I.K, accusé d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et de tentative de recrutement à des fins terroristes, a comparu le 23 juin, au tribunal de grande instance Ouaga 2. Compte tenu de son état de santé mentale défaillant au moment des faits, le prévenu a été relaxé par le tribunal. Il a aussi ordonné son internement dans un centre psychiatrique, à ses frais.
Selon l’ordonnance du juge d’instruction, I.K est accusé d’avoir commis des actes d’apologie du terrorisme, d’association de malfaiteurs et de tentative de recrutement au profit d’un groupe terroriste. En 2017, il aurait contacté O.O, une de ses connaissances dans le but de le recruter au nom d’un groupe terroriste basé à Kidal, au Mali. O.O a dénoncé cette tentative à la gendarmerie, et les gendarmes ont pu remonter à I.K. Lors de la perquisition de son domicile, des documents en arabe et en français ainsi que des menaces à l’endroit d’un pasteur très influent au Burkina ont été découverts. I.K estimait en effet que l’évangile prêché par le pasteur n’était pas conforme à l’Islam. Il avait également prévu d’attaquer un restaurant très fréquenté à Ouagadougou.
Selon l’ordonnance de renvoi qui cite des sources proches du prévenu dont son père, il était déjà atteint de démence au moment des faits. Il avait, bien avant, des comportements inquiétants. Il avait par exemple pour habitude d’écrire sur ses vêtements des mots « en arabe » alors qu’il n’a jamais suivi de cours dans une école coranique ; il s’était auto-formé. Et par moment, il avait un comportement déviant. En raison de l’état mental d’I.K, le juge d’instruction a fait appel à une expertise psychiatrique pour déterminer s’il pouvait être jugé pour les faits qui lui sont reprochés.
L’expert a confirmé que son état mental s’était détérioré depuis son incarcération et qu’il était désormais incapable de répondre aux questions. Le ministère public soutient que l’avis de l’expert doit prévaloir, car I.K a agi sous l’effet de la démence.
“Devant vous ce matin, l’état du prévenu s’est empiré, incapable de répondre aux questions. Est ce qu’il peut être jugé pour les faits qu’il a commis ? Le parquet estime que non, vu que ce dernier était déjà atteint de démence lors des faits”, affirme le ministère public. “Il n’y a ni crime, ni délit ; il n’y a donc pas d’association de malfaiteurs, ni de recrutement, ni d’apologie terroriste. Certes, il est dément mais il est aussi dangereux pour la société. C’est pourquoi, conformément à l’ancien code pénal, je requiers qu’il soit interné dans un centre psychiatrique adapté afin de voir s’il peut être récupéré et réinséré dans la société”, affirme-t-il.
L’état mental du prévenu a pu être constaté lors de l’audience quand, après les réquisitions du parquet, I.K s’est opposé à quitter le siège sur lequel il était assis pour laisser la place à un autre. A le voir, l’on comprend qu’il est à peine conscient de tout ce qui se passe autour de lui.
L’avocat d’I.K affirme que son état de démence est évident, tant par les témoignages que par le rapport d’expertise. Il souligne que même son père a compati après son arrestation, car sa conscience le tourmentait de plus en plus. L’avocat demande que son client soit relaxé. “Constatez monsieur le président son état de démence. Son père a contribué à son arrestation. Sa conscience le grondait à mesure que le temps passait. Je plaide donc pour qu’il soit relaxé afin qu’il puisse finir ses jours chez lui, auprès de son père”, soutient-il.
Le tribunal a également constaté l’état de démence d’I.K. Il a ordonné qu’il soit interné et soigné dans un centre de psychiatrie.