Le procès opposant l’écrivain Adama Siguiré au bimensuel d’investigation L’Événement a repris ce 20 août, au tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1. Dans cette affaire, Siguiré, qui se présente comme un “soutien du régime de Transition”, est accusé, entre autres, de diffamation et d’injures publiques. Il a déclaré par exemple que l’Événement cherchait à faire échouer la Transition par la propagande et le mensonge. Il était devant le tribunal aujourd’hui pour donner les preuves de ses allégations. Mais le tribunal a décidé de renvoyer le dossier au 27 août prochain pour des raisons de “vacances judiciaires”.
“Pendant les vacances judiciaires, il n’y a pas de jour spécial pour juger les dossiers de citation directe. Les dossiers de citation directe et les dossiers de flagrant délit sont jugés les mêmes jours. Alors que pendant les vacances judiciaires, le nombre de prévenus détenus à la Maison d’arrêt est élevé”, explique Me Adama Kondombo, avocat de la défense. Selon lui, une vingtaine de “prévenus détenus” étaient présents dans la salle d’audience ce mardi. Ainsi, poursuit-il, les juges priorisent les dossiers dans lesquels les prévenus sont détenus.
Selon lui, même si le dossier était retenu, il ne pouvait pas être jugé aujourd’hui. “Les juges ont des délais à respecter. Quand un prévenu comparaît pour la première fois, ils ont deux mois pour juger ce prévenu (…) Les juges sont contraints de commencer par les dossiers dans lesquels les prévenus sont en détention”, a-t-il ajouté.
Il estime également que la date du 27 août n’est pas appropriée. “Même le 27 août 2024 ce n’est pas évident. Ce sera le même scénario. Sauf si le tribunal décide de prioriser le dossier Siguiré”.
Cet avocat avait suggéré, lors de la précédente audience, le renvoi du dossier au 27 septembre car, dit-il, à cette date, le calendrier de l’année judiciaire sera disponible. Avec la possibilité de savoir les jours prévus pour juger les dossiers des prévenus non détenus. Une proposition qui n’avait pas eu l’assentiment de la partie civile qui espérait voir le dossier jugé “rapidement”. “C’est normal. Ils sont victimes. Mais à l’impossible, nul n’est tenu”, reconnaît Me Kondombo. Qui affirme que la défense est sereine dans cette affaire.
En effet, son client, Siguiré, avait été condamné le 6 mai dernier, à 12 mois de prison et au paiement d’une amende de 500 000 FCFA, le tout assorti de sursis. Cette condamnation en première instance fait suite à une plainte de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B).
“On n’est pas dans le fond. Le 27 août, si le dossier est retenu, si vous venez à l’audience, vous saurez comment on va le défendre. Et vous saurez aussi que les questions de droit sont beaucoup plus techniques. Quand vous parlez de condamnation, nous, nous ne voyons pas de condamnation définitive dans le dossier. La première décision ayant fait l’objet d’appel. Notre client est considéré comme quelqu’un qui n’a jamais été condamné pour le moment. C’est du droit pur”, affirme-t-il.
Place maintenant à la partie civile. Les responsables du journal étaient absents lors de cette audience. Le directeur de publication, Atiana Serge Oulon, a été interpellé le 24 juin dernier, à son domicile, à Ouagadougou. Les raisons sont pour le moment inconnues. Leurs avocats étaient cependant présents.
Selon Me Pierre Désiré Bado, l’un des Conseils du journal, c’est au tribunal d’apprécier en fonction des dossiers qu’ils ont déjà retenus. Il indique cependant que la défense reste sereine afin que le droit soit dit dans cette affaire. Ajoutant qu’il ne souhaitait pas se prononcer sur les “questions politiques”.
“Moi, je ne rentre pas dans ces appréciations. Je suis là pour faire du droit. Moi, je ne sais pas, je ne connais pas. Donc je ne rentre pas dans ces débats. Siguré, je ne le connais pas, je ne sais pas qui il est. C’est un prévenu qui est là, je suis venu pour défendre l’intérêt de mon client. Point”, déclare-t-il. Répondant ainsi à notre question sur les implications politiques de ce dossier et la proximité affichée entre l’écrivain Siguiré et le pouvoir de transition.
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