Le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) a été initié en 2020 par le gouvernement burkinabè. Objectif affiché : renforcer l’offre des services sociaux de base. Depuis son lancement, les responsables de ce programme sont en ordre de bataille pour faire reculer les limites de l’ignorance au « Pays des Hommes intègres”. Dans ce cadre, une école a été construite au secteur 11 de Ouahigouya, dans la région du Nord. Ici vivent de nombreux Burkinabè qui ont été contraints de fuir leurs localités respectives du fait des attaques terroristes. Cette infrastructure constitue sans doute une opportunité pour les tout-petits qui devraient parcourir des kilomètres pour rejoindre des salles de classe. Notre reporter est allé constater la réalité sur le terrain. Nous vous proposerons, dans nos prochaines éditions, une série d’articles. En attendant, cap sur l’école Ouffré C, à Ouahigouya.
Un bâtiment composé de trois salles de classe équipées, un magasin, une pompe à eau, des latrines pour les élèves et les enseignants, un bureau pour le Directeur d’école. L’œuvre est du PRISE. L’école possède des commodités modernes. Par exemple, les salles et le bureau du Directeur sont ventilées. Un système solaire photovoltaïque a été installé à cet effet. Cela permet de réduire la température. Surtout en ces temps de canicule.
L’école primaire public “Oufré C” est l’une des nombreuses infrastructures réalisées par le PRISE. Elle compte 554 élèves répartis dans sept classes. La classe de CP1 est double.
Plus de la moitié des élèves, précisément 282, sont des déplacés internes. Abdou Gani est venu du village de Nogo, localité située dans le département de Titao, dans la province du Loroum. À une cinquantaine de kilomètres de Ouahigouya.
Lui, tout comme ses parents, ont été obligés de quitter leurs terres, en 2019, du fait des attaques terroristes. À cette époque, le petit Abdou était en classe de CP2. Sans possibilité d’accès à l’école dans ce quartier, il était obligé de parcourir des kilomètres. La construction des nouvelles salles de classe par le PRISE lui a permis de réduire la distance parcourue quotidiennement pour les cours.
Haguera Gassambé a également quitté son village dans les mêmes conditions avec ses parents. Ils ont quitté Titao en 2021. Direction : Ouahigouya, la capitale de la région du Nord. La jeune fille se rappelle les jours cauchemardesques qu’elle a vécus dans son village natal.
“Des terroristes sont venus brûler les maisons en emportant le bétail”, se souvient-elle. Alors en classe de CE2, elle a rejoint l’école Oufré C où elle poursuit son cursus scolaire.
Elle est aujourd’hui 3e de sa classe, CM2. Elle est reconnaissante à l’endroit des acteurs du Programme mais elle a cependant des doléances. Elle plaide pour une dotation en fournitures scolaires. “J’ai des difficultés pour avoir les fournitures du fait de la situation socio-économique de mes parents”, confie-t-elle.
Komi Abdoul Khoudousse, lui, est natif du quartier. Actuellement en classe de CM2, il était obligé, avant la construction des bâtiments par le PRISE, de se rendre au secteur 10 pour suivre les cours. Lorsque l’opportunité d’étudier dans son quartier s’est présentée, il n’a pas hésité à y revenir.
“La construction de ce bâtiment me permet de ne plus parcourir la longue distance. Cela permet à mes parents d’économiser de l’essence. C’est ma mère qui m’amenait à l’école, à moto”, indique-t-il.
Cette situation offre plus de facilités d’étude au petit Abdoul. Il a plus de temps pour ses études. Ainsi, classé 3e au premier trimestre de l’année scolaire 2023-2024, il a pris la première place au 2e trimestre sur un total de 62 élèves.
Il estime que le rapprochement de l’école a joué un important rôle dans ses résultats scolaires.
Il ne tarit donc pas de reconnaissance envers le PRISE : “Je dis merci à ceux qui ont construit l’école et la pompe que voici. Merci beaucoup à eux”, a-t-il déclaré.
Même son de cloche chez sa camarade Salimata Ganamé. La réalisation de l’infrastructure constitue, dit-elle, une opportunité pour les habitants de ce secteur. Notamment pour les enfants déplacés internes.
“Avec ce programme, des parents déplacés internes ont pu inscrire leurs enfants à l’école”, se réjouit-elle. Elle plaide pour la réparation de la pompe abîmée.
