« Quelle liberté de presse dans un contexte d’insécurité et de transition? ». Cette question cruciale a été au cœur d’un panel organisé ce 19 octobre à Ouagadougou par le studio Yafa. Ce panel se tient dans le cadre du Festival international de la liberté d’expression et de presse. Il a réuni des experts des médias et de la communication.
Martin Faye, journaliste et représentant pays de la Fondation hirondelle au Mali, a eu pour co-panélistes, Arnaud Ouédraogo de la Cellule Norbert Zongo pour le journalismed’investigation (CENOZO), représentant les Organisations professionnelles des médias (OPM), et Idriss Ouédraogo, expert en communication et analyste politique. Ils ont pointé les menaces qui pèsent sur la liberté d’informer.
Pour Idriss Ouédraogo, « s’exprimer en période de guerre comporte des contraintes ». Le journaliste doit alors pouvoir adapter sa plume au contexte sécuritaire. Il n’y aucune raison, dit-il, que toute la nation concède un peu de liberté au nom de la lutte contre le terrorisme et que le journaliste ne puisse pas en faire autant. « Le journaliste n’est pas un super citoyen ». Il doit par conséquent, mettre sa responsabilité sociale avant toute autre chose.
Martin Faye n’est pas de cet avis. Pour le journaliste sénégalais, « la liberté de la presse ne se discute pas ». Mais dans ce contexte sécuritaire difficile, le journaliste ne doit pas prôner seulement ses droits au détriment de ses devoirs. Il faudrait donc « un journalisme entier dans ses droits et devoirs ».
Il est d’avis pour une certaine rétention de l’information pour plusieurs raisons, notamment quand cette dernière est de nature à semer le trouble ou la panique au sein des populations.
Arnaud Ouédraogo, lui, défend la thèse selon laquelle le journaliste étant un vecteur de paix, il doit être constamment en quête de solutions pour la paix durable. Et cette quête passe d’abord par l’identification de l’écueil et sa dénonciation afin de mieux le résoudre.
L’indépendance éditoriale pour résoudre le problème de la liberté de presse
Martin Faye a identifié une piste pour garantir la liberté de la presse, en dépit du contexte sécuritaire et institutionnel difficile.
Il est catégorique : il n’y a de liberté de presse que quand on parle d’indépendance éditoriale. « Tant que vous n’êtes pas indépendant, il vous est difficile d’être professionnel; il vous est difficile de vous mouvoir dans le respect des règles d’éthique et de déontologie. Un journaliste professionnel est d’abord un journaliste indépendant ».
Ce journaliste sénégalais, du haut de sa grande expérience journalistique, suggère aux médias de travailler à asseoir une indépendance éditoriale, condition sine qua non de leur liberté de presse.
