommé par le président de la transition. Elle crée également un Parlement bicaméral avec une Assemblée nationale et un Sénat. L’Assemblée nationale comprend 50 membres issus des partis politiques et 20 hauts cadres de la Nation. Le Sénat est composé de représentants de la société civile, du patronat, des syndicats et des confessions religieuses.
Le Gabon est entré dans une période de transition après les événements du 30 août. Brice Clotaire Oligui Nguema a mis fin au pouvoir du clan Bongo qui règne depuis pratiquement 55 ans.