Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) conduit un projet d’établissement de cartes nationales d’identité burkinabè au profit des personnes déplacées internes et des personnes vulnérables. Plus de 6000 personnes ont bénéficié de ce projet dans la région de l’Est.
Au regard des enjeux sécuritaires liés aux problèmes d’identification des personnes déplacées internes, le HCR a lancé un projet visant à octroyer des cartes d’identité aux PDI. Ce projet est le fruit d’un partenariat entre le HCR, le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence (SP/CONASUR), la Direction générale de la modernisation de l’état t civil (DGMEC) et l’Office national d’identification (ONI).
Il vise à lutter contre l’apatridie et à renforcer la résilience des populations déplacées internes. Selon le HCR, une personne apatride est un individu qui n’est reconnu par aucun État comme étant un ressortissant, par application de sa législation. « Cela dit, une personne qui n’a aucun lien prouvant son lien juridique avec son pays est en risque d’apatridie », affirme Maurice Azonnankpo, représentant par intérim du HCR au Burkina Faso.
Plusieurs personnes déplacées internes qui ont fui leurs localités sans avoir le temps d’emporter avec eux leurs documents d’identité ou actes d’état civil sont classées dans ce registre. De ce fait, établir des cartes d’identité pour les PDI et autres personnes vulnérables, contribue à réduire le taux de personnes à risque d’apatridie au Burkina Faso.
Les communes de Diabo et de Diapangou dans la région de l’Est sont les localités bénéficiaires de ce projet. Selon une étude préliminaire sur les risques d’apatridie au Burkina, financée par le HCR, la région de l’Est est l’une des localités à fort taux de personnes ne disposant pas d’un document d’état civil ou d’identité.
Le projet est financé par Monaco et s’élève à environ 196 millions de francs CFA sur une période de trois ans, à compter de l’année 2022. Il comprend un volet de documentation qui permet de produire et de mettre à la disposition des PDI des cartes de ménages, de PDI et des cartes d’identité. Avec ce financement, plusieurs jeunes déplacés internes ont bénéficié de formation professionnelle.
Il convient cependant de noter que 6278 cartes ont été délivrées et 55% de ces cartes étaient destinées à des Personnes déplacées internes et 45% aux membres des communautés hôtes. « Vu le rôle important que joue la femme dans notre société au Burkina Faso, 52% de ces cartes ont été délivrées aux femmes, soit un nombre de 3 265 cartes d’identité », souligne Maurice Azonnankpo.
Sans documents d’Etat civil, comment établir une CNIB ?
Pour établir ces documents d’identité, une difficulté majeure a été constatée. Il s’agit de la quasi-absence de documents d’état civil qui attestent « qui sont les personnes ciblées et d’où elles viennent ». Or, sans ces documents, il est pratiquement impossible d’établir ces CNIB. Une solution palliative a été cependant trouvée. Il a fallu établir des documents d’état civil pour les populations cibles.
Et pour cela, les autorités régionales, communales, locales, l’ONI, le CONASUR et la DGMEC ont été impliqués dans cette phase opérationnelle. Avec des proches des populations cibles, présents en tant que témoins pour attester de l’identité des bénéficiaires, le HCR et ses collaborateurs ont établi ces actes d’état t civil qui ont par la suite servi à produire les CNIB.
L’urgence de ce projet réside dans le fait que sans CNI, il est difficile de jouir de ses droits fondamentaux en tant que citoyen. Il est aussi difficile d’avoir accès à des services sociaux de base tels que la santé et l’éducation. Pire, dans ce contexte sécuritaire, il est très difficile de se distinguer des groupes armés terroristes lorsque l’on ne possède pas de documents permettant aux FDS de nous identifier. Ainsi, posséder une carte d’identité permet d’éviter les tracasseries liées aux contrôles sécuritaires menés par les FDS dans les zones à fort défi sécuritaire telle la région de l’Est.