Le Burkina Faso célèbre du 23 au 27 octobre, la 20è Semaine nationale de la citoyenneté (SENAC) sous le thème « Citoyenneté en action pour la reconquête de l’intégrité du territoire national ». La journée du 23 octobre est consacrée au drapeau national et aux symboles de l’État. Au Premier ministère, la tradition de la montée des couleurs a été respectée.
Il est 7h30 mn au Premier ministère, à quelques encablures de l’ancienne présidence du Faso, communément appelée « Palais de Kossyam ». Le Premier ministre, Me Apollinaire Kyelem de Tambèla, sort de son bureau et se dirige vers le drapeau où l’attendent quelques dizaines de civils et des éléments des Forces armées burkinabè.
La trompette sonne, puis un coup de sifflet annonce la montée des Couleurs. Les personnes autour du drapeau retiennent leur souffle, regardent attentivement le drapeau monter.
Symbole
« Le drapeau que nous venons de dresser a une histoire. Il n’a pas toujours été ce qu’il est. Le drapeau actuel est un produit de la Révolution sankariste », déclare le Premier ministre juste après le coup de sifflet qui annonce la fin de la montée des Couleurs.
Pour lui, l’actuel drapeau du Burkina symbolise « la rupture avec un passé de résignation » et « un futur de participation, d’engagement et de prise de conscience individuelle et collective ».
L’ancien drapeau du Burkina était de couleur blanche, noire et rouge. Pour Me Kyelem de Tambèla, ces couleurs représentaient les 3 fleuves du pays : la Volta-noire rebaptisée Mouhoun, la Volta-blanche rebaptisée Nakambé et la Volta-rouge rebaptisée Nazinon par le gouvernement de la « Révolution ».
« Le vert de l’actuel drapeau traduit la richesse de la nature qu’il faut préserver par le sacrifice du sang rouge pour que que rayonne l’étoile jaune de la prospérité pour un avenir radieux », rappelle-t-il.
« Le régime de la Transition avec le Capitaine Ibrahim Traoré est venu pour redonner au drapeau les vertus qu’il avait perdues dans les cœurs et dans les comportements », annonce le Premier ministre.
Pour le Chef du gouvernement burkinabè, le régime de Transition « veut marquer une rupture entre un passé récent et un futur que nous voulons construire. Il s’agit de jeter les bases d’un Burkina nouveau ».
Réformes
Me Kyelem de Tambèla annonce que son gouvernement « est venu trouver une situation où des opérateurs économiques nationaux ou internationaux qui voulaient investir au Burkina, se voyaient exiger de grosses sommes, rien que pour avoir l’autorisation de faire examiner leurs dossiers et cela sans égard pour les perspectives d’emplois et de création de richesses projetées ».
« Nous avons trouvé des systèmes d’enrichissement illicite au moyen de manipulation d’écritures sous la couverture de textes légaux pris à dessein. Ce qui rend difficile, voire impossible, les poursuites en justice dans l’état actuel de notre droit. Nous avons trouvé des sommes énormes englouties rien que pour des études de projets qui n’ont jamais vu le jour », a-t-il relevé.
Le Premier ministre affirme aussi avoir trouvé un système de rémunération « injuste et parfois exorbitant dans l’administration et dans les sociétés d’État, dans un contexte de difficulté économique ».
« Nous avons trouvé des situations où des dossiers transmis à la justice n’aboutissent pas. Même au sein des institutions de contrôle, des entraves à la bonne gouvernance existent », déplore-t-il avant d’annoncer : beaucoup de réformes s’imposent donc pour la reconduction de l’État et de la société. Cependant des personnes s’opposent, dit-il, à la réalisation des réformes annoncées.
« Beaucoup sentant venir des réformes qu’ils ne souhaitent pas et font feu de tout bois pour abattre le régime de la Transition », a-t-il confié.
« Quoi de plus normal dans un pays où pendant que certains se battent pour l’avenir du pays, d’autres se battent pour leur avenir personnel. Cela doit être connu pour que chacun prenne position en toute connaissance de cause », alerte le Premier ministre.
Défendre la Transition
Le Premier ministre a lancé un appel à l’endroit des « soutiens » de son gouvernement. « Il revient à ceux qui s’identifient dans les réformes initiées ou projetées par la Transition de se dresser pour la défendre », déclare-t-il avec insistance.
Selon le Chef du gouvernement, la chute du pouvoir de la « Révolution d’Août 83 » est due à un manque de défenseurs. « Ceux qui ont conçu le drapeau que nous célébrons n’ont pas été défendus quand l’adversité sous toutes ses formes s’est dressée contre eux », déclare-t-il.
Pour Me Kyelem de Tambèla, la chute du régime de l’ancien président du Faso, le Capitaine Thomas Sankara, « doit servir de leçon à tous ». « C’est alors que nous mériterons le drapeau de la « Révolution sankariste », conclut-il.