Dans un rapport rendu public le 1er juin, le Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR) fait un classement des crises humanitaires les plus négligées au monde au cours de l’année 2022. Le Burkina Faso, confronté à une crise humanitaire résultant de la situation sécuritaire, occupe la première place devant neuf autres pays.
Pour réaliser ce classement, le CNR s’est basé sur des critères comme la couverture médiatique de la crise, le degré de financement pour faire face à la crise et l’implication de la communauté internationale pour réduire le nombre de personnes ayant besoin d’assistance. Le Burkina Faso est devant neuf autres pays dont le Mali, l’Éthiopie, le Soudan, et le Vénézuela.
Selon cette organisation non gouvernementale, plus de 14 000 personnes ont perdu la vie, depuis 2018, à cause du conflit. Environ 4,9 millions de personnes ont eu besoin d’assistance en décembre 2022. Une augmentation d’environ 40% par rapport à janvier 2022. De plus, les personnes fuyant la crise au Burkina pour trouver refuge dans d’autres pays sont souvent mal accueillis par ces derniers selon le CNR. Il estime d’ailleurs que 3,3 millions de personnes auront besoin d’assistance alimentaire durant la période de soudure.
Pourtant, seulement 42% du budget prévu pour la gestion de la crise ont été alloués aux organisations humanitaires pour venir en aide aux personnes nécessiteuses.
Pour le Conseil, cela est dû au fait que la communauté internationale manque de volonté pour une intervention conséquente. En effet, selon le rapport, « aucun de ces pays n’est négligé par hasard ». Les puissantes nations ont juste choisi de fermer les yeux sur la situation humanitaire au Burkina tout en consolidant leurs énergies pour voler au secours de l’Ukraine. « Lorsque la volonté existe, l’action politique peut être efficace et rapide, le financement important et la couverture médiatique étendue », peut-on lire dans ce rapport.
En vue d’améliorer la situation humanitaire dans les pays touchés par des crises, le CNR a fait des recommandations. Il suggère aux pays donateurs de ne pas tenir compte de leurs intérêts géopolitiques avant de voler au secours d’une nation dans la détresse. Au Conseil de sécurité de l’ONU, il recommande d’apporter une attention particulière aux crises négligées afin d’aider à calmer les hostilités.
Par ailleurs, il invite les organismes humanitaires à « élargir les efforts de plaidoyer pour un financement plus important et de meilleure qualité à de nouvelles parties prenantes, y compris les nouveaux pays
donateurs, le secteur privé et les fondations ».
Les médias, qui jouent un rôle capital dans cette situation, sont appelés à s’investir dans le journalisme de crise. Pour apaiser les tensions, les journalistes doivent prioriser les productions qui apportent des solutions et proscrire les reportages qui contribuent à envenimer la situation.
Quant aux pays hôtes des réfugiés, le CNR pense qu’ils devraient travailler à une bonne intégration de ces derniers et leur donner la chance de prendre un nouveau départ dans la quiétude.