La médecine d’urgence, le soutien aux populations en détresse dans des zones exposées du Burkina Faso va prendre un coup. Suite à l’assassinat de deux de ses employés sur l’axe Dédougou-Tougan dans la matinée du mercredi 8 février, Médecins sans frontière (MSF) a décidé de suspendre ses activités dans la Boucle du Mouhoun, une région administrative de plus de 2 millions d’habitants.
« En attendant d’avoir à développer une meilleure compréhension de cet évènement, MSF a suspendu les activités qu’elle menait dans la région de la Boucle du Mouhoun », indique le communiqué de l’ONG Médecins sans frontière (MSF), annonçant la suspension de ses activités dans cette partie du pays.
Dans le même communiqué, Dr Isabelle Defouny, présidente de MSF, dit être indignée par les évènements : « Nous sommes bouleversés et indignés par cet assassinat. Il s’agit d’une attaque délibérée et intentionnelle sur une équipe humanitaire clairement identifiée, dans le cadre de sa mission médicale ».
L’assistance aux survivants de l’attaque et le soutien aux familles des deux anciens travailleurs seraient les priorités du moment chez MSF. Après ceci, l’organisation envisage des actions pour savoir ce qui s’est réellement passé : « le Burkina Faso est confronté à une crise politique, sécuritaire et humanitaire sans précédent, entrainant le déplacement de près de deux millions de personnes suite aux violences et combats opposant groupes armés et forces gouvernementales ».
En suspension dans la Boucle du Mouhoun, MSF aurait totalement fermé à Barasalogho selon une ancienne collaboratrice. Connaissant bien l’organisation qui ne lésinerait pas sur la sécurité de son personnel, elle prédit le départ total de MSF dans les jours à venir. Dédougou retient donc son souffle.
Inquiétudes et troubles dans le milieu des ONG
La mort des deux agents de MSF a engendré un malaise dans le milieu des ONG à Dédougou. Des agents d’autres organisations intervenant dans l’humanitaire ont été marqués par les tueries. Avant ce drame, les équipes intervenant dans les soins se sentaient relativement protégées dans la zone. Pour eux, c’est une première qu’une équipe médicale clairement identifiée soit prise pour cible. La question sur laquelle les gens refusent d’avancer est celle des auteurs.
« Jusqu’à présent, il y a eu surtout des fouilles, des arrestations, des enlèvements temporaires. Dans la zone, les groupes armés s’abstenaient beaucoup. On ne sait pas ce qui se passe actuellement, mais de là à tuer des humanitaires, il y a quelque chose qui ne va pas », note un chef de sécurité exerçant dans la Boucle du Mouhoun. Pour lui, la vérité sur l’assassinat des travailleurs de MSF va beaucoup déranger.
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