Le jugement en référé de l’affaire relative aux récentes réquisitions, ouvert ce 20 novembre au tribunal administratif de Ouagadougou, s’est achevé après quelques heures de débat. Le tribunal, statuant en matière de référé, a rejeté la demande de suspension des réquisitions introduite par les requérants. Une décision qui n’est pas du goût des avocats de la défense, qui envisagent de faire appel.
“Nous ne partageons pas le point de vue de la juridiction. Nous avons démontré que ces décisions, même si elles ont été qualifiées de décisions entrant dans le cadre de la sécurisation du territoire, étaient en vérité des décisions-sanctions”, indique Me Prosper Farama.
“Nous estimons que sur le plan légal, ce ne sont pas des décisions relatives à la question de la sécurisation”, dit-il.
Le 5 novembre dernier, une vague de protestations émanant d’organisations syndicales a submergé les réseaux sociaux. Elles ont dénoncé des “réquisitions massives de citoyens”, dont des leaders d’opinion, des journalistes et des hommes politiques. Considérant ces réquisitions comme des sanctions, en répression à leurs critiques, les réquisitionnés ont refusé de se rendre sur le théâtre des opérations de sécurisation du territoire. Il s’agit de Bassirou Badjo et Rasmane Zinaba du Balai citoyen, des journalistes Yacouba Bama et Issaka Lingani, du Dr Daouda Diallo, président du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), de l’enseignant-chercheur Gabin Korbéogo de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) et du président du parti politique “Le Faso autrement”, Ablassé Ouédraogo.
Leurs avocats ont dénoncé, dès le 8 novembre, ce qu’ils qualifient de « réquisitions illégales”.
Mais ils ont été déboutés ce matin au tribunal administratif de Ouagadougou. Ils n’entendent cependant pas en rester là. “Nous allons faire appel. Nous allons faire appel à toutes les possibilités que la loi nous donne. Le jour où, en dernier ressort, la juridiction nous dira “vous avez tort”, nous dirons “nous avons tort”, indique Me Prosper Farama.
“Il est bon que celui qui conteste quoi que ce soit, vienne devant les juridictions plutôt que de brandir des machettes sur les réseaux sociaux. Mais pendant que nous venons devant les juridictions, d’autres procèdent autrement. Les menaces se poursuivent; même les avocats qui ont pris ce dossier ont été menacés”, confie-t-il.
Les personnes réquisitionnées sont libres, dit-il, d’aller au front si elles le souhaitent.