Depuis 2016, le Burkina Faso a mis en place une politique de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Cependant, malgré les avancées réalisées, des insuffisances persistent dans la fourniture de consommables, de médicaments et dans la gestion financière des centres de santé. Le ministre de la Santé, Robert Kargougou, a révélé ce 13 juin à la Représentation nationale que la dette de l’Etat à l’endroit des formations sanitaires à la date du 31 mars 2023 s’élevait à 30 milliards de francs CFA.
Selon les éléments de réponse apportés par le ministre Robert Kargougou, de 2016 au 31 mars 2023, l’Etat burkinabè a payé aux formations sanitaires 194 551 872 324 francs CFA pour une facture qui s’élève à 225 296 904 867 francs CFA, soit un taux de paiement de 86,35%. Par conséquent, les arriérés de factures impayés s’élèvent à plus de 30 milliards de francs CFA à la date du 31 mars 2023. Une situation qui engendre des ruptures de stocks des produits pharmaceutiques car les formations sanitaires n’arrivent pas à honorer leurs factures auprès de la CAMEG.
Néanmoins, l’on peut noter des avancées significatives en termes de couverture médicale depuis l’instauration de cette politique. « De 2016 à fin mars 2023, plus de 125 000 000 de prestations gratuites ont été offertes aux populations. Aussi, l’utilisation des services de santé a connu une augmentation avec le contact par habitant chez les moins de 5 ans qui est passé de 1,6 à environ 3 en 2022. En outre, le taux des accouchements assistés est passé de 73% à 94% entre 2010 et 2021 », a révélé le ministre de la Santé. Le taux de mortalité maternelle et des enfants de moins de 5 ans a aussi chuté depuis l’adoption de cette politique, selon Robert Kargougou. Le taux de mortalité maternelle est passé de 330 à 220 décès pour 100 000 naissances vivantes. Celui de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans est passé de 81,7 à 48 décès pour 1 000 naissances vivantes. Des acquis qui sont toujours loin du compte mais qui sont néanmoins à féliciter, selon le ministre.
Cependant, malgré les avancées réalisées, des insuffisances persistent dans la fourniture de consommables, des médicaments et dans la gestion financière des centres de santé. Le ministre de la Santé a reconnu les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de cette politique. Les arriérés de paiement des factures, les ruptures de médicaments et les irrégularités relevées dans les formations sanitaires sont les principaux freins à la réussite de cette dernière.
Le financement de la politique de gratuité est assuré par l’Etat et ses partenaires à travers le système du tiers payant. Cependant, l’Etat n’a pas encore atteint 85% d’allocation des ressources financières à la gratuité des soins. Ce qui a engendré des arriérés de paiement de plus de 30 milliards de FCFA au 31 mars 2023. Cette situation a des conséquences sur la disponibilité des médicaments et des consommables dans les centres de santé.
Pour pallier cette difficulté de paiement des factures, le gouvernement de la transition entend disponibiliser les consommables médicaux. Dans cette lancée, « des mesures conjoncturelles ont permis un financement direct à hauteur de 14 494 126 204 FCFA entre 2021 et 2022 au profit de la CAMEG dans le but de réduire les dettes de la CAMEG et favoriser la disponibilité des produits de santé dans nos formations sanitaires ».
Pour le ministre, la résolution de ces difficultés passe par le suivi des flux financiers des formations sanitaires à tous les niveaux de la pyramide.
Une dotation pour les centres de santé dans les régions à fort défi sécuritaire
En vue d’améliorer la qualité des services dans les huit régions à fort défi sécuritaire, le gouvernement envisage d’accompagner les CSPS, les CM et les CMA en leur octroyant des subventions. Une enveloppe financière de 11,5 milliards de francs CFA est prévue à cet effet dont 4 millions par CMA, 3 millions par CM et 2 millions par CSPS. La dotation est prévue dans les semaines à venir à en croire le ministre. Ce financement aidera certainement ces formations sanitaires à offrir des meilleurs soins aux populations sans avoir besoin de faire recours aux hôpitaux situés hors des localités desdites populations. Le ministre a annoncé plusieurs mesures pour améliorer la situation. Il s’agit notamment de la digitalisation de la feuille de soins pour réduire les fraudes dans la facturation et améliorer l’usage rationnel des médicaments.
La question de la mise en œuvre problématique de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans a été soulevée par le député Basile Nana. En effet, depuis 2016, le Burkina Faso a instauré une politique de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Les cibles de cette politique représentent environ 30% de la population burkinabè, selon le ministre de la Santé. Les prestations couvertes sont nombreuses et incluent notamment la gratuité des accouchements et des interventions obstétricales majeures, la gratuité des soins pendant la grossesse et chez les enfants de moins de 5 ans, la gratuité du dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus et la gratuité de la planification familiale.