Le chef du gouvernement burkinabè, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, a pointé du doigt la « faillite » des investissements de la Banque africaine de développement (BAD) au Burkina Faso. Au cours d’une audience avec une délégation de la BAD, Me Kyélem est monté au créneau et a préconisé un changement de stratégie à l’institution.
« Nous devons faire en sorte que nos pays sortent de la misère. La BAD peut mener l’essentiel de ses interventions, c’est-à-dire des investissements structurants sur une zone donnée. Par exemple, elle peut décréter 2024 comme l’année du Burkina Faso et y investir massivement, et ensuite passer à un autre pays, en 2025 », indique le chef du gouvernement burkinabè. Pour lui, « malgré la présence de la BAD à nos côtés, notre pays n’a véritablement pas progressé sur le plan du développement ». Me Kyélem insiste sur une faillite de la BAD qui est une banque de développement.
Au cours de cette audience, il a présenté la vision de la transition à ses hôtes. Cette vision porte sur deux objectifs, à savoir les projets à court terme et les projets de développement de base. « Ce qui nous importe, c’est le développement du Burkina Faso. Nous allons jeter les bases de ce développement », dit-il avant de recommander à la BAD de prioriser ses investissements dans les infrastructures routières et ferroviaires.
« Avant la santé et l’éducation, il y a la route. Quand je dis ça, certaines personnes s’étonnent, mais la route est le principal moteur de développement. Une école et un centre de santé construits sans des voies d’accès n’ont pas d’impact réel sur les populations », explique-t-il.
La BAD réaffirme son soutien au gouvernement de la transition dans son combat contre le terrorisme
« Nous sommes conscients de tous les efforts qu’elles (les autorités de la transition, NDLR) consentent pour relever les différents défis. La BAD a toujours été aux côtés du Burkina Faso et nous allons continuer notre engagement dans le cadre du Plan d’actions pour la stabilisation et le développement. Pour nous, le Burkina Faso est un pays clé dans la sous-région », explique Joseph Martial Ribeiro, Directeur général adjoint-ouest de la BAD.
Depuis le début du terrorisme au Burkina, la BAD est l’une des institutions qui est restée solidaire au pays, à travers notamment des investissements. En plus de l’insécurité, le pays est confronté à une instabilité politique avec à l’appui deux coups d’État en moins d’une année. Ces situations ont un impact considérable sur les perspectives économiques du Burkina.
L’un des principaux points sur lesquels la BAD a discuté avec le chef du gouvernement burkinabè est le Plan d’actions pour la stabilisation et le développement (PA-SD) 2023-2025. Le PA-SD va « contribuer à réduire la fragilité multidimensionnelle du pays, à renforcer la résilience des populations vulnérables affectées par l’insécurité et à soutenir la transformation structurelle de l’économie, pour une croissance robuste et stable ».
A en croire Joseph Martial Ribeiro, la BAD intervient dans vingt et un projets et programmes de développement dont le montant global est d’environ 500 milliards F CFA. Ils concernent les domaines des infrastructures, de l’agriculture, de l’énergie, de l’environnement, de l’approvisionnement en eau potable et assainissement et de l’action humanitaire. Pour ce faire, il sied pour la BAD de recueillir les orientations du Premier ministre Kyélem pour la réussite de ce plan d’actions.
En rappel, la 58e Assemblée annuelle des gouverneurs du Groupe de la BAD se tient du 22 au 26 mai 2023, à Charm el-Cheikh en Égypte.