Le 4 août 2024 marque le 41e anniversaire de la Révolution démocratique et populaire (RDP), portée par le Président d’alors, Thomas Sankara. Il a accédé au pouvoir en renversant, le 4 août 1983, le Commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. À l’occasion de cet anniversaire, le Comité international Mémorial Thomas Sankara a organisé, ce 3 août à Ouagadougou, une projection de film sur la vie du “père de la Révolution d’Août”, suivie d’échanges entre des anciens compagnons de Thomas Sankara et la “jeune génération”.
Selon le Secrétaire général du Comité international Mémorial Thomas Sankara, Luc Damiba, le “4 août 1983” est l’événement le plus important de la Révolution. La projection du film “Sankara” de Johan Malka vise, dit-il, à présenter à la jeunesse l’histoire de la Révolution menée par Thomas Sankara et ses compagnons. “Mais nous ne voulons pas que les jeunes suivent simplement le film et repartent. Nous les mettons également en contact avec les anciens, les compagnons de Sankara, ceux qui lui sont restés fidèles, sincères. Afin que la jeunesse puisse apprendre encore de Sankara autour de cette page de l’histoire du Burkina”, a-t-il indiqué.
Le film est une revue sommaire des quatre années de gestion du Président Sankara. Avec un clin d’œil sur les idéaux défendus par ce dernier. Notamment la lutte contre l’impérialisme, l’émancipation des femmes, les valeurs africaines…
Après la projection, place aux échanges. “La Révolution est permanente. Pendant la Révolution, nous avons perdu des camarades. Cela peut arriver aujourd’hui. Les ennemis que nous avons eu pendant la Révolution, vous en aurez aussi. Les révolutionnaires vieillissent, les réactionnaires aussi (…) Mais ne vous découragez pas”, déclare Germaine Pitroipa qui a occupé les fonctions de Haut-commissaire du Kouritenga de 1984 à 1986 et de conseillère culturelle à l’ambassade du Burkina à Paris jusqu’à l’assassinat de Sankara en 1987.
Elle rappelle également les événements des 30 et 31 octobre 2014 qui ont précipité le départ de Blaise Compaoré, le tombeur du “père de la Révolution”, Thomas Sankara.
“Vous [jeunes] resterez des insurgés jusqu’à la victoire finale (…) Sankara l’avait dit : tuez Sankara, des milliers de Sankara naîtront”, a-t-elle lancé. Ajoutant que le régime du Capitaine Ibrahim Traoré s’inspire des idéaux de Thomas Sankara. “Nous avons transmis le flambeau au Capitaine Traoré, pas pour lui dire de faire comme Sankara, mais de s’en inspirer. Je pense que dans les grandes lignes, il s’en inspire. Mais il est Ibrahim Traoré et non Thomas Sankara”, affirme Germaine Pitroipa. Qui ajoute être parfois sollicitée par le gouvernement actuel concernant certains sujets.
Fidèle Toé était également un proche et ami du Président Sankara. Cet inspecteur du travail aujourd’hui à la retraite a été ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale sous la Révolution.
Sankara pour lui, “ c’est une vision et une démarche”. Il s’agit, dit-il, d’être plus proche des masses et de travailler avec elles pour la construction de leur bonheur.
Parole maintenant à la “jeune génération”. Un intervenant interroge les “aînés” sur la notion de « salaire vital » défendu par le “père de la Révolution”. La question trouve rapidement réponse. Il s’agit, selon Germaine Pitroipa, d’un montant prélevé à la source du salaire de l’époux pour le reverser à l’épouse car, dit-elle, selon Thomas Sankara, la femme est celle qui s’occupe du foyer.
Et elle précise que le Président Sankara a institué le salaire vital, un prélèvement automatique d’environ 0,5 % sur le salaire des fonctionnaires, pour rétribuer le travail quotidien de leurs épouses et faire en sorte qu’elles puissent subvenir aux besoins de la famille.
Les échanges sont bien appréciés par les jeunes présents à cette rencontre. Frederic Ki, activiste sur les réseaux sociaux et acteur du cinéma, affirme avoir appris davantage sur la vie et l’œuvre de Thomas Sankara. Selon lui, suivre un film sur la vie de Sankara est toujours une opportunité d’apprentissage. “Surtout qu’aujourd’hui, la projection est suivie d’un échange avec des femmes battantes et des hommes qui ont travaillé dans le gouvernement de Thomas Sankara, qui étaient aux côtés de Thomas Sankara. Qui, eux-mêmes, sont dans le film (…) Ils nous ont expliqué beaucoup de choses sur Sankara. Cela m’est très bénéfique”, affirme-t-il.
Pour lui, ceux qui se réclament révolutionnaires devraient participer à de tels événements afin de “mieux apprendre à connaître l’histoire, connaître la révolution. Et savoir comment se comporter en tant que révolutionnaire : être discipliné, honnête et intègre”.
“Si on prend Thomas Sankara comme un modèle, on ne devrait pas le dire seulement par la parole. Cela doit se ressentir dans nos actes quotidiens”, conclut-il.
Dans le cadre de ce 41e anniversaire, plusieurs activités, notamment des panels, sont prévues ce dimanche. La cérémonie de proclamation des résultats de la 6e édition du prix “Médaille Thomas Sankara de l’invention et de l’innovation aura également lieu ce 4 août. Elle vise à récompenser “des personnes ayant posé des actes de bravoure et de solidarité, en faveur de la société”. Le trophée d’or de l’édition 2023 avait été attribué au combattant Ladji Yoro, un volontaire pour la défense de la patrie tombé le 23 décembre 2021, lors d’une attaque terroriste dans la région du Nord.
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Nous souhaitons que notre président IB puisse s’inspirer car nous n’avons jamais regretté le passage de la révolution.merci