Selon Noaga Rasmané Sogoba, Directeur de l’école primaire public Oufré C, les infrastructures du PRISE sont d’un apport considérable dans l’éducation des enfants.
“L’école avait des difficultés en termes de bâtiments. On avait beaucoup d’élèves, les effectifs étaient pléthoriques. On avait plus de cent élèves par classe”, a-t-il rappelé.
La construction de ce bâtiment, poursuit-il, a permis de réduire le besoin en salles de classe.
Les défis ? Il n’en manque pas. Notamment avec les élèves déplacés internes.
“La plupart des personnes déplacées internes ont été chassées de leurs villages de façon brusque. Les parents n’ont pas pu fuir avec beaucoup de choses”, déplore-t-il.
Par conséquent, les enfants déplacés internes ont des difficultés, surtout alimentaires. Il plaide ainsi pour une cantine scolaire. Cela permettra, dit-il, aux élèves déplacés internes d’avoir accès aux repas.
L’école accueille chaque année de nouveaux élèves déplacés internes. Le nombre croissant d’élèves a eu pour conséquence, des effectifs pléthoriques. Pour faire face à cette situation, il a été décidé de scinder la classe de CP1 en deux salles. La classe de CP1 B étudie sous un Espace temporaire d’apprentissage (ETA).
“Comme son nom l’indique, il s’agit d’un espace temporaire. Cela signifie qu’il peut ne pas être opérationnel l’an prochain. Et si l’on recrute comme cette année, nous aurons des difficultés en termes d’infrastructures”, explique le Directeur.
Autre besoin de l’école Oufré C : une clôture. L’école, selon ce responsable, est traversée par des routes beaucoup empruntées.
Cette situation crée, dit-il, de l’insécurité pour les élèves, les exposant notamment aux accidents. Il plaide ainsi pour la construction d’une clôture afin de protéger les tout-petits. Et leur permettre d’apprendre sereinement.
Sogoba plaide également pour la réparation de la pompe d’eau réalisée par le PRISE. Cette infrastructure fonctionne à peine.
“Nous remercions le PRISE. Il a été d’un grand soutien en termes d’infrastructures. Sans ce Programme, on se demande comment nous aurions fonctionné”, a-t-il lâché.
Il souhaite que son cri de cœur soit entendu par les plus hautes autorités.
Sidwaya Abdoulazise Ouédraogo est le Secrétaire général du bureau des parents d’élèves de cette école. La réalisation de l’infrastructure a répondu, dit-il, à un “très grand besoin”.
“Vu la situation sécuritaire, le secteur 11 de Ouahigouya constitue, depuis six années, un site d’accueil des déplacés internes. Nous avons enregistré une population énorme. Les enfants des personnes déplacées doivent être inscrits à l’école. L’école A était incapable de couvrir le besoin. Le PRISE a été pour nous un soulagement. Ce programme a renforcé la capacité d’accueil de l’école Oufré”, a-t-il indiqué.
Bien avant le déplacement des populations, l’école A du quartier était, relève-t-il, “comblée”. Selon lui, cette école n’arrivait plus à répondre au besoin du secteur. La situation des déplacés internes a par la suite augmenté le besoin.
“Avant la construction de ce bâtiment par le PRISE, nous avons dû passer par des écoles sous paillotes à cause de l’insuffisance de salles de classe”.
Au-delà de son utilité pour les déplacés internes, cette école est un soulagement pour les autochtones.
Mais l’insuffisance de salles de classe se pose toujours. En effet, dans certaines classes, les élèves sont assis à quatre sur le même banc.
Ainsi, ce parent d’élève plaide pour une construction de salles supplémentaires par le PRISE.
“À défaut d’une école à six classes, si nous pouvons avoir un complément de trois salles de classe, cela sera beaucoup utile”, a-t-il supplié.
Il relève également un effectif pléthorique dans les classes de CP1 et CM2; ce qui rend difficile l’apprentissage.
Débuté en 2020, le PRISE a, selon sa coordination, réalisé au cours de la période 2022-2023, plusieurs infrastructures. Il s’agit notamment de la construction de 23 complexes scolaires, 13 CSPS, et 80 forages ont été construits dans plusieurs localités du pays. Ce programme apparaît comme une bouffée d’oxygène pour les localités n’ayant pas d’infrastructures socio-éducatives de base.