Vingt-cinq hommes et femmes de médias ont bénéficié d’une session de renforcement de capacités dans le cadre du traitement et de la diffusion de l’information judiciaire et juridique. L’initiative est de l’Organisation internationale de droit de développement (IDLO). La formation s’est déroulée du 12 au 14 juillet, à Ouagadougou.
Pendant 72 heures, les journalistes ont sillonné le monde judiciaire sous la direction de Boureima Sawadogo, premier substitut près le Tribunal de grande instance de Koudougou, Procureur par intérim de cette juridiction. Charles Le Bon Kaboré, procureur près le Tribunal de grande instance de Manga, a aussi animé des communications au profit des journalistes pour un meilleur rendu de l’information judiciaire et juridique.
Le Procureur Sawadogo a déroulé le fonctionnement de la chaîne pénale à son audience. Les acteurs qui interviennent dans cette chaîne ont également été présentés aux journalistes.
Pour Charles Le Bon Kaboré, il est difficile d’évoquer les termes juridiques sans définir l’organisation judiciaire et la procédure pénale. Il a ainsi expliqué la hiérarchisation des actes justiciables. Précisant qu’en fonction de la gravité d’une infraction, l’entité juridique chargée du traitement du dossier diffère.
Le procureur Boureima Sawadogo a insisté sur les aspects à prendre en compte dans le traitement de l’information judiciaire et juridique. Notamment les exigences et les limites dans l’utilisation de certaines informations à caractère juridique. “Toutes les informations du domaine juridique ne sont pas à publier”, dit-il. À ce propos, il a détaillé les exigences de la diffusion de l’information judiciaire. Le journaliste est ainsi appelé, entre autres, à situer les faits en vue de les rendre compréhensibles pour le public. Il a aussi le devoir, dit-il, d’assurer la “veille de l’information”. En informant notamment le public de la suite d’une affaire juridique dont il a auparavant fait cas. Cela permet d’“éviter une mauvaise appréhension du fonctionnement de la procédure pénale”, a-t-il indiqué.
Le traitement de l’information judiciaire comporte certaines limites, a indiqué le procureur par intérim, près le Tribunal de grande instance de Koudougou. Ces limites concernent le respect par le journaliste de la “présomption d’innocence” qui est, dit-il, le principe fondamental du droit pénal. Il doit, selon lui, respecter le secret de l’instruction pendant la constitution d’un dossier en vue d’un procès. Il est aussi tenu de respecter la vie privée dans la diffusion de l’information judiciaire. A travers le respect du droit à l’image, de la personne humaine, etc.
Boureima Sawadogo a également évoqué les composantes du droit pénal. Il s’agit, dit-il, de “l’ensemble des règles juridiques destinées à encadrer l’exercice de la répression”. Ce concept qui régit l’exercice de la loi pénale peut comporter des aspects techniques selon le procureur Kaboré. Il peut constituer des difficultés pour les journalistes dans le traitement de l’information judiciaire et juridique. D’où la nécessité d’y apporter des éléments d’éclairage.
Cette formation, selon les participants, vient à point nommé du fait de la pertinence du thème. Pour les journalistes appelés à informer l’opinion publique du déroulement des affaires pénales, cette formation est d’une grande utilité. En effet, le droit est un domaine spécifique, estiment des participants. De ce fait, l’emploi des termes pose souvent problème. Les termes diffèrent en fonction des infractions, en fonction de l’étape de la procédure entamée.
La thématique de la chaîne pénale évoquée par Charles Le Bon Kaboré a été, par exemple, d’une importance capitale pour Tanga Thierry Zongo de l’association des journalistes du Burkina (AJB). Elle a permis d’identifier, dit-il, les différents acteurs qui interviennent dans cette chaîne pénale. Il mentionne ici “le juge d’instruction, le siège et le ministère public” qui constituent, entre autres, des “acteurs magistrats” de la chaîne pénale. Ces acteurs se distinguent des acteurs “non-magistrats”, poursuit-il.
Ce deuxième groupe est constitué des avocats, des greffiers, des témoins, etc. Thierry Zongo souligne que pour des acteurs qui ne sont pas du monde judiciaire (les journalistes par exemple), il n’est pas toujours évident de pouvoir s’y prendre convenablement dans le traitement de l’information judiciaire et juridique.
A l’issue des communications orales, les journalistes ont été soumis à des exercices de cas pratiques. A travers des illustrations concrètes, ils ont été ainsi amenés à suivre le déroulement d’une procédure pénale, de l’infraction au verdict livré par un juge.
Au terme de la formation, des attestations de participation ont été délivrées aux 25 journalistes.
Urbain Kiswendsida Yaméogo, gestionnaire du projet “justice pénale” à l’organisation internationale de droit de développement (IDLO) au Burkina Faso précise que cette formation intervient dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’appui intégré au système de justice pénale du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Il souligne que les journalistes sont des canaux pour la sensibilisation du public. D’où l’importance de renforcer leurs capacités dans le traitement et la diffusion des informations en lien avec les actions pénales. Le programme concerne les pays de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Néanmoins, Urbain Yaméogo précise que ce choix n’est pas lié à la création de l’AES. Le programme a démarré depuis décembre 2019 et s’achève en fin août 2024, a-t-il expliqué. “Il existe donc bien avant que l’AES ne soit mise en place”, dit-il.
Il se réjouit néanmoins de la proximité qu’engendre la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) dans la mise en œuvre du programme. Au regard des résultats atteints, Urbain Yaméogo se dit satisfait du programme de l’IDLO.
Les journalistes de Bobo-Dioulasso (région des Hauts-Bassins), Ouahigouya (région du Nord) et de Fada N’Gourma (région de l’Est) ont aussi bénéficié de renforcement de capacités pour un meilleur traitement et une meilleure diffusion de l’information judiciaire et juridique, conclut-il.