La situation sécuritaire au Burkina Faso a un impact considérable sur le secteur de l’Éducation. À la date du 31 mai 2023, le Secrétariat technique de l’éducation en situation d’urgence (ST-ESU) a répertorié 6 149 écoles fermées du fait de l’insécurité. Au début de la rentrée scolaire 2023-2024, le ministre de l’Education d’alors, Joseph André Ouédraogo, partant de ces chiffres, a indiqué que grâce aux efforts conjugués des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), “539 structures éducatives sont rouvertes à ce jour”. Dans cette situation, les écoles publiques de certains centres urbains sont obligées de recruter au-delà de leurs capacités d’accueil. Fada N’Gourma, la capitale de la région de l’Est, est l’une des villes où les écoles paient le lourd tribut. À l’école primaire publique “Secteur 3 C” par exemple, le problème de tables-bancs se pose. Certains élèves sont donc obligés de suivre les cours, assis à même le sol. L’école a donc des besoins en salles de classe et de tables-bancs.
L’insécurité a changé les habitudes dans la “Cité de Yendabili” et dans le monde de l’Éducation en général.
À l’école “Secteur 3 C”, un fait capte notre attention. Certains élèves de la classe de CP1 suivent les cours, assis à même le sol, dans un espace temporaire d’apprentissage (ETA). Et pour cause, l’école ne dispose pas suffisamment de salles de classes et de tables-bancs.
“Nous avons un sérieux problème de tables-bancs. Dans une classe de 90 élèves, nous ne disposons que de 12 tables-bancs. C’est difficile de travailler dans ces conditions. Certains élèves sont assis à même le sol parce qu’on n’a pas d’autre solution”, explique le directeur de cette école, Amadou Tandako.
L’école a un effectif de 461 élèves répartis dans six classes. Celle de CP1 a été scindée en deux salles. L’une compte 96 élèves et l’autre, 86.
La classe de CP2 a le plus grand nombre d’élèves : 98. Le Directeur, Amadou Tandako, plaide donc pour la construction de nouvelles salles de classes.
Le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) a lancé les travaux de construction d’un bâtiment de trois salles de classe. Un forage, un magasin, et un bureau pour le Directeur devraient également être réalisés. Ainsi qu’un système solaire photovoltaïque. La réception de ces infrastructures était prévue pour mai 2023.
Mais jusqu’à ce jour, le bâtiment de l’école n’est pas encore achevé.
“Résilier le contrat va nous prendre encore plus de temps”, indiquent les responsables du PRISE. Ils entendent “mettre la pression” sur l’entreprise chargée des travaux afin qu’elle accélère. C’est aussi le plaidoyer des premiers responsables de l’école “Secteur 3 C”.
“Nous plaidons pour une accélération des travaux parce que nous évoluons dans des conditions difficiles”, affirme M. Tandako.
Selon lui, l’école continue de recevoir les élèves déplacés internes. Il faudra alors, en plus des trois salles de classe en construction, envisager trois autres. Plus de 180 élèves ont été recrutés au cours de cette année scolaire. Un recrutement similaire sera fait pour l’année scolaire 2024-2025. Il faudra ainsi procéder, dit-il, à la scission de certaines classes. Notamment celle du CP2.
En plus des salles de classe, le Directeur de l’école “Secteur 3 C” plaide pour une dotation en équipements scolaires : des tables-bancs et du matériel didactique. Cela facilitera l’apprentissage des tout-petits.
L’école Kpapkatouonou entre reconnaissance et doléances
Cette école est située au secteur 8 de la ville de Fada N’Gourma. Elle a bénéficié des infrastructures du PRISE. Ce Programme, initié en 2020 par le gouvernement burkinabè, a permis, dans cette école, la réalisation de trois salles de classe, d’un magasin et d’un bureau pour le Directeur. Des toilettes ont également été construites.
Ces infrastructures, selon la Directrice par intérim, Sana Adiaratou Doussa, sont d’un apport considérable pour cette école. Cela a d’ailleurs permis de scinder l’école en 2 (Kpapkatouonou A et B) pour une meilleure prise en charge des élèves.
“Le PRISE est venu nous soulager. Les infrastructures nous manquaient beaucoup. Dans chaque classe, on avait au moins 150, 180 ou 190 élèves. Les séances d’apprentissage n’étaient pas faciles”, explique-t-elle.
Si ces infrastructures constituent un soulagement pour cette école, le besoin en salles de classe demeure cependant. La Directrice par intérim estime que l’école a besoin d’au moins trois salles de classe supplémentaires.
Kpapkatouonou, zone non lotie, constitue, dit-elle, un centre d’accueil des déplacés internes. Ainsi, l’école reçoit de nombreux élèves déplacés. Les effectifs sont donc en croissance permanente.
“Depuis la rentrée, nous recevons des apprenants qui viennent d’autres écoles. Fin mars, nous avons reçu de nouveaux élèves déplacés internes. Comme les parents sont arrivés dans le quartier, les enfants ne peuvent pas rester à la maison”, relate-t-elle. Par ailleurs, toutes les classes ne disposent pas de salles de cours. Certains élèves étudient sous des tentes.
Cette enseignante souhaite également la construction d’un second point d’eau. Selon elle, l’unique forage de l’école ne permet pas de satisfaire le besoin.
Plaidoyer aussi pour la clôture de l’école. Elle est traversée par des voies. La circulation des engins à deux roues dans la cour de cette école constitue, selon elle, une source d’insécurité pour les élèves. Surtout lors des activités sportives. La Direction de l’école a alors fait ériger des barrières à l’aide de pneus usés afin de freiner le passage aux usagers de la route.
“Avec la situation sécuritaire, les enfants, notamment les déplacés internes, sont déjà stressés. Beaucoup d’enseignants étaient également dans des zones rouges, les zones d’insécurité. Lorsqu’ils entendent le bruit des motos, cela leur rappelle de mauvais souvenirs. Il suffit qu’une grosse moto traverse la cour pour que tout le monde soit stressé. Les enfants, eux, n’arrivent plus à suivre convenablement les cours ”, indique la Directrice par intérim.
Elle plaide également pour une dotation en matériel didactique. Des livres et des cartes scientifiques par exemple.
L’école primaire public “Secteur 1 C” souhaite de nouvelles salles de classe
Elle compte environ 700 élèves, selon Lompo Maldioa, enseignant dans la classe de CM2. Le tiers des élèves constitue des déplacés internes. Au CM2 par exemple, sur un total de 81 élèves, 38 sont venus de zones d’insécurité.
Ici, le PRISE a réalisé un bâtiment comprenant trois salles de classe, un magasin, un bureau pour le Directeur, des toilettes et un forage. Cette école a également bénéficié d’une installation solaire photovoltaïque. Les salles construites par le PRISE sont dotées de brasseurs communément appelés ventilateurs.
Dans cette école, cinq classes sont sous paillotes. Il y a donc un besoin d’au moins cinq salles de classe, selon les responsables de l’établissement.
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