Dans un communiqué daté du 20 février 2023, la société de brasserie « BRAKINA » annonce la hausse du prix de ses produits en application de l’arrêté N°2023-025/MEFP/SG, fixant les taux, les montants et les modalités de collecte de contributions des citoyens au fonds de soutien patriotique à travers la consommation de boissons, de cigarettes et assimilés et des produits de toilette et cosmétiques.
Au Burkina Faso, pour lutter contre le terrorisme, les autorités de la transition ont initié un fonds de soutien patriotique à l’effort de guerre. A cet effet, le ministère des Finances a pris un décret pour définir les modalités de collecte dudit fond à travers la consommation de certains biens, notamment des boissons, des cigarettes et assimilés et les produits de toilettes et cosmétiques. En application de cette mesure, la plus grande brasserie du Burkina a informé de l’augmentation du prix de ses produits.
« La direction générale de BRAKINA/SODIBO informe l’ensemble des travailleurs qu’à compter du 21 février 2023, il sera ajouté 100 francs CFA sur chaque bouteille de boisson alcoolisée et 50 francs CFA sur chaque bouteille de boisson non alcoolisée (sauf l’eau minérale Lafi). Par leur citoyenneté fiscale, BRAKINA et SODIBO sont engagées pour la préservation de l’Etat burkinabè », peut-on lire dans le communiqué diffusé par la brasserie.
Des avis divergents…
Si pour certains, c’est un geste à féliciter, d’autres par contre sont sceptiques quant à la gestion de ces fonds. Abdoulaye Soré, commerçant, fait partie de ceux-là qui restent optimistes. Pour lui, tant que ce prix n’est pas exorbitant, il payera toujours sa bière pour contribuer à l’effort de guerre.
« Compte tenu des sanctions de la CEDEAO qui pèsent sur le pays, il faut trouver l’argent ailleurs pour pouvoir acquérir des armes et lutter contre le terrorisme. Dans le sens également que bon nombre de nos partenaires financiers nous ont lâché, il fallait que le gouvernement trouve une autre solution pour armer les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Vu que je n’ai pas assez d’argent pour leur donner, le fait de boire une bière, j’y contribue et je sais que je ne suis pas seul… », explique-t-il, sirotant sa bière.
Mahamadi Nébié, agent de santé, n’est pas de cet avis. En ce qui le concerne, il aimerait que la gestion de ces fonds pour lesquels le peuple dépense tant soit entièrement transparente. « Si le gouvernement veut que la population coopère dans cette histoire de fonds de soutien patriotique, il faut que nous sachions où vont nos 100 francs. C’est très facile de dire qu’on veut soutenir l’effort de guerre. Ce n’est pas la première fois qu’un président gère mal les finances dans ce pays. Donc moi, je reste sur mes gardes », confie-t-il.
Si l’on tient compte du fait que la bière est très appréciée par les Burkinabè, il est fort probable que cette augmentation du prix des boissons rapporte « gros » dans les caisses du fonds de soutien patriotique. En effet, le pays est le deuxième plus gros consommateur de bière dans l’espace UEMOA, derrière la Côte d’Ivoire, selon le rapport 2021/2022 du marché mondial de la boisson du cabinet BarthHaas.
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