Le Premier ministre, Apollinaire Kyélem de Tambèla, a rappelé, le 14 septembre, la nécessité d’une rationalisation des dépenses dans les sociétés d’État. Cela est possible, dit-il, en harmonisant les rémunérations, en mettant un terme aux consultations effectuées par des agents publics dans les cabinets privés et à la formation de certains agents à l’extérieur du pays. « La plupart de ces déplacements pour raison de formations sont du tourisme. Ils ne reviennent pas avec une connaissance en plus », dit-il.
« Il n’y a pas de raison que dans les sociétés d’Etat, les rémunérations puissent aller du simple au quintuple, voire dix fois plus. Il faut travailler à l’harmonisation des rémunérations dans les sociétés d’Etat, parce que ces divergences entraînent des frustrations. Il y a des gens qui sont dans les sociétés d’Etat qui travaillent beaucoup plus que dans certaines autres sociétés d’Etat, alors qu’ils gagnent beaucoup moins que ceux qui sont dans ces sociétés-là », indique le Premier ministre lors de la réunion de haut niveau sur la stratégie de gestion des sociétés d’Etat.
Selon le Chef du gouvernement, ceux qui viennent dans les sociétés d’Etat pour s’enrichir, doivent aller au privé. « On ne peut pas s’engouffrer dans la fonction publique ou dans les structures d’Etat et puis vouloir accumuler de l’argent. Quand on veut s’enrichir, on va dans le privé. C’est aussi simple que ça », martèle Me Kyelem de Tambèla, qui prend l’exemple de certains magistrats qui démissionnent pour devenir avocats afin d’avoir plus d’argent. Selon lui, l’argent public doit être géré de sorte à ne pas créer de frustrations.
En plus de la question salariale, il estime que les frais de consultation des cabinets privés doivent être harmonisés. « Il y a des sociétés d’Etat qui prennent des avocats et le montant des honoraires varie beaucoup d’une société à une autre. Cela ne doit pas se faire, d’autant plus que nous avons l’Agence judiciaire de l’Etat qui peut, au besoin, prendre la défense de tout ce qui relève de l’Etat », précise Me Kyelem. Beaucoup de contrats doivent être annulés car ils ont été attribués, dit-il, par affinité.
Il a aussi dénoncé certaines pratiques, notamment celles relatives aux formations des responsables, cadres et administrateurs à l’extérieur du pays. « Ce sont des habitudes des années 60. Il n’y avait pas d’experts compétents au Burkina Faso. Donc, partout on allait à l’étranger. Maintenant, on a beaucoup de professeurs d’universités compétents dans tous les domaines. Ces formations peuvent se faire ici, sur place », estime-t-il, tout en précisant que des experts burkinabè sont sollicités à l’étranger pour partager leurs connaissances. C’est l’occasion, dit-il, de valoriser l’expertise nationale. « Les frais de financement, d’hébergement et de séjour pour tous ceux qui vont à l’étranger asphyxient le budget national », rappelle le Chef du gouvernement. Selon lui, ceux qui ne sont « pas contents peuvent toujours aller dans le privé ».
Cette réunion s’est soldée par les recommandations des participants, sur la faisabilité de l’harmonisation de la rémunération du personnel au niveau des sociétés d’Etat, la révision des honoraires des cabinets dans le cadre des prestations intellectuelles et la relecture des textes qui entravent la bonne marche des sociétés d’Etat.
C’est assez clair comme l’eau de roche