Le 10 mars 2023, le gouvernement burkinabè a ordonné à l’entreprise SOROUBAT de reprendre les travaux sur la route Sakoinssé-Koudougou, longue de 42 km, à ses propres frais. Cette décision fait suite à la dégradation précoce de la route réceptionnée il y a environ un an. L’affaire suscite des interrogations sur la responsabilité de l’entreprise et celle des services de contrôle de l’Etat.
Selon le relevé du Conseil des ministres, l’entreprise SOROUBAT est accusée d’avoir utilisé des matériaux de qualité douteuse dans la construction de la route Sakoinssé – Koudougou. En effet, la dégradation précoce de cette route réalisée à plus de 7 milliards FCFA peut entraîner des accidents et mettre en danger la vie des usagers. Face à cette situation, le gouvernement burkinabè a pris une décision forte en ordonnant à l’entreprise de reprendre les travaux à ses propres frais.
Cette décision de l’Etat est tout à fait justifiée, selon plusieurs observateurs qui estiment que l’entreprise doit assumer ses responsabilités, puisqu’elle a été payée pour construire une route conforme aux normes de qualité. Le 14 mai 2021, lors d’une visite du chantier de construction de la voie par Éric Bougouma, ministre des Infrastructures d’alors, Abdeljalil Achour, Directeur des travaux à SOROUBAT, avait pourtant rassuré que son entreprise offrirait une infrastructure de qualité aux Burkinabè. « SOROUBAT ne joue pas, SOROUBAT c’est la qualité », s’était-il vanté.
Contactés par 24heures.bf, les responsables de l’entreprise n’ont pas souhaité répondre à nos questions. « Au regard de la dégradation précoce de la route, le budget alloué n’était-il pas insuffisant ? De façon concrète, qu’est-ce qui était prévu dans les clauses contractuelles entre l’entreprise et l’Etat ? », avons-nous, entre autres, cherché à savoir.
La responsabilité de l’Etat est engagée dans cette affaire
De toute évidence, l’affaire de la route Sakoinssé – Koudougou soulève des questions sur la responsabilité des services de contrôle de l’Etat. En effet, ces services sont chargés de vérifier la qualité des travaux effectués par les entreprises de construction avant leur réception. L’Etat burkinabè a-t-il donc réceptionné une route qui ne respectait pas les normes de qualité ? Qui a validé les rapports des missions de contrôle ? Les services de contrôle de l’Etat ont-ils rempli leur mission de manière efficace ou ont-ils été corrompus ? Autant de questions qui méritent d’être élucidées.
Lors de la visite du chantier en mai 2021, Éric Bougouma avait déclaré ceci : « je rassure tous les usagers de la route nationale numéro 14 que le nécessaire sera fait pour que très bientôt une belle route, solide, robuste et durable soit ouverte à la circulation ». Qu’est-ce que les services techniques du ministère des Infrastructures ont donc pu faire pour s’assurer de la qualité de cette route inscrite dans le cadre du programme d’entretien et de renforcement des routes financé par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) ?
Dans un pays en voie de développement comme le Burkina où les ressources financières sont rares, les services techniques de l’Etat doivent faire preuve de la plus grande rigueur dans l’exercice de leur mission. Ils doivent être capables de déceler les irrégularités et les anomalies dans les travaux effectués par les entreprises de construction et prendre les mesures nécessaires pour garantir la qualité des travaux. La justice doit se saisir de cette affaire.