Amnesty International a publié ce 29 mars 2023 son rapport 2022/23 sur la situation des droits humains dans le monde. Au Burkina Faso, il ressort que les groupes armés et les forces armées gouvernementales ont commis de graves violations du droit international humanitaire, notamment le droit à l’alimentation, à l’eau, à la santé et à l’éducation. L’organisation relève également des cas de détention arbitraire et de violations du droit à la liberté d’expression.
Les groupes armées terroristes sont ceux qui ont le plus violé le droit international humanitaire. En mettant sous blocus la ville de Djibo et en contraignant les populations à fuir leurs localités à travers les multiples attaques meurtrières, ils entravent l’épanouissement de ceux-ci. « Les blocus ont amoindri la sécurité alimentaire et réduit l’accès des civils aux médicaments et aux soins de santé », précise le rapport.
L’ONG déplore également l’assassinat de civils lors des frappes dirigées contre des groupes armées terroristes « en février [2022], les forces françaises soutenant l’armée nationale ont tué quatre civils lors d’une frappe aérienne contre le groupe armé Ansarul Islam. Le 30 décembre [2022], deux quartiers de la ville de Nouna (province de la Kossi, peuplés en majorité de membres du groupe ethnique peul, ont été attaqués par des forces auxiliaires du gouvernement. Au moins 86 personnes ont été tuées selon des sources locales », explique Amnesty dans son rapport.
Sur le plan alimentaire, la hausse des prix des biens de consommation liée au conflit et les variations climatiques ont eu de lourdes conséquences sur la sécurité alimentaire au Burkina Faso. Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, 4,9 millions de personnes ont été confrontées à l’insécurité alimentaire et 180 000 enfants souffraient de malnutrition chronique. Pour Amnesty, c’est dans les régions du Nord, du Sahel et de l’Est que la situation est plus grave.
Des atteintes à la liberté d’expression
La liberté d’expression a également été mise à rude épreuve au Burkina, selon Amnesty International. « En mars [2022], l’ancien président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, a été arrêté, détenu et interrogé par la gendarmerie avant d’être libéré sans inculpation le jour même. Le 19 mai [2022], Luc Pagbelguem, journaliste de la chaîne de télévision BF1, a été agressé par un détachement de sécurité du Premier ministre de transition Albert Ouédraogo alors qu’il couvrait un évènement », déplore l’ONG.
L’année 2023 est celle du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un document né des cendres d’une guerre mondiale. « N’attendons pas que la planète s’embrase une fois de plus pour vivre enfin dans le respect de libertés et de principes acquis au prix de millions de vies », suggère Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.