Dans un communiqué daté de ce 22 avril, le mouvement politique “Servir et non se servir” (SENS) se prononce sur ce qu’il appelle “le risque de basculement vers l’irréparable”. Selon cette organisation, un message “de nature génocidaire circule sur les réseaux sociaux”, indexant un groupe ethnique comme étant à la base des attaques terroristes au Burkina.
Le mouvement SENS dit s’inquiéter “des possibles escalades de violence et d’effusion de sang qui pourraient encore endeuiller notre mère patrie”.
“Nous avons vu, avec étonnement et indignation, circuler sur des réseaux sociaux, un message de nature génocidaire, dont la gravité n’a d’égale que l’assurance décomplexée de son auteur”, déplore le SENS.
Il cite ici le message incriminé : “Nous savons quel groupe ethnique est à la base de ces atrocités; ils ont des représentants ici à Ouahigouya. Nous leur demandons de parler à leurs parents, sinon…”.
Ce message “ qui circule depuis bientôt une semaine est abject et nous le condamnons avec la dernière énergie. Ce n’est malheureusement pas le seul, car d’autres messages du même type semblent avoir atteint un grand nombre de nos compatriotes. Il s’agit d’une vieille technique connue qui tente de faire accepter une contre-vérité, avant de passer à l’acte ignoble. Plus on expose des gens à un message, même mortifère, plus ils finissent par y adhérer, aussi ignoble que soit le message”, affirme le SENS.
Il rappelle ainsi que dans l’histoire, les génocides et autres atrocités “commencent généralement par l’identification, la déshumanisation et la persécution d’un groupe en raison de son origine ethnique, de sa race, de sa religion ou de sa nationalité”.
“Cela se fait souvent par l’instigation des autorités ou sous leur silence complice”, rappelle-t-il. Soulignant que l’histoire des autres nations doit instruire le Burkina Faso.
Il mentionne ici l’Allemagne nazie, le Cambodge et le Rwanda. Ces pays, selon le SENS, ont connu des horreurs parce que “la majorité silencieuse est restée inactive devant les plans assassins d’une minorité qui s’est crue tout permis”.
“C’est pourquoi nous disons que laisser indexer clairement un groupe ethnique, à savoir les Peuls, dans cette situation complexe, est une faute grave. Devrions-nous rappeler que toutes nos communautés, et en premier lieu, la communauté peule, sont aussi affectées, et qu’elles sont toutes victimes du terrorisme ?”, s’interroge-t-il.
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Le SENS invite les auteurs de “ces messages” et ceux qui les diffusent à “arrêter immédiatement” leurs œuvres.
“ Ils seront tenus pour responsables devant l’histoire et devant l’opinion publique nationale et internationale des conséquences de leurs messages. Ils doivent savoir que tout ce qu’ils font et disent est documenté et que l’heure sonnera bientôt où ils devront en répondre”, prévient le mouvement SENS.
Et d’ajouter : “ Nous condamnons fermement les agissements irresponsables de ceux qui se font appeler « gilets rouges », et qui se promènent de domicile en domicile pour proférer des menaces sur d’autres concitoyens”.
“Nous leur enjoignons d’arrêter immédiatement ces agissements qui sapent le fondement de notre nation, mettent en péril notre vivre-ensemble et menacent gravement le fragile tissu social qui est déjà en lambeaux”, a-t-il martelé.
Cette situation, selon le SENS, a été également renforcée par “le silence des autorités religieuses et coutumières”.
“Le silence et l’inaction des autorités municipales, promptes à interdire les manifestations des organisations non soumises au pouvoir, sont une prime pour les auteurs de ces menaces”, déclare le SENS.
Il reproche également au gouvernement, son “silence coupable”.
“Que dire du gouvernement qui n’a jamais accordé la moindre attention à ces agissements attentatoires à la cohésion sociale, trahissant ainsi l’une de ses missions inscrites dans la Charte de la Transition à savoir, « œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale » ? La responsabilité exige que tous donnent immédiatement de la voix, pour limiter les dégâts et éviter le pire”, préconise le SENS.
Chaque Burkinabè est, dit-il, né libre, avec des droits inaliénables dont ceux de penser et de s’exprimer librement, sans crainte et sans peur pour sa vie.
L’appel du mouvement SENS s’adresse également aux organisations de défense des droits humains et à “tous ceux qui sont épris de paix et de justice”. Il leur demande de conjuguer leurs efforts pour mettre fin à cette dérive.