Dans une déclaration datée du 26 décembre, le Conseil communal de la jeunesse (CCJ) de Gbomblora donne de la voix concernant l’installation d’une société minière, LSM Golf Corporation. Le site d’exploitation, implanté à Ouadaradouo, un village de la commune de Gbomblora, se trouve aux abords de la rivière “Poni”. Selon les jeunes, cette activité minière a des conséquences néfastes sur les eaux de boisson dans la localité. Ils appellent donc à un “arrêt immédiat” des travaux.
“Sur les lieux de l’exploitation, le constat est alarmant. Toute la forêt le long (de la rivière) Poni a été détruite. L’exploitation se fait à l’intérieur de la rivière avec l’utilisation de produits chimiques”, déplorent ces jeunes.
Des riverains ont passé, selon eux, six jours sans eau du fait de l’exploitation de la société qui pollue la rivière. Or, c’est là que les populations s’approvisionnent, disent-ils, en eau de boisson.
“Certains, n’ayant pas le choix, boivent cette eau en y ajoutant de la cendre comme désinfectant. Les éleveurs ne savent plus où abreuver leur troupeau; les femmes ne savent pas non plus où faire l’exploitation artisanale afin de subvenir aux besoins de leurs familles”, ont-ils indiqué.
Cette activité met en danger la survie des populations et constitue “une forme de terrorisme”, ont-ils déclaré.
Décision
Le Conseil communal de la jeunesse de Gbomblora souhaite l’implication des plus hautes autorités administratives du pays afin de “protéger la vie humaine et éviter le pire”.
Ils exigent aussi une “forte implication” de la jeunesse et des populations locales dans la gestion des affaires de la commune.
Autre point de revendication : la résolution des différends avec la population riveraine de Ouadaradouo et des villages qui partagent le cours d’eau.
Les textes en vigueur en matière d’exploitation minière et environnementale sont, selon eux, bafoués. Ils exigent donc le respect de ces textes. Ils préconisent également un plan de gestion des risques ainsi que des mesures d’atténuation .
Péripéties
Les faits remontent à juillet 2023. Les riverains, selon cette organisation de jeunesse, avaient alors été “surpris de l’installation d’une mine d’extraction d’or dénommée LSM Gold Corporation”.
Sans tarder, la population a manifesté “son mécontentement”. Le président du Comité villageois de développement (CVD) porte alors l’information au Chef de canton d’Iridiaka ainsi qu’ au préfet, par ailleurs président de la délégation spéciale (PDS) de la commune de Gbomblora.
Suite à cette démarche, le Chef de canton d’Iridiaka se rend sur les lieux et estime qu’il est “inadmissible” de mener des activités d’une telle envergure au bord de ce point d’eau.
« L’eau, c’est la vie. Le fleuve est sacré; cette source d’eau est un grand patrimoine », aurait-il dit, avant d’ordonner le départ de la société LSM Gold Corporation.
Le président du CVD somme, par la suite, le responsable de la société de quitter les lieux.
Ce dernier avait, disent-ils, accepté effectivement de s’en aller. Mais la donne va changer à la suite de concertations entre le chef de canton et les responsables de la mine.
Un accord aurait été trouvé avec les autorités de la commune de Midebdo, une commune voisine. La mine sera finalement installée dans cette localité, précisément dans le village de Torkouora qui partage, selon ces jeunes, le même cours d’eau que le village de Ouadaradouo.
Ainsi, la société a repris son exploitation près du même cours d’eau, sous le contrôle des forces de l’ordre. Ces dernières se sont retirées un mois plus tard.
Les jeunes disent avoir encore contacté les autorités afin de s’enquérir des nouvelles décisions.
Le Secrétaire général de la mairie leur fait savoir qu’il s’agit d’une “société qui n’a pas de documents officiels”.
Le PDS prend alors une note pour suspendre les activités de la mine.
Quelques jours après, une délégation du village signale au préfet que malgré la note, les activités se mènent sur le site.
Le CCJ rencontre le PDS le 12 décembre 2023. Ce dernier déclare que le Haut-commissariat et le Gouvernorat ont été saisis concernant cette affaire.
Estimant que la réponse de l’autorité n’est pas satisfaisante, le CCJ décide de convoquer une autre rencontre d’échanges le 18 décembre à la mairie avec les riverains. Le PDS, invité à cette rencontre, n’y participe pas. Ce dernier, selon le CCJ, a d’ailleurs instruit d’autres services de ne pas participer à la rencontre.
Des jeunes se rendent par la suite sur les deux sites d’exploitation et demandent l’arrêt des travaux en attendant, disent-ils, une solution idoine.