La rentrée judiciaire 2023-2024 a eu lieu ce 2 octobre, à Ouagadougou. Thème : « Le traitement judiciaire des infractions économiques et financières : état des lieux et perspectives ». Selon le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), ce thème doit permettre aux acteurs judiciaires d’orienter la réflexion vers une meilleure efficacité de l’institution judiciaire dans la lutte contre la corruption.
« La Justice est considérée comme un pilier de l’État de droit et de toute société démocratique. Elle est l’instrument de régulation des tensions sociales, en ce sens que c’est vers elle que se tournent le plus souvent les citoyens, en particulier les plus faibles, pour avoir du réconfort lorsqu’ils se sentent lésés dans leurs droits », indique le REN-LAC. Il affirme que la justice devrait être au service de la nation, et non des individus. Au regard de l’importance de la justice pour les citoyens, le REN-LAC estime que l’un de ses défis aujourd’hui est de montrer au peuple toutes les garanties de son indépendance.
Cette rentrée judiciaire se tient dans un contexte où la Justice burkinabè fait face à des défis importants en matière d’indépendance. Pour cette cause, l’organe de lutte contre la corruption se veut clair : « Ni le législateur, ni le gouvernement, encore moins une quelconque autorité administrative ne doit empiéter sur les fonctions du juge ».
Pour le REN-LAC, l’appareil judiciaire en lui-même doit revoir son organisation, certains de ses acteurs étant mêlés à des délits de corruption. Le REN-LAC reconnaît cependant que la justice mène des actions non négligeables dans le but de lutter contre la corruption. Cela se fait malgré la modestie des moyens dont disposent les acteurs de la justice. Il appelle le gouvernement à agir sur ce point : « Les pôles économiques et financiers (ECOFI) manquent notamment d’assistants spécialisés dans le traitement des dossiers ainsi que d’une unité de police spécialisée dans la répression des infractions économiques et financières. On note aussi leur engorgement du fait que les juges qui les animent continuent de connaitre des affaires de droit commun », affirme le REN-LAC.
Il plaide aussi pour la relecture de la loi N°005-2017/AN portant création, organisation et fonctionnement des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières et de la criminalité organisée. Selon le REN-LAC, cela permettra de lutter efficacement contre la corruption.
Il appelle également le chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, à veiller au respect de la séparation des pouvoirs. « En ces moments difficiles pour notre pays, la Justice a plus que besoin d’être renforcée et crédibilisée pour pouvoir jouer efficacement son rôle dans l’apaisement des cœurs à travers un apurement du passif social », souligne le REN-LAC. Cela passe aussi, dit-il, par l’assainissement de cette institution qui « doit se débarrasser des brebis galeuses dans ses rangs ».