
Le procès sur l’affaire dite “président du TGI de Banfora” s’est poursuivi ce 17 avril au Tribunal de grande instance Ouaga 1. Sidaty Yoda qui avait été placé sous mandat de dépôt pour des faits présumés d’escroquerie avec d’autres personnes, ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. A la barre, il nie en bloc. Lamine Tera, son co-accusé, lui, explique les circonstances de sa collaboration avec M. Yoda.
Sidaty Yoda et ses co-accusés sont poursuivis pour “stellionat et blanchiment de capitaux” dans le cadre d’une “affaire d’escroquerie immobilière”. Ils auraient vendu illégalement une dizaine de parcelles.
A l’ouverture de l’audience, il a fallu trouver un interprète français-dioula. Car, selon les Conseils des prévenus, deux des prévenus ne comprennent pas français. L’un ne s’y exprime pas très bien et l’autre parle dioula uniquement. Or, l’interprète requis par le tribunal ne parle pas non plus dioula. L’audience a été alors suspendue afin de trouver un interprète. Une interprète stagiaire s’est ensuite présentée au tribunal pour les besoins de la traduction.
Après cette étape, Sidaty Yoda est appelé à la barre. Il ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. Le tribunal prend note et l’invite à se rasseoir.
L’un des co-accusés est ensuite appelé par les juges. Lamine Tera, la soixantaine, est marié à deux femmes et père de dix enfants. Le prévenu qui disait ne pas bien s’exprimer en français, rectifie cependant, de temps à autre, les traductions de l’interprète.
A la barre, il raconte comment lui et le sieur Yoda se sont connus. Et comment ils procédaient pour la vente de parcelles. Selon Tera, Yoda lui remettait les numéros des parcelles. Lui, à son tour, devait vérifier s’il n’y avait pas de construction sur ces parcelles. Et au cas où il n’y en avait pas, il procédaient à la vente.
Concernant la première parcelle vendue à 6 500 000 FCFA, M. Yoda lui a donné 130 000 FCFA, a-t-il indiqué. Il lui arrivait aussi de s’en tirer avec 75 000 ou 100 000 FCFA après la vente de certaines parcelles.
“Mais pourquoi avez-vous accepté de coopérer avec M. Yoda ?”, lui demandent les juges. Réponse : “Je n’ai jamais douté de sa bonne foi en tant que responsable de la justice”. En plus, Sidaty Yoda lui aurait fait comprendre que les parcelles qu’il vendait étaient des parcelles saisies par la justice. Et qu’il reversait les fonds dans les caisses de l’État.
Soudain, Lamine Tera soupire. Il baisse la tête. Quand il recommence à parler, il éclate en sanglots avant de se ressaisir. L’émotion se fait sentir dans la salle. “J’ai deux femmes et dix enfants. Est-ce qu’à mon âge, je peux me mettre dans de tels problèmes ?”, lance-t-il. Et le voici encore en larmes.
Il déclare qu’il était “tranquillement dans son coin” et que c’est M. Yoda qui est allé vers lui. “Je n’aurais jamais imaginé que cela entraînerait de tels problèmes, étant donné que Monsieur Yoda est un homme de loi et, de surcroît, un responsable”.
L’audience, qui a débuté aux environs de 14h, a été suspendue peu après 17h. Le dossier a été renvoyé au 28 avril. “Si on ne finit pas, on poursuivra le mardi 29 avril ”, indique le président.