L’“affaire Me Guy Hervé Kam” continue de susciter de vives réactions. Hier, les avocats de ce dernier ont animé une conférence de presse à ce sujet. Dénonçant une violation des droits de leur client. Ce 1er juin, c’est au tour du Tribunal militaire de donner sa version des faits. Selon elle, l’avocat Guy Hervé Kam a été cité dans une affaire de déstabilisation du régime de Transition. “Le juge d’instruction du Cabinet numéro 2 a décerné, le 28 mai 2024, un mandat d’amener contre Me Kam. Il a ainsi été entendu et mis en examen puis placé en détention provisoire par le juge le même jour pour des faits de complot contre la Sûreté de l’État et association de malfaiteurs”, informe la justice militaire.
Selon cette juridiction, il y a eu, depuis août 2023, plusieurs velléités de complots contre les autorités de la Transition.
Ainsi, quatre dossiers portant sur des faits d’atteinte à la Sûreté de l’État ont été présentés à la presse ce samedi. S’agissant du plus récent, la suite d’une enquête préliminaire ouverte permettra, selon le parquet militaire, de déterminer les fins de droits qui seront réservés à cette affaire.
Les trois autres dossiers sont, selon la même source, ouverts dans trois cabinets d’instruction. Parmi ces derniers, celui intitulé “dossier Sami Da et autres”. Et c’est là que l’identité de Me Kam est mentionnée.
“Dès lors qu’une ou plusieurs personnes civiles en intelligence avec un ou plusieurs militaires décident de commettre de concert ce type d’infractions, qui sont répréhensibles, ils tombent dans notre champ de compétences”, explique le parquet militaire.
L’“affaire Sami Da et autres” remonte au mois d’août dernier.
“Courant août 2023, les services de renseignement du Burkina ont documenté et porté à notre connaissance des informations selon lesquelles des militaires et anciens militaires des Forces armées nationales (FDS) procédaient à l’identification et à la reconnaissance de points sensibles et de domiciles des autorités de la Transition dont celui du Chef de l’État, en vue de perpétrer des assassinats et de déstabiliser la transition en cours”, indique le parquet militaire.
Le parquet militaire avait alors instruit la Section de recherche de la Gendarmerie nationale de “diligenter une enquête en vue de faire la lumière sur lesdits faits”.
Ainsi, le 1er septembre 2023, les présumés auteurs de ces faits, notamment l’Adjudant Wendinmalegdé Kaboré, le Sergent-chef Brice Ismaël Ramdé et l’ex-Caporal Sami Dah, tous relevant de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ont été interpellés par des officiers de police judiciaire militaire.
“Les premiers actes de l’enquête préliminaire relèvent, de façon constante, que l’ex-caporal Sami Da a enrôlé l’Adjudant Wendinmalegdé Kaboré et le Sergent-chef Brice Ismaël Ramdé moyennant des sommes d’argent pour la réalisation de ce forfait”, déclare la parquet militaire.
Et d’ajouter ceci : Sami Da cite comme instigateur l’ex-Directeur des Affaires financières (DAF) de l’Agence nationale de renseignement (ANR) , le Commandant Mahamadi Belem. Ce dernier lui aurait confié la mission de repérage des domiciles des autorités de la transition.
L’ex-DAF de l’ANR lui aurait, dans ce cadre, remis une forte somme d’argent. Convoqué par le juge d’instruction pour donner sa version des faits, le Commandant Mahmadi Belem ne se serait pas présenté. Préférant “prendre la fuite et se retirer en République de Côte d’Ivoire en compagnie de l’ex-directeur général adjoint de l’ANR, le Commandant Sékou Ouédraogo”.
Ces deux officiers font de ce fait l’objet d’un mandat d’arrêt qui a été émis par le juge d’instruction et qui attend toujours à ce jour à d’être exécuté.
Dans cette affaire, explique le parquet militaire, les domiciles du Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambèla, des ministres Bassolma Bazié, Kassoum Coulibaly, Jean Emmanuel Ouédraogo. Mais également celui de l’ancienne Cheffe de la diplomatie burkinabè Olivia Rouamba et du président de l’Assemblée législative de Transition Ousmane Bougouma.
Ainsi que celui du Général de division Honoré Nabéré Traoré “ont fait l’objet de reconnaissance et de géolocalisation archivées par l’ex-caporal Sami Da”.
Ainsi, ces personnes citées ont été mises en examen et placées sous mandat de dépôt par le juge d’instruction à la date du 5 septembre 2023. Cela pour des faits de complot contre la Sûreté de l’État, complot militaire, association de malfaiteurs, violation de consignes et mise en danger de la vie d’autrui.
Au cours de l’instruction, poursuit le parquet militaire, les informations faisant état de la participation d’auteurs civils au projet de déstabilisation de la transition ont conduit le juge d’instruction à mettre en examen, suivant un réquisitoire supplétif du Parquet, des civils. C’est là qu’apparaît pour la première fois, le nom de Me Guy Hervé Kam dans le dossier. Il y est cité avec trois autres personnes civiles. Notamment Mathias Ouédraogo, Jérémie Ouédraogo et Hamado Ouédraogo.
Du fait de son statut d’avocat, Me Guy Hervé Kam bénéficie, selon la même source, d’une “procédure particulière au regard des dispositions régissant la profession d’avocat au Burkina Faso”.
Une requête a ainsi été adressée au président de la Chambre de l’instruction par le procureur du Faso. Cela en vue d’obtenir l’autorisation d’entendre et, éventuellement, poursuivre cet avocat dans le cadre de cette affaire.
« L’autorisation donnée par le président de la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Ouagadougou a expressément posé comme condition préalable la libération de Guy Hervé Kam par les organes de la Sûreté de l’État et ce, en exécution d’une décision de la juridiction administrative”, indique la justice militaire.
À la suite de l’audition des mis en examen de Mathias Ouédraogo, Jérémie Ouédraogo et Hamado Ouédraogo et de “certains témoins”, le juge d’instruction du Cabinet numéro 2 à la date du 28 mai 2024, a décerné un mandat d’amener contre Me Guy Hervé Kam”.
Il a été ainsi entendu et mis en examen puis placé en détention provisoire par le juge le même jour pour des faits de complot contre la Sûreté de l’État et l’association de malfaiteurs.
Le dossier est en instruction.
Affaire à suivre…